VOYAGE EN DYSTOPIE -1- : L'ère des ténèbres
Bienvenue dans l'avenir radieux qui nous attend, un monde où la liberté n'est qu'un vieux souvenir et où l'humanité, engourdie par son propre confort, est prête à céder le contrôle total de sa destinée à une poignée d’élites omnipotentes. Ne vous inquiétez pas, ce n’est pas de la science-fiction, ni un cauchemar dystopique tiré des entrailles de la paranoïa. C’est la réalité froide, implacable, qui se dessine sous nos yeux, patiemment orchestrée par le Comité des 300, cette sinistre confrérie qui se prépare à faire de l’humanité une masse servile. Après tout, pourquoi résister quand on peut se laisser glisser dans l’esclavage avec tant de facilité ? Préparez-vous à découvrir les joyeuses perspectives qui attendent cette société avachie, si docile qu’elle confie sans broncher les pleins pouvoirs à ses bourreaux.
Dans ce
brillant futur que l’humanité s’empresse de construire à coups d’indifférence
et de lâcheté, le mariage, ce vieux contrat poussiéreux, sera finalement aboli.
Qui aurait cru que cette institution millénaire, démodée, ancrée dans des
concepts aussi farfelus que l’amour, la loyauté et la famille, deviendrait un
vestige préhistorique ? Eh oui, adieu les promesses d'éternité, les alliances
dorées et les querelles domestiques ! Pourquoi s'embarrasser de tout cela quand
l'État peut s'occuper de vos relations sentimentales avec une efficacité
bureaucratique ? Imaginez un monde où l'amour sera géré par des algorithmes,
tout aussi optimisés que ceux qui vous recommandent vos séries préférées. Après
tout, pourquoi prendre le risque de tomber sur un mauvais partenaire quand on
peut laisser l'État choisir pour vous, ou mieux encore, vous épargner cette corvée
?
Et la
famille, parlons-en ! Cette structure dysfonctionnelle, pleine d’émotions
irrationnelles, sera remplacée par un système plus fiable. Fini les repas de
Noël tendus où l’on évite les discussions politiques ou les jugements sournois
de belle-maman. Dans ce futur radieux, les enfants seront retirés à leurs
parents dès leur plus jeune âge et confiés à l'État, pour une éducation digne
de ce nom. Car, soyons honnêtes, qu’est-ce que des parents peuvent bien savoir
sur l’éducation, l’amour et la transmission de valeurs ? L’État, lui, sait
exactement quoi faire : transformer chaque bambin en petit soldat docile,
parfaitement ajusté aux normes du bon citoyen
mondial.
Vous
rappelez-vous l’expérience d’Erich Honecker en Allemagne de l’Est ? Ces parents
jugés "déloyaux" à la cause de l'État, à qui l’on retirait les enfants comme on
retire un jouet dangereux des mains d’un enfant capricieux. Un véritable modèle
d'efficacité ! En quoi une mère pourrait-elle prétendre mieux élever son enfant
qu'un fonctionnaire au cœur de glace, diplômé en lavage de cerveau institutionnel
? Honte à ceux qui voudraient polluer l’esprit de leurs enfants avec des idées
aussi subversives que la liberté individuelle, la pensée critique, ou pire
encore, l'attachement familial !
Et, bien sûr,
l'État veillera à ce que tous ces petits soldats soient parfaitement formatés,
sans être encombrés par les vicissitudes de l’amour parental. Un enfant éduqué
par l'État est un enfant équilibré, car il ne sera jamais exposé aux aléas
émotionnels d'une famille aimante. Plus de caprices, plus de crises
d’adolescence ! Qui a besoin d’une famille quand on a une armée de bureaucrates
et d’éducateurs assermentés, capables de forger des esprits stériles,
débarrassés de tout vestige d'originalité ?
Et puis,
l’État saura faire preuve de créativité en matière d’éducation. Prenons exemple
sur ces merveilleuses écoles de la
discipline morale que l’on pourra installer partout, où chaque
enfant apprendra, dès son plus jeune âge, que l’obéissance est la clé du bonheur.
Fini les doutes existentiels, les questionnements idiots comme "qui suis-je ?" ou "qu’est-ce que je veux faire de ma vie ?" Tout cela sera pris en charge.
Vous serez heureux de savoir que votre progéniture ne sera plus qu’un rouage
bien huilé dans la machine collective, et qu’elle n’aura jamais à souffrir du
fardeau de choisir par elle-même et pour elle-même.
Et le mieux
dans tout cela ? Les parents seront enfin libérés de l’enfer des couches, des
nuits blanches et des crises de nerfs à la sortie de l’école. Vous pourrez vaquer
à vos occupations sans jamais vous soucier de cet être humain miniature que
vous avez mis au monde. Après tout, pourquoi s'encombrer d'une responsabilité
aussi écrasante que celle d’élever un enfant, quand l'État vous offre une
solution si simple, si propre et si efficace ? Vous êtes maintenant libre de
vous concentrer sur des choses vraiment importantes, comme consommer des biens
inutiles, suivre les dernières tendances de la mode et devenir l’ombre de
vous-même dans ce magnifique cirque de l’aliénation moderne.
Mais ne vous
inquiétez pas, tout cela se fera pour le bien commun. Le Mariage, l'Amour, la Famille… ce sont des illusions, des chaînes. L’État saura vous libérer, un
décret après l'autre, un enfant enlevé après l'autre.
Quant aux
femmes, oh, que dire ? Le mouvement de
libération continue d'accomplir des miracles à une vitesse
fulgurante, en transformant subtilement l’émancipation en un processus de
dégradation tout à fait charmant. Vous pensiez que la liberté féminine
consistait à pouvoir choisir ? Eh bien, détrompez-vous, car dans ce futur
éclairé, le choix sera un luxe superflu. Le "sexe libre" ne sera pas seulement
encouragé, mais carrément obligatoire. Un petit rappel amical : l'autonomie,
c'est bien beau, mais rien ne renforce mieux votre pouvoir personnel que
l’obligation de coucher, sous peine de sévères représailles, si vous ne vous
êtes pas exécutée avant vos 20 ans. Rien de tel qu’un peu de contrainte pour
booster la confiance en soi, n’est-ce pas ?
Imaginez
donc : vous êtes là, tout juste sortie de l'adolescence, et on vous reproche
gentiment de ne pas avoir assez pratiqué la liberté
sexuelle. Un petit comité viendra frapper à votre porte pour vous
rappeler, dans un élan de sollicitude bienveillante, que l’abstinence est un
crime contre la modernité. Après tout, que vaut votre liberté si elle ne
s'exerce pas à coups de quotas à remplir ? On ne voudrait pas que les femmes
s’égarent en croyant qu’elles peuvent décider elles-mêmes de ce qu’elles font
de leur corps. Quelle idée saugrenue !
Mais
attention, si vous osez dépasser la limite de deux enfants – oui, deux, c'est
bien, trois c’est trop – pas de panique ! L'État vous formera avec une
délicatesse inouïe à l’art raffiné de l'auto-avortement. Vous serez une pro
avant même de dire "procréation". Chaque avortement sera bien sûr
méticuleusement consigné dans votre petit dossier personnel, car rien ne vaut
une bonne base de données gouvernementale pour veiller sur vos choix de vie.
Ces ordinateurs, d'une efficacité redoutable, s'assureront que votre production
d’enfants reste dans les clous. Un excès de zèle ? Une grossesse malencontreuse
après le quota fixé ? Ne vous inquiétez pas, une clinique d’avortement vous
ouvrira ses portes avec grand plaisir pour vous offrir une stérilisation, clé en
main et prise en charge.
Parce qu'après
tout, pourquoi laisser ces femmes s’imaginer que leur utérus leur appartient ?
Non, non, l'utérus est un bien public, un simple maillon dans la grande chaîne
de production contrôlée par l'État. Vous voulez encore croire que vous avez le
contrôle sur votre corps ? Quelle naïveté touchante. L'État sait mieux que vous
ce qui est bon pour vous. Il vous libérera des tracas liés à la reproduction,
tout en vous offrant des opportunités
d'expression sexuelle absolument illimitées. Liberté, contrôle, même combat,
non ?
Ah, et comme
si ce futur idyllique n’était pas déjà assez délicieux, ajoutons un peu de
piquant : la pornographie ! Oui, vous avez bien entendu, sous toutes ses formes
et pour tous les goûts – on aime la diversité, après tout – la pornographie deviendra
un spectacle incontournable, et surtout obligatoire. Plus besoin de se cacher
derrière des rideaux ou de jouer à l’hypocrite, non ! Chaque cinéma diffusera à
plein régime ces œuvres d’art, parce que rien ne dit mieux "épanouissement collectif" qu'une bonne séance de pornographie grand écran. Pourquoi se contenter de
vieilles superproductions ennuyeuses quand vous pouvez avoir une bonne dose de
divertissement éducatif ? Qui sait, peut-être que des comités de visionnage
critiques seront formés pour juger la qualité artistique de tout cela. On vous
assure que c’est pour votre bien culturel.
Et ce n’est
que le début, mes amis ! Parce qu’évidemment, un futur aussi resplendissant
mérite une bonne dose de substances récréatives.
Eh oui, dans cette société avancée, consommer de la drogue sera une obligation,
et chaque citoyen recevra son quota personnel, bien livré par le gouvernement
mondial. Après tout, qu’y a-t-il de plus amusant que de planer gentiment
pendant que l’État gère votre existence ? Les bars à drogues deviendront les
nouveaux lieux de rencontres, gérés, bien entendu, par des fonctionnaires tout
aussi planants que vous. Imaginez les
conversations ! On discutera du meilleur dosage pour rester suffisamment
apathique tout en étant fonctionnel.
Mais, attendez,
ce n’est pas tout. On ne s’arrête pas en si bon chemin, non ! Des drogues de
contrôle mental feront leur apparition, glissées subtilement dans votre
nourriture ou dans votre eau. Le génie du plan ? Vous ne vous en rendrez même
pas compte. Vous pensez être en train de déguster un délicieux repas, mais en
réalité, chaque bouchée vous rapproche un peu plus de cet état de soumission
parfait. Une masse docile, silencieuse, transformée en troupeau bien dressé,
toujours prête à suivre les ordres avec un sourire béat aux lèvres. Qui a
besoin de volonté propre quand l’État peut tout faire à votre place ? Vous ne
vous rebellerez même pas, car, pourquoi le feriez-vous ? Après tout, pourquoi
s’inquiéter de perdre son libre arbitre quand on ne sait même plus ce que cela
signifie ?
Les masses
réduites à l’état d’animaux domestiques, nourries, contrôlées, gérées avec une
efficacité redoutable. Vous vous souvenez du bon vieux temps où l’on se
plaignait des gouvernements trop intrusifs ? Ah, quelle époque révolue ! Désormais,
on apprécie l'efficacité d’un système qui sait mieux que vous ce dont vous avez
besoin. C’est ça, le vrai progrès : une vie sans tracas, sans choix, sans
volonté. L’apothéose du confort moderne.
Sur le plan
économique, préparez-vous à applaudir la performance majestueuse de l’élite,
cette joyeuse bande de bienfaiteurs qu’on appelle affectueusement "l'élite". Ces quelques illuminés, pleins de compassion et de
sagesse, concentreront toutes les richesses entre leurs mains, pendant que les
masses, vous savez, ces "mangeurs inutiles", produiront juste assez
pour alimenter les camps de travail. Oui, oui, vous avez bien compris. L’idée
même de propriété personnelle ou de richesse ? Oubliez ça. Vous travaillerez
joyeusement comme de bons petits ouvriers disciplinés, tout en restant
totalement dépendants de l’État pour la moindre bouchée que vous mettrez dans
votre corps et chaque goutte d’eau que vous aurez le privilège d’avaler.
Chaque
décret du Comité des 300 sera une sorte de commandement divin, descendu des
cieux pour organiser vos vies dans le moindre détail. Plus besoin de réfléchir,
enfin un soulagement pour vos pauvres cerveaux épuisés par la complexité de la
vie moderne. Chaque caprice de l’élite deviendra loi, et il suffira d’un
claquement de doigts pour que votre monde change instantanément. Besoin d’un
exemple ? Vous n'êtes pas assez rentable et productif dans votre petit camp de travail ? Ne
vous inquiétez pas, les tribunaux punitifs seront là pour vous remettre sur le
droit chemin.
Ah, ces bons
vieux tribunaux de justice avec leurs juges patients et leurs avocats
procéduriers... une époque révolue. Ici, on ne s’embarrasse plus avec cette
justice molle qui cherche à comprendre pourquoi vous avez osé désobéir. Non,
non. Place à l'efficacité ! Vous serez jugé, condamné, et corrigé à la vitesse
de l’éclair, et par l'IA. Vous pensiez pouvoir contester votre sort ou négocier un
arrangement ? Quelle adorable naïveté. Désormais, on ne répare plus les
erreurs, on les écrase et on vous reformate lors d'un stage. Vous êtes un petit rouage dans une grande machine, et
si ce rouage commence à grincer, eh bien, il suffit de le remplacer, le réajuster rapidement, sans cérémonie ni délai.
Et pourquoi s’arrêter là ? Si l’État estime que vous êtes un fardeau ou, pire encore, que vous avez osé contester l'ordre établi, ne vous en faites pas, un petit passage en camp de reprogrammation, et vous serez remis à votre place. Vous vous rappelez ces procès interminables avec appel et recours ? Oubliez-les. Ici, tout est réglé en quelques instants : une erreur ? Une punition immédiate. C’est simple, rapide, efficace. Exactement ce qu’il fallait pour débarrasser le monde de ces affreux concepts de droits, de justice et de liberté. Dans ce futur radieux, on ne discute pas les décisions du Comité, on s’incline et on remercie. Après tout, qui a besoin de justice quand on a l’Ordre ?
Et l’industrie, parlons-en ! Dans ce brillant avenir de sobriété et d’abnégation
collective, l’industrie, cette vieille dame qui a autrefois permis à tant de
civilisations de prospérer, sera purement et simplement démolie. À quoi bon
produire quoi que ce soit quand l’élite a déjà tout ce qu’il faut et que vous,
le reste de l’humanité, vous n’avez besoin que de trois bricoles pour survivre
? Quant à l’énergie nucléaire, cette vilaine force de destruction et de
progrès, elle aussi sera supprimée sans ménagement. Trop dangereuse pour les
masses, bien trop précieuse pour les privilégiés. Alors, qu’est-ce qui vous
reste ? Les énergies fossiles, peut-être ? Quelle idée ! Interdites, bien sûr.
Pas question de laisser les non-élites polluer avec leurs pathétiques
tentatives de modernité.
Non, seuls
les membres éclairés du Comité des 300 et leurs amis proches, les maîtres
suprêmes de cette planète transformée en parc d'attractions dystopique, auront
accès aux ressources précieuses. Les masses, elles ? Eh bien, vous vous
habituerez rapidement aux miettes, à l’éclairage à la bougie, et aux longues
marches dans des champs arides. Une véritable immersion dans la simplicité
volontaire, forcée, certes, mais n’est-ce pas le summum du bien-être écologique
? Vous, les non-élites, redécouvrirez l’art perdu de la survie, de la
débrouille, et du renoncement quotidien.
Mais que dire alors des conséquences sociales et humaines de cette destruction systématique de l’industrie ? Dans le prochain épisode, nous plongerons au cœur de la façon dont cette dystopie se répercutera sur les relations interpersonnelles, les familles et, surtout, sur la santé mentale des masses réduites à l’état d’ombres. Accrochez-vous, les surprises à venir sont encore plus délirantes !
Phil BROQ.
Un avenir à la Matrix. Devons nous chercher l'élu ?
RépondreSupprimerJe me doutais de la réponse...
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