LA STRATEGIE DE LA RUINE...
Il faut rendre à Netanyahou ce qui lui revient car peu de dirigeants peuvent se targuer d’avoir transformé une carrière politique en une interminable mise en scène fondée sur le bluff, la peur et les ruines. Faute de vision, il vend du fracas et à défaut de stratégie, il recycle des slogans usés tout en persistant à appeler cela une "politique". Et le 9 octobre 2023, après le carnage à Gaza, Netanyahou a lancé son grand leitmotiv : "Nous allons changer la face du Moyen‑Orient " (...) "ce que le Hamas va vivre sera difficile et terrible". Comme si la misère, les cadavres et la famine pouvaient masquer l’évidence que son projet se résume à diffuser la guerre pour masquer l’échec diplomatique et espérer que le sang serve de cache-misère. Ainsi, son alarmisme permanent ressemble davantage à une stratégie commerciale visant à marteler le même discours jusqu’à désensibiliser l’auditoire sans jamais livrer le produit, à savoir, un plan crédible. Pendant ce temps, les tensions grimpent, la région se militarise… et lui, se contente de jouer la même rengaine jusqu'à l'écœurement.
Depuis plus de trois décennies, cet homme se rêve en prophète, mais il n’est guère plus qu’un télévendeur surexcité, débitant à la chaîne les promesses d’un avenir qui ne vient jamais. Son chef-d’œuvre d'imposer une colonie illégale au monde entier, n’est qu’une formule incantatoire martelée jusqu’à la nausée - bien que cela fut fait par les anglo-saxons et le Traité Balfour de 1917. Mais à force de la répéter, il espère faire oublier que se sont les bombes américaines qui finiront par tenir lieu d’arguments où seuls les cadavres des innocents servent de preuves de réussite. Mais ce qu’il change, en réalité, ce ne sont pas les équilibres régionaux, ce sont les décors de ses simulacres sanglants où Gaza, Beyrouth, Damas, Téhéran sont autant de lieux transformés en ruines pour sa dramaturgie guerrière impossible sans l’appui perpétuel des Etats-Unis. Car sans les faiseurs de massacres des Etats-Unis et les riches anglo-saxons en général, cette verrue planétaire, que sont les colonies illégales d’Israël, aurait depuis bien longtemps été remise dans le carton des projets fous où elle est née.
Car Netanyahou ne gouverne pas, il joue seulement avec la vie des autres en parasitant les finances américaines. Il mime le stratège comme d’autres jouent à l’homme providentiel, sans jamais assumer les conséquences réelles de ses incantations sécuritaires. Son usage du langage agressif relève plus du marketing le plus cynique que de la gouvernance intelligente. Il use systématiquement de slogans jetables calibrés pour les chaînes d’info, formules répétitives scandées comme des mantras auto-réalisateurs. Il vend la guerre comme une lessive miraculeuse sous forme d’inversion prophétique en déclarant qu’"Israël est un phare de la civilisation face à la barbarie", alors que c’est exactement le contraire puisque c'est bien leur barbarie qui fait face au monde ; "l’Iran est une menace existentielle" qui ne l’avait jamais agressé avant d’être bombardé en dépit de toutes les lois internationales et que depuis les années 1990, il prophétise que l’Iran est " à trois à cinq ans " de devenir nucléaire - comme une formule magique qui se renouvelle chaque décennie et reste toujours parfaitement fausse ; "le Hamas un cancer à éradiquer", mais qu’il laisse financer pour justifier les atrocités commises par ces légions d’assassins regroupés sous le nom de Tsahal.
Et entre deux frappes, toujours la même rengaine : "Nous changeons le visage du monde !" Ce qui est la seule vérité car il transforme une civilisation en barbarie arrogante et impunie, faisant reculer l’humanité d’au moins 20 siècles. Car ce visage du monde, il ne le transforme pas, il le lacère. Son "changement" est un saccage méthodique, archaïque, bestial. Le "Nouveau Moyen-Orient" qu’il brandit comme un trophée est le mirage d’un halluciné qui le construit à coups de missiles. D’ailleurs, cette rhétorique n’est même pas de lui puisqu’elle est empruntée aux néoconservateurs américains du début des années 2000, eux-mêmes grisés par leur fantasme impérial après l’invasion de l’Irak. Netanyahou ne transforme pas les dynamiques régionales, il les fige dans la guerre. Il ne bâtit pas un futur mais l’enterre sous des gravats et une communication verticale. Un illusionniste politique, déguisé en stratège, qui brandit des slogans en guise de bouclier et des bombes comme preuve de sa grandeur inventée.
Netanyahou, plagiaire de guerre, a repris le vocabulaire sans jamais saisir que l’on ne refait pas une région, ni une nation avec des bombes et des éléments de langage. Mais peu importe. Ce qui anime cet assassin en chef, ce n’est ni la paix, ni la stabilité, ni même la sécurité du peuple d’Israël, c’est la scène. Et tant que les caméras tournent, il rejoue son numéro unique partout où il passe. À chaque crise, qu’il sait parfaitement déclencher et entretenir, il ressort son portant du lexique prêt-à-terroriser en brandissant toujours les mêmes produits accrochés à des cintres comme "menace existentielle", "civilisation", "lumière", "nous ou le chaos", etc. Il fait de l’angoisse un carburant, de la guerre un spectacle, et du désastre un outil de communication.
Et pendant ce temps, le réel s’écroule. Israël s’isole, la violence se pérennise, la diplomatie est ensevelie sous les gravats avec la morale et l’humanité. Mais Netanyahou, 75 ans, dont plus de 50 ans de haine et de racisme, s’accroche à tous ses mirages comme à une planche de salut. Car, s’il cesse sa vente à la criée sur les podiums mondialistes, il finit en prison dans le meilleur des cas. Or, ça fait longtemps déjà qu’il ne gouverne plus un pays mais qu’il pilote un récit et peu importe que celui-ci s’écrive avec le sang des innocents.
En bon psychopathe enfermé dans sa folie, plus la réalité le contredit, plus il s’enferme dans sa fable. Le 7 octobre 2023 fut simplement une tragédie orchestrée puis recyclée en opportunité ; résultant de la possibilité de voir enfin Gaza rasée, le Yémen bombardé et le Liban menacé. Et maintenant qu’il est acculé à cause de la récurrence de ses atrocités, il ressort de simples jalons vers le "changement stratégique" en réitérant ses agressions contre l’Iran pour tenter de faire oublier qu’il massacre des enfants. Son cynisme et sa duplicité sont tels, qu’on se demande parfois s’il y croit encore lui-même ou s’il s’est simplement accoutumé à survivre en répétant ses propres mensonges.
Son règne n’est que celui de la peur recyclée, de la guerre sacralisée et d’un fantasme du monde vu à travers une mire. C’est un leadership de ruines, une vision surannée d’une suprématie archaïque, maquillée en vision d’avenir. Il ne change pas le Moyen-Orient, il l’enferme dans une boucle infernale, dans la fumée et la haine, basée sur la puissance militaire américaine. Tandis qu’il brandit l’illusion d’un ordre nouveau, il prolonge avec méthode l’ancien désastre séculaire, en espérant que nul ne remarque qu’il n’a jamais eu d’autre plan que de propager la mort.
Et c’est précisément là que l’illusion messianiste bascule dans l’effroi. Car au-delà du cynisme politique, c’est une mystique de la destruction qui s’installe. Ils ont troqué les prophètes contre des missiles, et la parole divine contre des plans de bombardement. La "fin du monde" n’est plus une crainte mais un programme électoral, une ligne politique en forme de sabbat militaire. L’eschatologie juive, entre les mains de Netanyahou et de ses clercs de guerre, s’est définitivement vidée de toute spiritualité pour devenir un carburant géopolitique, une stratégie de domination et une mécanique de conquête déguisée en dessein divin.
Là où Isaïe parlait de justice, on ne trouve plus qu’un messianisme carbonisé, tordu, livré aux ingénieurs de la guerre. Il ne s’agit plus d’attendre le salut, mais de précipiter l’abîme pour y entraîner le monde entier. "La Fin des Temps" n’est plus une promesse divine mais devient une feuille de route. Elle se planifie, elle s’administre et elle s’exécute à coups de drones, de tanks, de bombardements de civils et de sacrifice d’enfants et d’innocents.
Et ce ne sont pas là des interprétations farfelues puisque Netanyahou lui-même l’a affirmé, sans détour en déclarant : "Nous réalisons les prophéties". Traduisez par "la violence que l’on inflige impunément devient un sacrement, la guerre est notre rite d’accomplissement. Et le droit international n’est plus qu’un gadget à contourner où la paix est devenue une diversion, sinon un divertissement. Ce qui compte désormais, c’est l’avènement d’un royaume terrestre nous appartenant totalement, non plus dans un avenir idéal, mais ici et maintenant, sur les décombres d’un monde qu’il faut purifier par le sang..."
Et c'est ainsi que Gaza n’est plus une enclave mais un laboratoire apocalyptique. Plus de 400 000 morts, une population piégée, l’inhumanité télévisée, des infrastructures effacées, une terre volée et martyrisée sont le prix de cette rédemption aux lance-missiles. Ce n’est pas une bavure, c’est une méthode. Comme ce n’est pas une riposte mais une doctrine. Car la guerre qui est menée n’est pas contre le Hamas, mais contre toute altérité.
Or, si ces colons sont les plus haïs de la planète entière, Israël ne sombre pas seul. L’Occident l’accompagne dans sa décadence avec le zèle aveugle d’un empire déclinant qui a troqué le discernement pour le réflexe pavlovien. Dans les palais de Bruxelles, à Washington, Londres ou Paris, on justifie l’injustifiable, on confond neutralité et complicité, on assume la corruption et l’immonde pour augmenter ses profits et privilèges. On invoque même "le droit à la sécurité" quand on est l'agresseur, comme on récite une prière à Satan, pendant que les hôpitaux flambent et les écoles s’écroulent sur les enfants. La rhétorique change, mais leur logique reste identique où l’on détruit les villes pour mieux reconstruire la folie, on supprime la vie au nom d’un progrès obsolète et on efface l’humanité au nom d’un idéal bestial.
Ce que nous voyons actuellement, ce sont les deux faces de la même médaille du nihilisme. À Jérusalem, le messianisme s’est militarisé, tandis qu’à Davos, le progressisme s’est déshumanisé. À l’un, les bombes, à l’autre, les algorithmes. Mais tous deux poursuivent la même entreprise de destruction de la civilisation pour raser le passé, effacer les limites de l’éthique et de la morale, et abolir l’Homme pour mieux le remodeler en esclave.
Et à ce stade, le problème n’est plus la religion, ni la foi, mais la folie contagieuse et le goût du sang. Il est dans leur perversion comme dans leur corruption et leur avidité, protégées par l’impunité que leur accorde la puissance militaire américaine, quand elles s’acoquinent avec le pouvoir et l’hégémonie. Les faux prophètes et les vrais tyrans se déguisent désormais en sauveurs uniques, qu’ils se réclament de Dieu ou du progrès. Ils se prennent tous pour des instruments de la Providence, mais ne sont que des artisans de la ruine. Les Netanyahou, les banquiers apatrides, les vendeurs de guerre, les gourous de la Silicon Valley ou les bureaucrates de Bruxelles partagent la même perversion de croire sauver le monde en le brûlant.
Et tandis qu’ils préparent la chute du monde, ils tentent de nous vendre l’espérance. Empaquetée sous le papier de paix, estampillée casher et prête à l’emploi dès que notre soumission sera acceptée. Le sacré devient l’argument central là où l’Histoire ne devient que de la propagande et la justice un produit d’exportation hors de prix. Ce ne sont plus des dirigeants, ni des élites que nous avons, mais bien des sculpteurs de néant. Des artisans du Chaos. Car le véritable péril de l’humanité n’est pas un ennemi aux portes de la civilisation, mais bien celui qui se prétend sauveur en y vivant. Ce n’est plus de "vivre ensemble" dont il s’agit, mais d’être remodelés, reprogrammés, épurés et soumis à leur idéologie. Dorénavant Gaza est un miroir et l’Occident, une usine, où l’un nous montre ce que l’autre prépare.
Or, nous avons toujours le choix. Soit renouer avec les fondements de la justice, de la compassion et de l’humilité ; soit nous abandonner à cette étreinte entre deux nihilismes qui ne veulent pas seulement notre obéissance, mais aussi notre effacement. Ce n’est pas une guerre de civilisations, mais une guerre contre la civilisation elle-même. Ceux qui tuent au nom de Dieu et ceux qui exterminent au nom du progrès sont les deux extrémités du même sablier sanglant dans lequel nous nous sommes embourbés par renoncement.
Sinon, relisez Isaïe, non pour y puiser des stratégies, mais pour y trouver des avertissements. Relisez Dostoïevski, Orwell, Camus, etc., non comme des prophètes, mais comme des remparts. Car le dernier rempart à la barbarie, c’est le discernement. Et il devient urgent de l’opposer à ces gangsters qui avancent impunément, l’œil rivé sur l’écran ou le ciel, vers un monde qui se consume dans leur folie, avec le sourire du fanatique et convaincu de sauver ce monde en l’exterminant.
Comprenez bien que la tragédie qui se joue sous nos yeux n’est pas uniquement celle d’un peuple, ni même celle d’une région dévastée. Elle est la conséquence directe d’une manipulation ignoble, orchestrée par des intérêts puissants qui, sous couvert de protection, de sécurité ou de rédemption, ne poursuivent qu’une seule fin, celle de maintenir leur hégémonie et d’accroître leurs profits à travers les guerres. Et derrière ce théâtre de destruction, le financement des États-Unis et l’armement de l’Occident ne font qu’alimenter un cycle infernal de violence et de souffrance auquel nous participons tous, soit par déni, soit par abandon du combat.
Les armes, toujours vendues comme instruments de "défense" se transforment systématiquement en instruments de domination, tandis que l’argent, soi-disant destiné à soutenir des alliés, se fait le moteur d’une entreprise de destruction généralisée. Ce n’est pas un hasard si les mêmes acteurs et les mêmes puissances depuis toujours, financent, fournissent et entretiennent ce système de guerre pour mieux affirmer leur suprématie, tout en maintenant la région dans un état permanent de chaos. En soutenant des régimes prêts à massacrer pour préserver leur pouvoir, en envoyant des milliards de dollars en armes et en argent, l’Occident ne se contente pas de fermer les yeux sur les atrocités mais en est le complice actif.
Car au bout du compte, ce n’est pas la paix qu’ils recherchent, mais la perpétuation d’un ordre qui leur est favorable, une guerre infinie dont les peuples sont les victimes et les oligarques, les bénéficiaires. Chaque bombe qui tombe à Gaza, chaque soldat envoyé en mission, chaque sanction imposée à un État plus faible n’est qu’un investissement stratégique, une manière pour l’Occident de maintenir ses privilèges, de verrouiller son pouvoir géopolitique et d’alimenter un marché militaire florissant. Et pendant ce temps, les populations, les innocents, les enfants, les femmes, ne sont que des statistiques d’un calcul froid et brutal, des pertes collatérales sur l’autel de leur profit.
Les États-Unis, en particulier, avec leur pouvoir financier et leur capacité de pression politique, sont les véritables architectes de ce carnage qui dure depuis leur création et dont Israël n’est que le reflet morbide. Loin d’être des défenseurs de la démocratie et des droits humains, ils sont les gestionnaires d’un empire de la guerre, où chaque conflit est une occasion de tester de nouvelles armes, de redessiner les frontières du pouvoir mondial, et de récolter les dividendes d’un marché de la destruction en perpétuelle expansion. Ce système de guerre à répétition, où la vie humaine se réduit à un bien échangeable et remplaçable, est un crime contre l’humanité qu’il faut faire cesser.
Et pendant que le monde ferme les yeux sur ce système d’exploitation géopolitique, l’Occident dépravé, consumé dans son hybris débridé, continue d’aligner ses intérêts avec des régimes autocratiques ; des régimes qui, au nom de la stabilité et de la sécurité, s’adonnent à des massacres en série allant désormais jusqu’au génocide. Il est grand temps que le voile de cette manipulation soit levé, que cesse ce cycle infernal où les peuples paient le prix fort pour les privilèges des puissants !
Il ne s’agit pas seulement de dénoncer des injustices, mais de rappeler la vérité fondamentale que tant que l’armement et le financement continueront de couler vers des mains sales, et que les grandes puissances continueront de financer et de fomenter des guerres, la souffrance des peuples, de Gaza à l’Ukraine, de la Syrie à l'Irak, ne cessera de croître. Et derrière chaque conflit, l’Occident, qui se drape dans ses principes de liberté et de démocratie, ne fait que nourrir sa propre destruction en alimentant la guerre de ceux qui, de l'autre côté de l'écran, sourient en comptant leurs profits.
Phil BROQ.
merci pour vos textes. on se sent moins seul. bon courage
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