QUAND LA TECHNOLOGIE PARLE LE LANGAGE DE L’ANTECHRIST

Le monde contemporain traverse une mutation qui ne se laisse plus penser avec les catégories classiques de l’histoire, de la sociologie ou même de la philosophie politique. Ce qui se joue aujourd’hui dépasse les crises économiques, les tensions géopolitiques ou les débats culturels puisqu'il s’agit d’un basculement d’ordre spirituel, à la fois silencieux et total. La perte du sens, l’oubli du sacré, la déformation des repères anthropologiques convergent en un point de non-retour, où le réel lui-même semble déstabilisé.

Dans ce contexte, les textes prophétiques, longtemps relégués au rang d’imaginaires archaïques ou de superstitions marginales, retrouvent une étonnante pertinence. Non parce qu’ils prédiraient avec précision les événements, mais parce qu’ils offrent une lecture symbolique du présent, capable d’en percer les illusions les plus sophistiquées. La théologie eschatologique, loin d’être un refuge pour esprits anxieux, apparaît alors comme une grille de lecture alternative à un monde en cours de décomposition. Et c’est à cette lumière qu’il faut relire les grandes figures prophétiques, bibliques, mystiques ou mariales qui ont jalonné l’histoire chrétienne ; car elles ne décrivent pas seulement l’avenir mais dévoilent ce que le présent refuse de voir. De La Salette à Fatima, de Benoît XVI à Jacques Ellul, de l’Apocalypse johannique aux diagnostics technocritiques les plus contemporains, se dessine un même fil rouge d’une humanité tentée par l’auto-rédemption technologique, au prix de son âme.

Je vous propose donc un court itinéraire dans ce paysage spirituel oublié, pour tenter comprendre non seulement les signes des temps, mais aussi la manière dont la France, le christianisme et la modernité technologique s’articulent dans une tension désormais impossible à ignorer. Car ce monde actuel, pris entre l’oubli du sacré, l’hybris technologique et l’effondrement moral, ressemble de plus en plus à une civilisation arrivée au seuil de sa propre parodie. Le christianisme, loin d’être un discours d’arrière-garde, apparaît, dans sa lecture prophétique, comme le seul contre-discours sérieux à l’effondrement actuel. La Salette nous avait prévenu. La France avait été choisie. Et la technologie, au lieu de nous libérer, nous propose une forme d'éternité mais sans le salut.

Les prophéties oubliées frappent à notre porte. Mais qui entend encore, dans un monde où la surinformation étouffe le sens, où les oracles ont été remplacés par des experts en communication, et où la vérité n’a plus d’épaisseur que celle de la dernière mise à jour logicielle ? Le vacarme moderne ne laisse plus place au murmure sacré. Pourtant, les signes sont là. Palpables. Frappants. Tragiquement lisibles, pour qui ose encore lire autrement qu’avec les lunettes du matérialisme historique ou du scientisme triomphant.

Le Moyen-Orient gronde, non comme un simple épicentre géopolitique, mais comme le révélateur d’un drame plus profond ; celui d’un conflit archaïque, enraciné dans l’eschatologie des peuples. L’antagonisme entre les colonies d'Israël et l’Iran ne peut se comprendre sans relier les fils des imaginaires religieux, messianiques, millénaristes. L’attente du Mahdi chiite, figure rédemptrice du chiisme duodécimain, s’oppose à l’affirmation d’un État juif qui, pour nombre de ses penseurs allant de Rav Kook à Benzion Netanyahu, se vit comme l’expression d’un retour biblique et non simplement politique. Puisque l’Histoire n’est pas une mécanique aveugle mais est tissée de récits, d’attentes, d’ombres prophétiques. Raymond Aron écrivait que "l’Histoire enseigne aux Hommes la difficulté des grandes tâches et l’inefficacité de la violence". Mais qu’enseigne-t-elle à ceux qui refusent de croire qu’elle a un sens ? À ceux qui rient des avertissements bibliques, comme on riait de Noé construisant son Arche ?

Car c’est bien cela, le monde moderne se moque des prophètes. Il les relègue à la folie, à la superstition, comme l’avait anticipé Chesterton : "Lorsque les Hommes cessent de croire en Dieu, ce n’est pas qu’ils ne croient plus en rien, mais qu’ils croient en n’importe quoi". Et aujourd’hui, l’Homme moderne croit au progrès comme à une religion, aveugle, irréfutable, rédemptrice. Le transhumanisme, cette idéologie sans âme, promet l’immortalité technologique là où la spiritualité chrétienne parlait de résurrection. Sauf qu’ici, le salut est codé, breveté, marchandisé. L’Homme ne se dépasse plus, il s’auto-augmente artificiellement.

Mais la France, elle en revanche, n’augmente plus rien. Elle s’éteint. Fille aînée de l’Église, elle a rompu son alliance. Ses églises vides ne sont pas qu’un constat sociologique, mais un symbole politique et spirituel. L’évacuation du sacré n’est pas neutre. Le philosophe Marcel Gauchet a décrit la modernité comme une "sortie de la religion". Or, il n’y a pas de sortie sans conséquence. Là où la transcendance se tait, l’immanence devient tyrannique. La République, jadis garantie de la liberté des cultes, devient l’arène d’un laïcisme d'État qui nie le rôle matriciel du christianisme dans l’invention même de l’Homme comme sujet.

Si l’on accepte que l’Histoire soit traversée de moments où le spirituel infléchit le politique, alors la France ne peut être regardée comme une nation quelconque. Elle n’est pas seulement la "Fille aînée de l’Église" par flatterie ou rhétorique. Elle est, pour de nombreuses voix mystiques, l’élu déchu, la terre du grand combat. Alors, pourquoi les lieux d’apparition comme Paray-le-Monial, où le Sacré-Cœur s’adresse à Marguerite-Marie Alacoque, ou encore pourquoi à Dozulé, avec sa Croix de Lumière et ses appels à la conversion mondiale, sont-ils ignorés, voire ridiculisés ? Parce qu’ils renversent l’ordre narratif dominant. Ils rappellent que le monde ne tourne pas autour de Davos, mais autour du Golgotha. Et que le futur n’appartient pas aux GAFAM, mais à Celui dont "l’Agneau immolé" est le centre de l’Histoire (Apocalypse 5,6).

Déjà Jeanne d’Arc avait cette intuition : "Dieu premier servi." Elle portait une mission qui dépassait la simple reconquête d’un trône. La France était l’enjeu spirituel d’une guerre terrestre. Plus tard, Catherine Emmerich, Marie-Julie Jahenny et Marthe Robin, toutes affirment, chacune à leur époque, que le destin de la France est prophétique. Le "Grand Monarque", figure messianique des prophéties de Saint Rémi, Jean de Jérusalem, ou encore Nostradamus, doit venir non comme dictateur, mais comme restaurateur spirituel. Et selon le récit, il viendrait précisément au moment où la France semble avoir tout perdu. C’est à dire sa foi, sa souveraineté, sa culture.

Or, c’est précisément ce que nous vivons aujourd’hui avec une nation qui renonce à ses racines, non par contrainte, mais par consentement coupable. Une laïcité devenue idéologie, un catholicisme honteux, des prêtres déserteurs, des églises devenues salles polyvalentes. L’histoire française ressemble de plus en plus à une passion christique avec sa trahison intérieure, l’abandon des siens, les moqueries extérieures. Ce ne sont pas des slogans, ce sont des diagnostics prophétiques. Et leur accomplissement ne s'évalue pas en exactitude scientifique, mais en capacité à lire le réel à travers le filtre du sens. Et Marie-Julie Jahenny annonçait au XIXe siècle : "La France sera punie pour son apostasie. Elle sera envahie, ensanglantée, divisée. Mais elle renaîtra, portée par une mission divine."

C’est là que les similitudes des prophéties interviennent non comme un discours périphérique, mais comme une critique radicale du cours de l’Histoire. Comme à Notre Dame de La Salette, en 1846 où Mélanie Calvat parle d’un clergé corrompu, d’un peuple ingrat, d’une Rome infidèle. Sa vision, condamnée puis partiellement reconnue, annonce l’apostasie interne, la confusion des esprits. Mais aussi à Fatima, en 1917 où Lucie, Jacinta et Francisco reçoivent une révélation qui désigne la Russie comme le bras d’un châtiment mondial. Un siècle plus tard, le XXe siècle a confirmé, par le Goulag, le KGB, le Pacte de Varsovie et l’Ukraine, que la géopolitique peut devenir le vecteur d’un message théologique nié.

A Garabandal (1961–1965), une voix affirme que "beaucoup de cardinaux, d’évêques et de prêtres vont sur le chemin de la perdition, et entraînent avec eux de nombreuses âmes". Ces mots, que Jean-Paul II prenait très au sérieux en privé, sonnent aujourd’hui comme une description clinique du scandale des abus, de la confusion doctrinale, du cléricalisme complice. Mais qui en parle encore ? Qui ose relier ces avertissements mystiques à la crise actuelle de l'Église ? On préfère taire, enfouir, édulcorer.

Même Benoît XVI, si rationaliste pourtant, reconnaissait en 2010 à Fatima que "de penser que la mission prophétique de la Vierge est achevée serait une erreur". Mais ce pape intellectuel a parlé dans le désert. Trop subtil pour les masses, trop croyant pour les technocrates. Benoît XVI, dans son commentaire de l’Apocalypse (en particulier lors de ses catéchèses sur les Temps de la fin), insiste sur le fait que la Bête n’est pas tant une personne qu’un processus de défiguration du bien, une inversion spirituelle. Il écrit dans "Foi, vérité et tolérance" que "le mal prend souvent le masque du bien. Il propose une paix qui n’est pas celle du Christ, une liberté sans vérité, une fraternité sans transcendance." Et Jean-Paul II l’avait dit en 1995, dans "Evangelium Vitae" : "Une société qui marginalise Dieu ne peut engendrer que la culture de la mort".

Dans cette perspective, la Bête moderne serait un messianisme sans Messie, telle une idéologie du progrès, un culte de la science sans conscience, un salut par la technologie, qui sont autant de versions inversées de l’espérance chrétienne. C’est pourquoi, pour Ratzinger (le Pape Benoit XVI), le combat eschatologique n’est pas un choc de civilisations, mais une lutte pour l’âme de la modernité.

Tout est là. Non dans l’exactitude littérale, mais dans la lecture spirituelle du réel. L’Homme moderne lit avec ses yeux, mais refuse de voir avec son âme. Hannah Arendt écrivait : "Le plus effrayant dans le totalitarisme, c’est qu’il rend le mal banal". Aujourd’hui, le mal n’est même plus reconnu comme tel. Il est customisé, réenchanté par le marketing, intégré comme service. L’Antéchrist ne sera pas un monstre, mais une norme. Une norme douce, souriante, connectée.

La philosophe Simone Weil écrivait : "Il n’y a pas de souffrance inutile dans le monde". Les prophéties sont la souffrance du langage pour dire l’indicible. Alois Irlmaier voit les chars russes dans la Ruhr ; Marie-Julie Jahenny annonce une Église divisée, soumise à une fausse lumière. Notre Dame d'Akita, au Japon, parle de châtiments "pires que le Déluge". Kibeho (Rwanda) pleure les massacres que l’ONU ne saura empêcher. Nostradamus entrevoit, dans son fatras sibyllin, un ordre mondial agonisant. Que faut-il de plus ? Un autre génocide ? Une guerre nucléaire ? Un effondrement économique globalisé ?

"La grande prostituée", celle de l’Apocalypse, ivre du sang des Saints, n’est pas une métaphore poétique, c’est une structure économique et culturelle. C’est le consumérisme absolu, la marchandisation du corps, la dévotion au confort, la substitution de l’éternité par le divertissement. Blaise Pascal, déjà, l’avait vu : "Tout le malheur des Hommes vient d’une seule chose, qui est de ne pas savoir demeurer en repos dans une chambre". Il n’y a plus de chambre. Il n’y a plus de repos.

Et pourtant, tout cela n’a rien d’un désespoir. Le désespoir, c’est de continuer sans voir. Le cri prophétique n’est pas une condamnation, c’est une invitation. Une convocation. "Que celui qui a des oreilles entende ce que l’Esprit dit aux Églises" (Apocalypse 2,7). La question est simple, terrible et décisive, mais entendrons-nous avant qu’il ne soit trop tard ?

Voici le point le plus dérangeant et le plus contemporain aussi, à mon sens. Les prophètes anciens n’avaient pas de langage pour parler d’intelligence artificielle, de données biométriques ou de numérisation de la société. Mais leur imaginaire symbolique parlait de marques, de bêtes, de contrôle total. L’Apocalypse annonce que personne ne pourra "ni acheter, ni vendre sans avoir reçu la marque" (Apocalypse 13:17). Il ne s’agit pas de tatouages démoniaques, mais d’un système. La question n’est donc pas de savoir s’il y a des signes de la "bête"?  Mais plutôt de comprendre pourquoi ne voulons-nous pas les voir ?

Aujourd’hui, cette marque est encore silencieuse pour la masse inculte. Elle est l’empreinte digitale pour accéder à son smartphone, le QR code pour entrer dans un espace public, l’algorithme qui décide de ce que vous voyez ou non. La surveillance n’est plus une menace, elle est une norme. La vérité n’est plus révélée, elle est calculée. Ce n’est plus le bien qui guide l’Homme, mais le confort. Le théologien Paul Virilio écrivait : "Quand vous inventez l’avion, vous inventez aussi le crash". Et quand vous inventez l’Homme augmenté, vous inventez aussi l’Homme diminué.

Les prophéties avaient annoncé, sous forme symbolique, une domination mondiale, une perte de la foi et une société sans âme. Les technologies modernes ne sont pas diaboliques en soi ; elles deviennent des instruments d’aliénation dès lors qu’elles s’érigent en finalité. L’Homme n’est plus image de Dieu, mais code à optimiser. Ce qui rend le transhumanisme si redoutable, ce n’est pas son efficacité, c’est son messianisme inversé. Le lien entre prophétie et technologie, c’est celui de l’alternative entre mémoire et oubli. Les prophéties disent : "Souviens-toi de qui tu es", quand la technologie dit : "Tu peux devenir ce que tu veux". Mais dans ce faux choix, c’est l’âme qui se perd.

Or, l’interprétation contemporaine de la "bête" de l’Apocalypse, figure symbolique, théologique et politique par excellence, constitue sans doute l’un des points les plus denses et les plus glissants de l’exégèse chrétienne. Elle met à nu la confrontation ultime entre la foi et le pouvoir, entre le Verbe et le système, entre l’Homme libre et l’Homme mécanisé. Car si la bête est une énigme, c’est précisément parce qu’elle se métamorphose au fil des époques, absorbant en elle les formes les plus subtiles de la domination humaine, tout en gardant, au fond, la même essence d’une négation active du Christ.

Dans l’Apocalypse selon Saint Jean (chapitre 13), deux bêtes apparaissent. L’une sort de la mer, l’autre de la terre. L’une exerce un pouvoir politique écrasant, l’autre séduit par des prodiges. La première évoque un empire totalitaire ; la seconde, une fausse religion ou pire, une religion du pouvoir. Le verset le plus cité est sans doute celui-ci :"Et elle fit que tous, petits et grands, riches et pauvres, libres et esclaves, reçussent une marque sur leur main droite ou sur leur front, et que personne ne pût acheter ni vendre s’il n’avait la marque, le nom de la bête ou le nombre de son nom." (Ap 13:16–17)

Pendant des siècles, cette bête a été identifiée tour à tour à Rome païenne, à l’islam conquérant, à Napoléon, à Hitler, au communisme. Mais aujourd’hui, une lecture plus symbolique et structurelle se fait jour où la bête est un système mondial autoréférentiel, où l’Homme devient une variable fonctionnelle au sein d’une logique qui le dépasse avec une logique désincarnée, sans visage, sans pitié, sans transcendance.

Dans "Le système technicien et La technique ou l’enjeu du siècle", Jacques Ellul voit dans la montée de la technique autonome - c’est-à-dire d’une technologie qui s’autogénère, sans but moral, sans finalité humaine - une manifestation du pouvoir apocalyptique. Ce pouvoir n’est plus incarné dans un tyran, mais dans une machine fonctionnelle sans frein ni conscience. Ellul a été souvent marginalisé, justement parce qu’il a anticipé le danger d’un monde où l’Homme ne décide plus de la finalité des moyens. Il voyait dans l’informatisation, la bureaucratisation et l’automatisation, non des outils neutres, mais des instruments eschatologiques, des bêtes sans visage. Il écrivait : "Ce que la Bible appelle Bête, c’est peut-être aujourd’hui ce système neutre qui détruit l’humain au nom de son amélioration".

Le philosophe Jean-Pierre Dupuy, dans "Petite métaphysique des tsunamis", fait une remarque fondamentale : la catastrophe n’est plus un accident, elle devient une structure. Le capitalisme globalisé, dans son incapacité à se remettre en cause malgré les signaux d’effondrement, constitue une sorte de "bête tranquille" qui ne dévore pas d’un coup, mais absorbe, intègre et digère tout ce qui lui résiste.

La "marque de la bête" n’est plus un chiffre, mais un mode de vie, un consentement insidieux. Nous vivons dans un système où l’inhumain se présente comme le plus rationnel des ordres, et où la transgression morale devient moteur économique. Ainsi, La Bête, aujourd’hui, n’est plus une bête au sens littéral du terme, c’est un code. Un langage. Une logique. C’est la négation de l’Incarnation issue de l’idée que l’Homme peut s’auto-engendrer, se recréer, se coder. Elle prend la forme du totalitarisme soft de la surveillance numérique, du biopouvoir qui gère les corps comme des flux statistiques ; de l’oubli de la mort, masquée sous les promesses de longévité technologique ; de la parole manipulée, recodée par l’intelligence artificielle et la désinformation algorithmique.

Et la Bête n’a plus besoin de tuer puisqu’elle convainc. Elle ne hurle plus mais elle flatte. Et c’est en cela qu’elle est redoutable puisqu’elle séduit même les élus, comme le dit "l’Écriture" (Mt 24:24). Loin d’être un mythe médiéval, la Bête est le symbole le plus actuel qui soit. Elle nous oblige à repenser la modernité non comme une ère de progrès, mais comme un champ de bataille spirituel. Non entre croyants et non-croyants, mais entre liberté intérieure et servitude numérique, entre la vérité révélée et le mensonge optimisé.

Nous sommes à l’heure du choix. Non plus celui, naïf, entre droite et gauche, entre tradition et modernité, entre progrès et conservatisme, mais celui, radical, entre l’Homme-image de Dieu et l’Homme-image du système. Le combat eschatologique n’est plus à venir ; il est là, silencieux, diffus, rampant, déjà inscrit dans nos algorithmes, nos dépendances numériques, nos renoncements quotidiens. La bête n’est plus un monstre à identifier, elle est une ambiance, une atmosphère, une structure. Elle est l’ordre du monde devenu norme, le péché devenu contrat, l’oubli de Dieu devenu consensus.

Et pourtant, tout n’est pas scellé. Car au cœur même de la nuit prophétique, le Christ reste la clé herméneutique de l’Histoire. Les apparitions mariales, les voix mystiques, les mises en garde oubliées n’ont jamais eu pour but de terrifier, mais de réveiller. Réveiller l’Homme avant l’effondrement final. Rappeler que le salut n’est pas un progrès, mais un arrachement. Que la foi n’est pas une option, mais une bataille. Que la France n’est pas un simple pays parmi d’autres, mais peut être encore, si elle le veut, la terre du retournement.

Les signes sont là, non pour nous figer dans l’attente, mais pour nous convoquer à l’espérance active. L’Apocalypse, ce livre si mal compris, ne se clôt pas sur la bête, mais sur l’Agneau debout comme immolé. Sur une Jérusalem nouvelle, sur un monde restauré non par la technologie, mais par la sainteté. Car à la fin, ce n’est pas la puissance qui triomphe, mais la vérité nue, la charité offerte, la croix acceptée. Alors il ne s’agit plus seulement de voir les signes, mais d’y répondre. Non en cherchant un Grand Monarque à couronner ou une époque à fuir, mais en redevenant nous-mêmes des veilleurs, à la manière des Prophètes, à la manière des Saints, à la manière du Christ qui n’a pas fui le monde, mais l’a transfiguré.

Et si la Bête avance, l’Agneau aussi. Alors la vraie question du monde moderne n’est pas tant de savoir "Où" allons-nous, mais bien de comprendre "Qui" suivons-nous ?

Phil BROQ.

Blog de l'éveillé





Commentaires

  1. Bravo et merci pour ce bel article très documenté et realiste . L’évacuation du sacré n’est pas neutre dans la société ou nous vivons. Les chrétiens sont toujours là cachés parfois mais présents.Seul Le Christ reste et à la clé de notre survie. Nb

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  2. Merci pour ce travail .super

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  3. J adore car réaliste. Merci

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  4. Quel constat a la fois triste et d une lucidité incroyable. Bravo.

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  5. Bravo, continuez à synthétiser la Vérité. Amitiés.

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  6. Vous abordez un sujet complexe et sensible. La relation entre latechnologie et les croyances spirituelles et religieuses peuvent varier en fonction des perspectives culturelles et individuelles heureusement.Merci pour votre reflexion et ouverture d esprit . Merci phil.

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  7. Oui qui suivons-nous ?
    Moi je pense qu'il existe réellement ce fameux Grand Monarque.
    Il ne peut se révéler avant l'heure, cela va de soi.
    Comment devient-on cet homme ?
    Comment encaisser la charge que cela représente ?
    Et puis dans l'expectative, il commencerait par quoi ? Par qui ?
    Si j'étais lui, je resterais caché, non pas à rien faire, mais à écouter le monde.
    Ne rien dire, ne pas se dévoiler, mais être attentif aux paroles des uns et des autres.
    Discerner, se faire un avis, et puis le jour J, trancher !
    Il sait qu'il peut compter sur l'Esprit Saint vu qu'il croit en Dieu.
    Il sait qu'il pourra restituer le pur suc de vos dires, cher Phil, et pas que les vôtres.
    Il y mettra les formes, à sa manière.
    Ecraser la bête, détruire les suppôts, raser leurs oeuvres, flinguer les orgueilleux, voilà son programme.
    Du sale boulot en perspective, rien que pour lui, et il en redemandera car il est fait pour cette heure.
    Assurément père de famille, issue d'un milieu modeste, il sait pourquoi nous en sommes là.
    Il nous connait, il connait le cœur de l'homme, il nous fréquente, il est au milieu de nous et il observe, il écoute, il participe, il rit, il pleure, et il est résigné.
    Résigné parce qu'il sait que c'est l'heure.
    C'est l'heure de laisser femme et enfants.
    C'est l'heure de tout laisser derrière lui.
    C'est l'heure d'embrasser la Croix malgré les turpitudes qui le traversent.
    Il va monter au créneau, et il le fera car ce n'est ni un lâche, ni un peureux.
    Il embarquera avec lui tous les hommes, les vrais, les costaux, les intransigeants, ceux prêt à donner leur vie pour une mère, une femme, un enfant, un idéal.
    Oui tout cela parait utopique, mais après tout les prophètes, les Saints, qui sont-ils, et pourquoi eux ?
    Des hommes cher Phil, comme vous et moi, avec peut être un petit "truc" en plus qui les caractérise.
    Un truc qui les consume de l'intérieur.
    Un feu de justice ?
    Un feu de colère ?
    Un feu qui les dépasse ?
    Les 3 à la fois, c'est certain.
    Profitons des derniers rayons de soleil avant le branle-bas de combat.
    Bonne fin de journée,
    Thierry

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  8. Tenons-nous prêts devant ce qui sera vécu par tous nos opposants et leur triangle infernal comme leur plus grande catastrophe. Leur réponse? Systématisation imposée de l’automatisation de toutes leurs intelligences dealées avec des machines

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  9. Magnifique texte inspiré, sauf concernant la république qui, manifestement, est d'essence satanique... Merci Phil. Continuez a nous édifier.

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