LA CONSTRUCTION DU MYTHE JUIF - partie 4

Dans cette quatrième partie de notre analyse des fondations du mythe juif, après avoir mis en lumière les falsifications historiques, théologiques, et les mensonges sionistes qui sous-tendent la construction de l'État d'Israël, nous nous pencherons sur un aspect crucial de la manipulation contemporaine avec la sémantique trompeuse. Ce principe d'inversion accusatoire et de discours victimaire, utilisé par ceux qui se revendiquent d'un "peuple élu", sert aujourd'hui à masquer une réalité toujours plus sombre. Alors que ces mêmes groupes perpétuent une violence d'un autre âge, notamment à Gaza, et poursuivent une expansion impérialiste au Moyen-Orient, il est impératif de remettre en question ce discours qui cherche à inverser les rôles de victime et d'agresseur. Nous aborderons ici comment cette manipulation des mots et des concepts sert à masquer une barbarie qui ne fait que s'intensifier et dont désormais l'humanité tout entière est victime.

L’analyse approfondie des origines, des récits fondateurs et des dynamiques historiques du judaïsme et du christianisme permet de déconstruire avec rigueur la fiction moderne du prétendu "judéo-christianisme". Ceci est une manipulation flagrante, bien plus qu’une simple confusion historique ou théologique. Cette expression, largement exploitée dans les discours politiques contemporains, ne cherche qu’à masquer une réalité irrémédiablement malsaine où elle tente de faire coïncider deux systèmes de pensée radicalement opposés. Le judaïsme, ancré dans sa Loi, l’élection ethnique et la séparation communautaire, n’a jamais produit, ni même revendiqué, l’universalisme moral et spirituel que le christianisme a porté dès ses débuts. Le message du Christ ne prolonge pas le judaïsme ancien, il le rejette, le dépasse et le condamne. Grâce au Nouveau Testament, il libère ses disciples d’une vision étroite et séparatiste pour les appeler à une foi intérieure, à l’universalité du salut et à une fraternité totale entre les peuples. La tentative d’associer ces deux héritages, loin d’être un rapprochement, n’est qu’une manipulation grossière pour tenter de dénaturer les fondements mêmes de la pensée chrétienne.

Le terme de "civilisation judéo-chrétienne", aujourd’hui omniprésent dans les discours politiques, notamment pour justifier la violence exercée par Israël à Gaza, est une construction idéologique récente, dévoyée et inversée, forgée au XXe siècle dans un contexte géopolitique bien précis. Contrairement à l’image d’une tradition partagée remontant aux origines, l’histoire longue des relations entre juifs et chrétiens est marquée par des siècles de séparation, voire d’hostilité. Ce n’est qu’après la Seconde Guerre Mondiale, dans une volonté de réconcilier l’Occident avec les populations juives survivantes et de structurer une opposition binaire à l’Islam, perçu comme "barbare", que l’idée d’un improbable héritage judéo-chrétien a été échafaudée puis promue. 

"Notre victoire, c’est la victoire de la civilisation judéo-chrétienne contre la barbarie !" déclarait le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou sur une chaîne française, le 24 mai 2024. Avant lui, à l'automne 2023, l'ex-député franco-israélien Meyer Habib avait dit son inquiétude "pour la France et la civilisation judéo-chrétienne !" Ces propos visaient à ériger l'État d'Israël en avant-garde de l'Europe face à la menace islamiste, tout en promulguant un chantage à peine masqué. Au demeurant, l'idée même d'une "morale judéo-chrétienne" est aujourd’hui largement contestée dans le monde universitaire, et plus encore dans les milieux juifs conservateurs. Or, jusqu'au XVIIIe siècle, chrétiens et juifs ne se sont pas interrogés sur leurs racines communes. Ils considéraient judaïsme et christianisme comme des religions distinctes, un point c'est tout. Et en invoquant cette fiction historique, des figures politiques sionistes comme Benyamin Netanyahou ou Meyer Habib tentent frauduleusement d’assimiler l’État terroriste d’Israël à un bastion avancé d'un l’Occident civilisé auquel ils n'ont participé, opposé à un Orient musulman réduit à une menace terroriste. Ce discours mensonger, simpliste et dangereux, permet non seulement de légitimer leur violence extrême, jusqu’à des actes que de nombreux observateurs qualifient de crimes de guerre ou de génocide, mais aussi de mobiliser les opinions publiques occidentales en jouant sur des imaginaires identitaires profondément ancrés. Loin d’être une analyse factuelle historique rigoureuse, l’usage du concept de "judéo-christianisme" sert ici une rhétorique guerrière et déshumanisante, transformant une catastrophe humanitaire en croisade morale aux yeux d’esprits peu informés.

L’usage du terme "judéo-chrétien" dans le discours politique contemporain repose avant tout sur une instrumentalisation idéologique visant à renforcer une vision unifiée et homogène de l’Occident, tout en occultant les tensions historiques profondes et ininterrompues entre le judaïsme et le christianisme. Cette construction s'est accélérée au XXe siècle, notamment après la Seconde Guerre Mondiale, où la réconciliation entre Juifs et Chrétiens, longtemps marquée par des antagonismes et des persécutions mutuelles, a été posée comme un impératif moral, notamment pour contrer les idéologies dites totalitaires. Le concept mensonger de ce "judéo-christianisme" a alors été propulsé comme une valeur de cohésion sociale et culturelle, un fondement des sociétés occidentales modernes, censées se distinguer par un héritage commun chrétien et juif. 

Cependant, cette construction artificielle piétine la réalité historique, qu'elle préfère escamoter car les relations entre judaïsme et christianisme ont été marquées, non par une continuité harmonieuse, mais par des siècles de tensions, d’antagonismes théologiques profonds et de conflits ouverts. Dès les origines du christianisme, le rejet farouche du message du Christ par la Synagogue Rebelle s’est traduit par un antichristianisme actif, parfois virulent, qui a contribué à creuser un fossé infranchissable entre les deux confessions. La marginalisation des communautés juives dans l’Europe chrétienne n’était donc pas simplement le fruit d’un arbitraire ou d’une intolérance gratuite, mais bien souvent un réflexe de légitime défense spirituelle et civilisationnelle face à une opposition doctrinale inassimilable. Feindre aujourd’hui une proximité doctrinale relève d’un révisionnisme opportuniste, qui cherche à tordre l’Histoire pour servir des intérêts idéologiques contemporains.

Loin d’exprimer une quelconque unité historique, le terme fallacieux de "judéo-christianisme" donc agit comme un cheval de Troie idéologique. Il ne sert qu’à légitimer un modèle de société artificiellement unifié, construit sur une lecture conservatrice, aseptisée et révisionniste des traditions religieuses pourtant antagonistes. Ce concept masque avec cynisme les oppositions doctrinales profondes et les siècles de conflits qui ont séparés judaïsme et christianisme durant vingt siècles. Il est aujourd’hui recyclé pour renforcer l’idée d’un "Occident chrétien" faible, mais pourtant assiégé, et issu du judaïsme hébraïque, non pas par la simple altérité culturelle, mais par des concepts de civilisations hostiles, en particulier l’islam radical ou le multiculturalisme inspiré, entre autres, de certaines interprétations talmudiques. En amalgamant ces deux termes, l'islam devient de facto l'opposant visible au christianisme séculaire en Europe de l'Ouest.

Derrière cette construction sémantique, on retrouve encore des forces politiques sionistes habiles, qui cherchent à instrumentaliser le christianisme, vidé de sa substance originelle depuis la Révolution Française, pour en faire un "pilier moral" d’un ordre libéral moderne, façonné par l’œcuménisme républicain post Vatican II, lui-même influencé par les réseaux maçonniques. Or, le christianisme s'est toujours opposé à l'usure, socle du libéralisme et manne financière centrale du judaïsme. Cette opération idéologique exclut délibérément les fondements gréco-romains de la civilisation française, au profit d’un récit tronqué où la modernité, la démocratie et les "valeurs occidentales" seraient issues d’une prétendue fusion judéo-chrétienne. Il s’agit donc d’un déplacement progressif, souvent conflictuel, entre héritages religieux concurrents, où certains groupes ont pu voir dans la modernité une revanche spirituelle ou culturelle contre l’universalisme chrétien. 

La franc-maçonnerie, tout comme certaines branches du protestantisme, peut être perçue comme le produit de courants intellectuels et spirituels ayant cherché à s’émanciper des structures traditionnelles de l’Église Catholique, tout en intégrant de façon syncrétique des éléments issus d’une lecture symbolique, ésotérique ou rationaliste des textes religieux antérieurs. Certains de ces courants, notamment à partir de la modernité, ont été influencés par une relecture du judaïsme rabbinique postérieur au Second Temple, lequel a cherché à reconfigurer l'autorité spirituelle après la rupture radicale que constitua le message du Christ pour la tradition juive officielle.

Depuis la Révolution Française, largement influencée par des idéaux maçonniques anticléricaux, le christianisme – et en particulier l’Église Catholique – a vu son autorité spirituelle et culturelle profondément ébranlée. L'effondrement de l'Ancien Régime, qui liait le pouvoir temporel au pouvoir spirituel, a marqué le début d'une ère de sécularisation accélérée. Le catholicisme, autrefois pilier de l'identité européenne, a été relégué à la sphère privée. Ce processus a culminé avec le Concile Vatican II (1962-1965), où, au nom du dialogue avec le monde moderne, l’Église a entrepris des réformes liturgiques et doctrinales qui ont, selon ses critiques, affaibli sa transcendance et dilué son message universel. En cédant aux valeurs du monde moderne plutôt que de les orienter, l’Église a perdu son intégrité religieuse, brisant l’unité culturelle et spirituelle de l’Europe chrétienne.

Ce discours ne vise rien d’autre qu’à brouiller les repères, à maquiller les luttes historiques pour les droits et les libertés, et à présenter l’Occident non plus comme un espace de pluralité et de tensions fécondes, mais comme une citadelle assiégée, prête à mener une guerre culturelle contre toute altérité. C’est une tentative habile, mais perverse, d’imposer une fausse mémoire collective au service d’intérêts géopolitiques très éloignés de l’héritage spirituel du christianisme authentique.

Loin d'être un pont entre deux traditions, le concept de "judéo-christianisme" devient ainsi un outil de division et de réécriture historique, consolidant des rapports de pouvoir et des identités nationales qui effacent les particularités de chaque groupe au profit d'une vision monolithique. Il sert surtout à maintenir une idéologie de civilisation chrétienne fallacieusement issue du judaïsme, tout en camouflant les résistances internes et les fractures qui existent entre les communautés juives et chrétiennes. En fin de compte, cette instrumentalisation de l’histoire religieuse révèle une réécriture des luttes identitaires et des tensions entre religions, et ce, à des fins politiques, tout en éloignant la réalité historique de l’authenticité des racines juives et chrétiennes dans la diversité de leurs évolutions respectives.

Il faut rappeler avec force que c’est le christianisme, et non le judaïsme, qui a permis l’émergence de la civilisation occidentale telle que nous la connaissons aujourd’hui. Par son message universel, détaché de toute ethnicité ou appartenance tribale, le christianisme a porté une vision du monde fondée sur l’ouverture à l’autre, l’universalité de la dignité humaine, le dépassement des clivages sociaux et raciaux, et l’égalité spirituelle entre les peuples. Le message du Christ, en rupture radicale avec les prescriptions ethno-religieuses du judaïsme ancien, posait la foi comme critère unique d’appartenance, abolissant les lois rituelles, alimentaires ou sacrificielles qui divisaient l’humanité entre "élus" et "impurs". Cette universalisation du salut, conjuguée à l’héritage philosophique grec et au droit romain, a jeté les fondations des grands principes humanistes, de la morale occidentale, et plus tard, des idées de droit naturel, de conscience individuelle et de liberté.

En revanche, le judaïsme, dans sa structure rabbinique post Temple, a historiquement persisté dans une logique d’enfermement identitaire. Fondé sur un système légal exclusif (la Halakha), réservé à une communauté autoproclamée "élue", il a fonctionné comme un vecteur de séparation plutôt que d’intégration. Cette incapacité, souvent volontaire, à se fondre dans un corps politique commun vivant dans les sociétés ayant accueillies ces migrants perpétuels, s’est manifestée à travers des siècles de vie communautaire fermée, de rejets des valeurs civiques dominantes, et de maintien d’une identité propre fondée sur la distinction constante d’avec le reste du monde. Ce particularisme religieux, qui valorise la différence au détriment du lien social partagé, a souvent rendu difficile, voire impossible, l’intégration harmonieuse des communautés juives dans les structures nationales, notamment en Europe.

Là où le christianisme a contribué à forger un socle moral commun, une culture partagée, et une vision du progrès fondée sur la transcendance et la raison, le judaïsme rabbinique a, au contraire, perpétué un modèle fondé sur la séparation, le repli et la reproduction interne. Ce n’est pas un hasard si les grandes œuvres de la pensée occidentale, de Saint Augustin à Thomas d’Aquin, de Pascal à Kant, se sont nourries du christianisme, alors que le judaïsme, marginalisé par son propre particularisme, est resté en périphérie des grands mouvements intellectuels et politiques jusqu’à l’époque moderne. Ce n’est qu’au moment où certains penseurs juifs ont commencé à s’extraire du cadre religieux orthodoxe, à travers la Haskala (les Lumières juives), les conversions ou l’assimilation, qu’ils ont pu véritablement contribuer au monde occidental.

Ce constat ne nie pas les persécutions ou les exclusions dont ont été victimes les communautés juives, mais il invite à ne pas confondre causes et conséquences. Si les juifs ont souvent été perçus comme "étrangers", ce n’est pas uniquement par préjugé, mais aussi parce que leur modèle communautaire distinct et leur refus d’assimilation aux normes communes ont longtemps alimenté une forme d’auto-ségrégation. Le christianisme, dans sa grandeur originelle, portait une ambition radicale : abolir les frontières ethniques et tribales pour fonder une communauté spirituelle universelle, enracinée dans une loi morale transcendante et ouverte à tous les peuples. Cette vocation unique, d’une noblesse inouïe, a cependant été pervertie au fil des siècles, exploitée comme levier idéologique par les forces mêmes qu’elle devait contenir. 

Ce projet d’unité spirituelle, au lieu d’élever les âmes, a été cyniquement retourné par les architectes du monde moderne — matérialistes, technocrates, francs-maçons, et autres ingénieurs du consensus laïque — pour dissoudre les fondements culturels et sacrés des nations chrétiennes. Sous prétexte d’ouverture, on a vidé le message évangélique de sa force critique contre le pouvoir de l’argent, la corruption des élites et le culte de l’égo. À la faveur de cette manipulation, notamment après Vatican II, l’Église elle-même a capitulé : elle s’est alignée sur les dogmes du siècle, reniant sa mission prophétique pour devenir une ONG spiritualiste, complice d’un ordre mondial déspiritualisé. Ainsi, l’exception morale du christianisme, au lieu de régénérer l’humanité, a été instrumentalisée pour en accélérer l’effondrement.

Cependant, le christianisme a joué un rôle fondamental dans l’émergence des concepts politiques et philosophiques qui forment aujourd’hui le socle de la civilisation occidentale. En transcendant l’ordre tribal et ethnique propre aux religions de la Loi, il a ouvert la voie à une vision de l’Homme comme être universel, porteur d’une dignité intrinsèque, quelle que soit son origine. Cette idée, radicalement nouvelle dans l’Antiquité, trouve sa source dans le message évangélique : "Il n’y a plus ni Juif ni Grec, ni esclave ni homme libre, ni homme ni femme, car tous vous êtes un en Jésus-Christ" (Galates 3:28). Par cette affirmation, le christianisme posait pour la première fois l’égalité de tous devant Dieu, base théologique qui deviendra, des siècles plus tard, le fondement des Droits de l’Homme.

C’est également dans l’espace chrétien que naît la distinction entre le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel, séparation essentielle au développement ultérieur de l’idée de laïcité. Contrairement au modèle théocratique judaïque, où loi religieuse et loi civile se confondent, le christianisme, dès ses débuts, reconnaît que "le royaume du Christ n’est pas de ce monde" (Jean 18:36) et invite à "rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu" (Matthieu 22:21). Cette distinction est à la racine de l’autonomisation progressive des institutions civiles par rapport aux dogmes religieux, favorisant l’émergence de l’État moderne, du droit positif et de la souveraineté populaire. La tradition chrétienne, en introduisant l’idée de conscience individuelle et de libre arbitre, a également nourri la conception moderne de la liberté religieuse, de la tolérance, et de la responsabilité morale de l’individu devant sa propre conscience, indépendamment des prescriptions collectives.

De plus, c’est au sein des sociétés chrétiennes que naissent les premières universités, les débats scolastiques, les grandes synthèses entre foi et raison. Le christianisme a su accueillir, digérer et transmettre l’héritage philosophique grec, notamment à travers des penseurs comme Augustin, Boèce, Anselme, et surtout Thomas d’Aquin, dont la somme théologique tente une articulation cohérente entre révélation divine et rationalité humaine. Cette synthèse a permis la naissance d’un espace intellectuel où la pensée pouvait se déployer, même dans le cadre religieux, sans être immédiatement soumise à des interdits communautaires. C’est précisément cette dynamique qui rend possible, plus tard, l’éclosion des Lumières, de la science moderne et de l’idée d’un progrès fondé sur l’émancipation de la raison.

Contrairement à l’image largement répandue d’une université de Cordoue comme havre idyllique de coexistence entre musulmans, juifs et chrétiens, la réalité historique est bien plus complexe, voire radicalement opposée. Loin d’être un modèle intemporel de tolérance, Cordoue fut en réalité un champ de batailles théologiques, intellectuelles et politiques, où chaque tradition religieuse cherchait à dominer les autres. Les débats érudits y étaient souvent moins le fruit d’un dialogue sincère que d'une confrontation idéologique acharnée, dans un climat de tensions latentes. 

Cette illusion d'harmonie a pris fin de façon brutale avec la Reconquista, l’expulsion des Maures, puis celle des juifs d’Espagne en 1492, scellant l’effondrement de ce prétendu Age d’Or du "vivre-ensemble". Bien avant cela, la France médiévale elle-même avait déjà montré les limites de cette cohabitation théologique car en 1242, sous l’impulsion de l'Église et après le procès du Talmud, Paris fut le théâtre d’un vaste autodafé où des milliers de manuscrits hébraïques furent réduits en cendres. Ces épisodes rappellent que l’Europe chrétienne ne s’est jamais fondée sur une utopie pluraliste, mais sur une hiérarchie de vérité religieuse qui, lorsqu’elle fut menacée ou contestée, n’hésita pas à recourir à des moyens radicaux pour réaffirmer son autorité spirituelle.

En revanche, le judaïsme rabbinique, resté attaché à une interprétation littérale et juridique des textes, n’a pas participé de la même manière à ce développement. Sa transmission du savoir est restée confinée dans les "Yeshivot", centrée sur l’étude du Talmud, et largement imperméable aux grandes mutations intellectuelles du continent européen jusqu’à l’époque moderne. Ce n’est qu’en s’affranchissant partiellement du cadre religieux, à travers l’émancipation, l’assimilation ou l’abandon progressif de certains dogmes, que certains penseurs juifs ont pu participer aux grands mouvements de la modernité occidentale. Mais cela s’est fait, encore une fois, en rupture avec le judaïsme religieux traditionnel, non en son prolongement naturel.

Ainsi, les piliers de la civilisation moderne basée sur l'individualisme, le rationalisme, l'égalité et la conscience morale, ne sont pas le fruit d’un prétendu "judéo-christianisme", mais bien des apports spécifiques du christianisme, dans sa rencontre fertile avec la philosophie grecque et la structure politique romaine. L’idée même de nation, de citoyenneté et d’universalisme n’a aucun équivalent dans la pensée religieuse juive ancienne, qui repose sur l’élection d’un peuple particulier, régi par des lois propres et volontairement séparé des autres. Cette divergence fondamentale entre un monothéisme de la Loi (le judaïsme) et un monothéisme de la grâce (le christianisme) explique en grande partie pourquoi seul ce dernier a pu servir de matrice à la modernité occidentale.

L’histoire de la civilisation occidentale est jalonnée de moments clés où l’héritage chrétien s’est transformé en levier d’émancipation, d’institutionnalisation et de transformation politique. Loin de se limiter à un cadre purement théologique, le christianisme a servi de socle culturel et moral aux grands bouleversements de l’histoire européenne. Dès le Moyen Âge, les Conciles œcuméniques, comme le Concile de Latran IV en 1215, posent les bases de distinctions majeures entre le temporel et le spirituel, et amorcent une lente mais décisive autonomisation du politique par rapport au religieux. À travers ces débats, l’Église elle-même devient un acteur de l’ordre politique, contribuant à stabiliser les sociétés féodales par une doctrine morale commune et une structure hiérarchique unificatrice.

Gutenberg, en imprimant la Bible, a certes donné aux Hommes l’arme pour accéder aux Écritures, mais ce faisant, il a aussi ouvert la boîte de Pandore. Car à défaut de culture, de discernement et de structure, ces hommes se sont emparés du texte sacré pour en déformer le sens, l’émasculer, le tordre à leur convenance. Le résultat ne se fit pas attendre avec la création du protestantisme. Un rejeton bâtard, fruit d’une lecture brute, littérale, souvent aveugle, mue par des influences étrangères, jusqu'à porter des relents talmudiques, qui ont perverti le cœur même du message évangélique.

La Réforme protestante du XVIe siècle n’est pas une renaissance spirituelle, mais une fracture brutale, une déchirure dans la chair vive du christianisme européen. En prétendant libérer l’Homme de la médiation ecclésiale pour l’abandonner à sa conscience vacillante, elle a substitué à l’unité sacrée une cacophonie d’interprétations individuelles. En érigeant le droit personnel à lire les Écritures en dogme, elle a posé les fondations empoisonnées de la modernité, ce long glissement vers la décadence, où l’Homme, ivre de sa propre autonomie, finira par congédier Dieu lui-même. Luther, Calvin et leurs épigones, en sanctifiant le subjectif, n’ont pas ouvert un chemin de vérité, mais enclenché une mécanique infernale menant à la désacralisation du monde et à l’érosion de toute autorité transcendante.

C’est dans cette atmosphère de dissolution des repères spirituels et d’exaltation de l’individu que germe l’idée délétère du "contrat social". Cette fiction politique qui inspirera Hobbes, Locke, Rousseau, et les architectes des démocraties modernes. Tous, consciemment ou non, préparent le terrain au mondialisme avec un monde sans racines, sans transcendance, régi par des abstractions juridiques et des intérêts marchands. Le protestantisme, matrice de cette subversion, érige la lecture privée des textes en dogme, sacralise la conscience individuelle, et glorifie une éthique du travail désincarnée. Ce sera le socle du capitalisme froid et méthodique qu’analysera Max Weber. Une machine rationnelle vidée de grâce, où l’Homme, livré à lui-même, devient à la fois son propre dieu et son propre bourreau.

Cette dynamique de sape s’accélère avec les Lumières, ce mouvement prétendument rationnel, en réalité profondément ambigu, enraciné dans un humus chrétien qu’il trahit en feignant de l’honorer. Sous couvert de critiquer l’Église institutionnelle, les philosophes des Lumières ne font que prolonger l’idéologie républicaine et maçonnique, drapée dans les oripeaux séduisants d’égalité, de justice et de liberté — des mots creux, jamais incarnés, jamais vécus, mais répétés jusqu’à l’hypnose collective. Voltaire, Montesquieu, Diderot, Kant, Condorcet sont autant de figures qui, tout en se réclamant d’un héritage chrétien, en dénaturent l’essence en universalisant l’Homme jusqu’à le déraciner, en diluant la personne dans un abstrait humanisme sans Dieu. La dignité humaine, fruit d’une vision chrétienne selon laquelle l’Homme est image de Dieu, se voit amputée de sa source pour être recyclée dans un discours laïque, prétendument neutre, mais foncièrement hostile au sacré. De cette imposture naît la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, non comme triomphe de la justice, mais comme acte de rupture définitif, pierre tombale scellée sur le tombeau du christianisme.

De son coté, le judaïsme rabbinique, organisé autour de la Loi (Halakha) et d’une structure communautaire fermée, est resté en dehors de ces mutations. À aucun moment, dans l’histoire du judaïsme traditionnel, n’apparaît l’idée de droit naturel, d’universalité politique ou de conscience morale individuelle détachée de la Loi collective. Le judaïsme médiéval n’a produit ni réformes, ni Lumières internes (en dehors de la Haskala, tardive et marginalisée), ni révolution religieuse comparable à celle du protestantisme. Ce n’est qu’au prix de ruptures internes, souvent douloureuses et contestées par les autorités rabbiniques, que certains penseurs juifs, comme Spinoza, Mendelssohn ou plus tard Marx, ont pu participer à l’élan intellectuel occidental. Mais ces figures, précisément parce qu’elles sortent du cadre religieux juif ou le critiquent frontalement, montrent que ce n’est pas dans la continuité du judaïsme traditionnel que la modernité s’est construite, mais bien à travers le christianisme et ses métamorphoses.

Enfin, la Révolution Française, souvent perçue comme la césure entre l’Ancien Régime et le monde moderne, est profondément redevable à cette matrice chrétienne. Le projet républicain français, en instaurant la laïcité, l’école publique, la citoyenneté égalitaire et la séparation des pouvoirs, ne fait que séculariser des principes déjà portés, sous d’autres formes, par la théologie chrétienne médiévale et la morale évangélique. Le judaïsme, en tant que système communautaire codifié, n’a jamais produit une telle dynamique, car il repose sur une distinction radicale entre "le peuple élu" et "les nations", entre "les lois divines" et les lois humaines, ce qui rend son modèle difficilement compatible avec l’idée d’un ordre politique universel et rationnel.

Mais depuis la Révolution Française, un processus de dénaturation progressive du christianisme originel s’est opéré, sous l’influence conjointe du rationalisme des Lumières, des réformes politiques post-monarchiques, et surtout de l’idéologie maçonnique qui, à partir du XVIIIe siècle, a investi les structures de pouvoir culturel, moral et religieux en Europe. Cette influence, bien que rarement assumée publiquement, a modifié en profondeur la nature même du christianisme occidental, le vidant peu à peu de son contenu transcendant et sacramentel pour en faire une religion humaniste, moralisante et universaliste au sens profane du terme, c’est-à-dire détachée du mystère divin, de la Tradition apostolique et de la hiérarchie sacrée.

Cette Révolution ne s’est pas contentée de séparer l’Église de l’État car elle a cherché à refaçonner l’Homme lui-même, en substitution de Dieu. Le culte de la Raison, la transformation des églises en "temples de l’Être suprême", la volonté d’effacer les fêtes chrétiennes du calendrier au profit de fêtes laïques sont autant de signes d’une entreprise de remplacement religieux, dans laquelle la foi est ramenée à une simple morale civique, conforme aux principes des "Droits de l’Homme" érigés en dogmes laïcs. La franc-maçonnerie, qui joua un rôle moteur dans cette refonte du monde post-révolutionnaire, a contribué à imposer une vision spiritualiste sans transcendance, tolérante mais relativiste, compatible avec toutes les religions à condition que celles-ci renoncent à leur prétention à la vérité.

Parmi les grands "vainqueurs" silencieux de la Révolution de 1789, on trouve les juifs, qui, jusque-là tenus en marge de la cité chrétienne, accédèrent brutalement à la citoyenneté.  En un décret, les barrières tombèrent, et avec elles les dernières protections d’un ordre sacré. Ce ne fut pas seulement un changement administratif, mais une mutation civilisationnelle : l’irruption dans le corps national d’un groupe historiquement distinct, porteur d’une tradition religieuse farouchement étrangère au Christ et à l’ordre catholique. Les banquiers, souvent liés à ces mêmes cercles, purent désormais pratiquer l’usure à ciel ouvert, là où l’Église l’interdisait depuis des siècles. La Synagogue, jadis soumise, releva la tête, tandis que l’autel catholique s’effondrait sous les coups de boutoir d’une République désormais hostile au surnaturel. Derrière les grands mots de "liberté" et "égalité", c’est la victoire des forces longtemps contenues par l’Église, économiques, religieuses, idéologiques, qui s’est opérée, implacable, méthodique, et irréversible.

Il n’y a ici nul racisme, seulement des faits que l’histoire documente et que chacun peut vérifier, pour peu qu’il veuille bien regarder sans ciller. La Révolution de 1789 n’a pas seulement abattu la Monarchie et l’autel mais a aussi consacré l’émancipation de groupes jusqu’alors tenus à l’écart de la communauté politique chrétienne. Les juifs, exclus de la citoyenneté depuis des siècles en raison de leur refus du Christ et de l’ordre ecclésial, furent d’un seul coup intégrés à la nation, non comme convertis, mais comme tels, au nom de l’universalisme abstrait. C’était un bouleversement sans précédent où une minorité religieuse, historiquement en tension avec l’Église, accédait aux droits politiques pleins et entiers dans une société encore majoritairement catholique. Simultanément, les banquiers virent s’effondrer les derniers obstacles moraux à la pratique de l’usure, si longtemps condamnée par la doctrine chrétienne. Ainsi, la Révolution, sous couvert de "libération", a surtout offert le champ libre aux forces contraires que l’Église contenait. La synagogue relevée, la spéculation encouragée, et l’idée chrétienne de société reléguée aux oubliettes au profit d’un rationalisme marchand et juridique avec les conséquences que l'on connait depuis lors.

Cette logique a infiltré les structures ecclésiales elles-mêmes, culminant avec le Concile de Vatican II (1962-1965), qui marque une rupture majeure avec la tradition doctrinale, liturgique et disciplinaire bimillénaire de l’Église Catholique. Sous couvert "d’ouverture au monde", l’Église a alors renoncé à sa position d’instance sacrée en surplomb du siècle, pour adopter le langage et les priorités du monde moderne : dialogue interreligieux à outrance, relativisation de la mission évangélique, abandon du latin liturgique, affaiblissement de la figure sacerdotale, transformation de la messe en cérémonie communautaire sans verticalité spirituelle. 

Le message du Christ, limpide et tranchant, appelait à la conversion des cœurs, au salut des âmes et à une claire séparation entre le Royaume de Dieu et les affaires terrestres. Il portait la marque d’un absolu spirituel, exigeant et vertical. Ce message-là a aussi  été trahi ! Il a été vidé de sa substance, dissous dans un bavardage humaniste fade, devenu le fonds de commerce d’un christianisme mondain et décaféiné. À la place de l’appel à la repentance et à la vérité, on prêche aujourd’hui l’accueil inconditionnel, la tolérance molle, la diversité sacralisée, qui sont autant de valeurs modernes, sentimentales, souvent incompatibles avec la rigueur évangélique originelle. Le Christ, qui parlait de renoncement, de combat intérieur et de salut éternel, est réduit à un vague symbole de bienveillance sociale, utile à justifier toutes les compromissions. Ce n’est plus le Dieu qui fait l'Homme que l’on suit, mais un coach moral pour une société inclusive.

Le Christ, jadis crucifié par les Romains pour avoir osé chasser les marchands hébreux du Temple en  geste de rupture radicale contre la profanation du sacré, se retrouve aujourd’hui, deux millénaires plus tard, de nouveau sacrifié. Non plus sur la Croix, mais dans les consciences anesthésiées d’un monde livré à ces mêmes logiques marchandes. Les héritiers symboliques de ces marchands, désormais installés au cœur des systèmes financiers, médiatiques et culturels, semblent avoir accompli une revanche lente mais implacable d’un monde où le Temple est devenu marché, et où tout, même le sacré, est à vendre. Ce n’est plus le fouet qui chasse les profanateurs, c’est l’adoration du profit qui chasse le Christ. Le monde moderne, sous ses dehors laïques et progressistes, a réécrit l’Histoire. Le Golgotha se rejoue, mais sans Croix visible et seulement dans le silence complice d’une civilisation qui préfère Mammon au Messie.

Ce basculement a pour conséquence directe un effacement du christianisme traditionnel comme force structurante de la civilisation. En devenant "inclusif", "moderne", "progressiste", le christianisme post-Vatican II a cessé d’être un point de repère absolu pour devenir une composante parmi d’autres du pluralisme religieux contemporain. Il s’est aligné sur l’universalisme abstrait promu par les idéologies maçonniques, dans lesquelles toutes les religions sont équivalentes tant qu’elles se conforment à l’éthique sécularisée dominante. C’est une trahison du message du Christ, qui n’est ni un humaniste, ni un réformateur social, mais le Verbe incarné, venu séparer le vrai du faux, le juste de l’injuste, et appeler l’Homme à une conversion radicale, non à une adaptation molle au consensus moderne.

En ce sens, on peut dire que le christianisme contemporain, tel qu’il s’exprime dans nombre d’institutions ecclésiales occidentales, n’est plus qu’une coquille vidée de sa substance. Il ne transmet plus la foi, mais une culture du compromis. Il ne forme plus des âmes prêtes à témoigner au péril de leur vie, mais des citoyens dociles, adaptables, modelés par les valeurs humanitaires dominantes. Cette version dévoyée du christianisme n’a plus rien de commun avec celle des martyrs, des Pères de l’Église, des bâtisseurs de cathédrales ou des théologiens du Moyen Âge. Elle a troqué la Croix pour l’arc-en-ciel, la Vérité pour la coexistence, et la Sainteté pour l’utilité sociale.

Ainsi, loin de continuer l’œuvre du Christ, le christianisme post-révolutionnaire et post-conciliaire semble avoir renoncé à sa mission transcendantale, devenant un auxiliaire des nouvelles religions séculières, qu’il s’agisse de l’individualisme, du multiculturalisme, ou de la religion des Droits de l’Homme. Il ne s’agit plus de sauver les âmes, mais d’assurer le vivre-ensemble. Il ne s’agit plus de vérité, mais de consensus. Et dans cette dilution, il perd à la fois sa puissance spirituelle et son autorité culturelle. Il est donc impératif de rejeter toute référence à un prétendu "judéo-christianisme", concept historiquement anachronique et théologiquement fallacieux. Le christianisme ne constitue pas la continuité du judaïsme ancestral, mais bien une rupture radicale avec lui. Il s’oppose fondamentalement à la logique sacrificielle du Temple, à la centralité de la Loi mosaïque, et à l’enfermement ethnique que le judaïsme avait fini par ériger en système. En réalité, le christianisme s’inscrit beaucoup plus dans l’héritage de la philosophie grecque et de l’universalisme hellénistique que dans celui du particularisme hébraïque. Le message christique, avec sa visée morale universelle, son rejet des rituels sanglants et sa quête de salut individuel, s’oppose au ritualisme tribal et aux prescriptions légalistes du judaïsme rabbinique. 

Les premiers penseurs chrétiens, de Paul de Tarse à Justin Martyr, n’ont cessé de dénoncer la rigidité du judaïsme tout en intégrant des concepts grecs comme le Logos, l’âme ou la raison. Par conséquent, prétendre qu’il existerait une "tradition judéo-chrétienne" revient à nier la nature profondément subversive du christianisme à ses débuts. C'est à dire non pas une continuation, mais une contestation, une réinvention spirituelle née du refus du cadre hébraïque ancien. Ce terme, popularisé à des fins politiques au XXe siècle, sert surtout à masquer les conflits doctrinaux et historiques entre ces deux traditions religieuses, et ne résiste à aucune analyse sérieuse ni sur le plan théologique, ni sur le plan historique.

Or, sans le christianisme, il n’y aurait ni Renaissance, ni Réforme, ni Lumières, ni Démocratie libérale. Nous sommes donc bien aujourd’hui face à un double mensonge. D’un côté, la prétention à une continuité "judéo-chrétienne" qui nie l’opposition radicale entre Loi mosaïque et Évangile ; de l’autre, une altération interne du christianisme, qui l’a détourné de son fondement spirituel au profit d’une religion civile postmoderne, compatible avec tous les relativismes. Restaurer la clarté sur ces distinctions historiques et théologiques est essentiel non seulement pour comprendre l’Histoire, mais aussi pour repenser les fondements culturels et spirituels de notre temps. Car une civilisation qui oublie ses racines ou les travestit finit par perdre son orientation, son unité et sa légitimité.

Comme on le constate, ce glissement sémantique ne s’est pas produit dans le vide, ni par hasard. En érigeant le "judéo-christianisme" en racine commune de la civilisation européenne, on neutralise en réalité la spécificité du christianisme, son exclusivité théologique, son universalisme incarné. Ce tour de passe-passe lexical permet de justifier des choix politiques et culturels. Mais aussi l'ouverture des frontières, le multiculturalisme, le laïcisme militant. Le langage est ici l’arme d’une redéfinition civilisationnelle où ce n’est plus le Christ qui fonde l’Occident, mais un "héritage biblique" flou, désincarné, acceptable par tous, à commencer par ceux qui ont historiquement refusé sa messianité.

Par cette opération sémantique, les valeurs chrétiennes sont systématiquement arrachées à leur source divine pour être réinsérées dans un discours laïque et humaniste, présenté comme leur aboutissement logique. Le respect de la dignité humaine, l’amour du prochain, la charité, sont ainsi revendiqués comme "universels" sans plus aucun ancrage christique. On oublie volontairement que ces principes tirent leur force non de la raison abstraite, mais d’une théologie de l’Incarnation et de la Grâce. Ce détournement des concepts religieux au profit de slogans politiques permet à la modernité de se prétendre héritière du christianisme tout en piétinant ses fondements. "L’éthique judéo-chrétienne", ainsi nommée, devient un vernis moral utile pour habiller les ambitions mondialistes et les dérives technocratiques.

Dans cette reconfiguration lexicale, le christianisme est également mis en demeure de faire repentance perpétuelle, notamment à l’égard du judaïsme, accusé d’avoir été persécuté pendant des siècles. L’Église, sommée de reconnaître sa "culpabilité", se voit contrainte de renier une partie de son héritage patristique et doctrinal. Le dialogue interreligieux, pourtant fondé sur des divergences irréductibles, devient une mécanique asymétrique, où seul le christianisme s’excuse, s’adapte, abdique. L’usage frauduleux du langage permet alors de dissimuler un renversement où ceux qui furent spirituellement réfutés deviennent les garants de la nouvelle morale publique, et ceux qui ont bâti la civilisation chrétienne deviennent suspects, à rééduquer ou à effacer.

L’usage politique de cette sémantique n’est pas neutre mais s’inscrit dans un projet plus large de déconstruction des identités, de nivellement religieux, et d’instauration d’une morale mondiale pseudo-spirituelle. En présentant l’Occident comme un produit du "judéo-christianisme", on prépare son remplacement par un nouvel ordre moral, où toutes les religions sont priées de se soumettre à la logique des Droits de l’Homme, du marché, et de la paix civile obligatoire. Le langage devient ainsi l’instrument d’une inversion lente mais sûre, où le sens des mots est retourné contre leur origine. Derrière les appels à la tolérance et au "vivre ensemble", se cache un travail de sape linguistique qui, sous couvert de fraternité, prépare l’enterrement définitif de l’âme chrétienne de l’Europe.

Cette manipulation sémantique et historique, ces ruptures historiques, alimentées par des récits mythologiques et des transformations culturelles, ont permis la réinvention de ce qu’on appelle aujourd’hui le peuple juif. En ce sens, l'usage politique de l'identité juive, tout comme celui du "judéo-christianisme", s’inscrit dans une logique de légitimation qui masque les éléments discordants de l’Histoire pour renforcer un projet géopolitique spécifique, celui de l’État d’Israël. Au fond, c’est bien cette manipulation des symboles historiques, comme celui des "Temples de Jérusalem", qui sert à cimenter une légitimité politique moderne et non religieuse, dont les racines sont détournées pour répondre aux impératifs contemporains.

Ce que l’on appelle aujourd’hui "identité juive moderne" est bien le fruit de reconstructions historiques tardives manipulées et instrumentalisées, souvent européennes, où les ruptures ont été bien plus nombreuses que les continuités. Loin d’une transmission directe des Hébreux bibliques aux Juifs contemporains, c’est une série de conversions, de déplacements, de transformations linguistiques et culturelles qui ont façonné les communautés juives modernes, en particulier ashkénazes. Ces populations, souvent étrangères au Levant antique et donc non sémites, ont construit leur identité autour de mythes historiques réinterprétés, dont les "Temples de Jérusalem" sont le symbole central. Ces temples, plus archétypes que réalités historiques vérifiables, ont servi de piliers à une légitimation politique, non religieuse, de l’État moderne d’Israël.

Le Sionisme chrétien a vu le jour au XIXe siècle, porté par des courants protestants évangéliques, tant en Angleterre qu’aux États-Unis. Il prétendait relier la théologie chrétienne à la politique géopolitique moderne, en justifiant la fondation de l’État d’Israël comme une réalisation prophétique, un accomplissement des promesses faites par Dieu à Israël dans l'Ancien Testament. Cette instrumentalisation du discours chrétien met la théologie millénariste au service de la politique, subordonnant même le retour du Christ au "retour" des juifs en Terre Sainte. En d’autres termes, c'est une manipulation idéologique qui joue sur la vision eschatologique chrétienne pour légitimer un projet politique moderne. Ce mélange explosif entre théologie, politique et géopolitique est une déviation flagrante de la tradition chrétienne, qui, bien que messianique, n’a jamais subordonné le salut à des critères géopolitiques et nationaux. Loin d’un simple mouvement religieux, il devient un outil de justification pour des intérêts géopolitiques, où la réécriture théologique s’adapte aux exigences du moment, au détriment de la pensée chrétienne authentique.

Le concept de la loi mosaïque comme fondement du droit occidental repose sur un contre-sens historique manifeste. La civilisation européenne, notamment à travers le droit romain et le droit canonique chrétien, a profondément façonné les bases du système juridique occidental. L'idée selon laquelle la Torah et la Halakha juive auraient servi de socle à l'élaboration de notre droit moderne relève d’une réécriture politique de l’Histoire. Le droit romain, la pensée chrétienne et les structures juridiques médiévales ont joué un rôle bien plus prépondérant que la Loi mosaïque. Ce type de discours vise à exagérer le rôle juif dans la formation du droit occidental, tout en minorisant l'influence des traditions juridiques chrétiennes et romaines. Il est utilisé pour dissocier les racines chrétiennes de l'Europe et promouvoir une sorte de révisionnisme culturel qui gomme l'identité chrétienne continentale. Et cette manipulation sémantique fait partie d’un projet plus large visant à déstabiliser l'héritage chrétien de l’Europe en le substituant à une narration plus inclusive et compatible avec un discours mondialiste.

De plus, Lorsque l'on parle de "la Bible" comme livre commun des trois monothéismes, il s'agit d'un faux syncrétisme, un amalgame trompeur entre judaïsme, christianisme et islam. En réalité, ces trois religions n’ont ni la même Bible, ni la même interprétation du texte sacré, et, surtout, elles ne partagent pas la même vision du salut. Le christianisme, en particulier, a une lecture spécifique et fondamentale de la Bible, centrée sur la figure du Christ, une vision du salut qui est radicalement différente des compréhensions juive et musulmane. De plus, cette notion sert de levier idéologique pour créer artificiellement une "fraternité abrahamique" qui lisse les différences doctrinales et occulte les tensions profondes entre ces religions. Cette fraternité devient ainsi un outil de projet mondialiste, surtout dans les milieux œcuméniques, comme l’initiative d’Abu Dhabi avec la "Maison d’Abraham". Sous couvert de promouvoir la paix, il s'agit en réalité d’une tentative de neutraliser les identités religieuses spécifiques au profit d’un universalisme spirituel qui nie les différends théologiques et, de facto, le rôle structurant du christianisme dans le monde occidental.

Ainsi, l’idée d’un "humanisme biblique", qui présente la tradition biblique comme l’origine des "Droits de l’Homme", constitue une déviation idéologique majeure. L’humanisme des Lumières se place en opposition à la souveraineté de Dieu, en posant l’Homme au centre, et non Dieu, comme la source ultime de la moralité et des droits. L’assimilation de l’humanisme des Lumières à une tradition biblique vise à relier le judaïsme et la modernité occidentale, mais ce lien est purement artificiel. La tradition chrétienne qui refusait de placer l’individu au-dessus de Dieu, se trouve ici minorisée, tandis que des concepts empruntés aux Lumières sont annexés à la tradition biblique pour masquer une rupture fondamentale avec la vision chrétienne de l’Homme.

Au fond, cette réécriture de l’Histoire à travers des concepts tels que le "judéo-christianisme", le "Sionisme chrétien", ou l’"humanisme biblique", ne cherche pas simplement à masquer les divergences théologiques profondes, mais à effacer progressivement le rôle structurant du christianisme dans la culture et l’identité européennes. Ces manipulations sémantiques servent à créer une vision artificielle de l’Occident, un Occident délesté de ses racines chrétiennes, et plus disposé à se soumettre à un récit global qui favorise le multiculturalisme, l’individualisme et le mondialisme. En réécrivant le sens des mots, en floutant les repères historiques et spirituels, ces forces idéologiques cherchent à transformer les consciences et à imposer une vision uniforme du monde, où les religions sont reléguées à des rôles secondaires, et où la transcendance chrétienne est remplacée par un humanisme sans ancrage, sans foi, et sans vérité.

Nous voila au terme de cet article qui, je l'espère, aura démontré comment la sémantique dévoyée, utilisée à des fins idéologiques, constitue un danger insidieux qui agit silencieusement mais efficacement pour altérer les fondements de notre compréhension historique et spirituelle. En manipulant le sens des mots et en réécrivant des récits collectifs, ce processus favorise la construction de mythes politiques au détriment de la vérité historique, tout en effaçant peu à peu l’identité chrétienne de l’Occident. Sous couvert de tolérance, de fraternité et de "vivre ensemble", il s'agit en réalité de substituer un ordre moral post-chrétien à celui qui a forgé les sociétés européennes pendant des siècles. Ce travail de sape linguistique et culturelle, appuyé par des manipulations historiques, est une attaque en règle contre l'héritage chrétien et une tentative de normalisation d’un récit mondialiste qui impose une réalité artificielle.

Dans ce contexte, il est essentiel de comprendre comment des narrations fallacieuses, notamment celles qui concernent les "Temples de Jérusalem", sont instrumentalisées pour renforcer une légitimité géopolitique et religieuse. En cherchant à faire de ces récits des piliers d’un mythe fondateur, on s’éloigne des faits historiques et des vérités archéologiques, contribuant à façonner une légende, fondée sur l'absence de preuves tangibles, mais qui pèse lourdement sur les consciences et la politique mondiale.

En poursuivant cette démonstration, où nous avons mis en lumière comment la construction artificielle du mythe juif - notamment à travers des récits historiques mensonger, les textes religieux réinterprétés, le suprématisme sioniste, la sémantique dévoyée - où tout cela sert d’instruments clés et articulés dans la mise en place d'un projet de gouvernance mondiale, avec pour objectif final de faire de Jérusalem la capitale spirituelle et politique d’un ordre global. Ce processus de légitimation, alimenté par des constructions mythologiques et des manipulations idéologiques, ne vise pas seulement à réécrire le passé, mais aussi à façonner un futur où la domination israélienne et l’influence sioniste deviennent des pierres angulaires du Nouvel Ordre Mondial.

Ces articles ont pour objectif de mettre en lumière le mensonge absolu qui, sous couvert d'une fausse légitimité historique et spirituelle, alimente le génocide des Gazaouis et l'expansionnisme débridé des colonies illégales d'Israël. Ce projet, nourri par la conviction schizophrénique d'un peuple se croyant élu et soutenu par une arrogance impunie, s’enracine dans des siècles de chantages et de corruptions internationales confinant à la folie. Cette impunité, forgée à travers des manipulations géopolitiques et religieuses subtiles, permet à Israël de poursuivre sans entrave ses ambitions territoriales tout en se maintenant au cœur d’un jeu politique mondial.

Dans le même temps, cette colonisation immorale écrase sans vergogne les populations qui osent s’opposer au diktat de sa folie idéologique, imposant sa vision messianique à travers la violence et l’oppression systématique. Pour cela, Israël n’hésite même pas à utiliser des lois qu’il fait voter abusivement, comme en France, où la simple critique de ce projet inhumain est poursuivie et réprimée violemment, sous prétexte de lutter contre l'antisémitisme. Cette dérive législative et politique sert à étouffer toute opposition légitime, transformant ainsi la liberté d'expression en un outil de censure au service de l’impunité israélienne.

Il est du devoir de chacun de s’informer et de s’insurger contre ces manipulations qui, aujourd'hui, se traduisent par des milliers de morts, une censure totale, un terrorisme intellectuel, et, au final, par la montée d'un totalitarisme sioniste qui impose son agenda à l’échelle mondiale. Ignorer ces réalités, c’est permettre que l’Histoire soit déformée et que des injustices monstrueuses continuent d’être commises sans que l’opinion publique ne s’élève pour les contester. L’heure est à la résistance, non seulement face à la violence physique, mais aussi à la violence symbolique, à cette réécriture délibérée du monde qui vise à annihiler toute forme de dissidence. Il est urgent de remettre en question ce système de domination et de manipulation, avant qu’il n'étouffe définitivement la liberté de pensée et d’expression.

Nous poursuivrons donc cette réflexion dans notre prochain article, où nous explorerons plus précisément les données architecturales, archéologiques et historiques des fameux "Temples de Jérusalem" et du Mur des Lamentations. Nous analyserons comment ces récits, qu'ils soient religieux ou historiques, ont été manipulés pour doter l’État d’Israël d’une légitimité divine et historique, tout en effaçant les vérités fondamentales qui devraient les fonder. À travers cette exploration, nous tenterons de déconstruire le mythe fondateur d'Israël, et de comprendre comment des constructions religieuses sans fondement archéologique ont été utilisées pour renforcer un récit biblique factice et pour justifier la domination israélienne sur la terre de Canaan, et au-delà. Ce travail nous permettra de dissiper les illusions et de poser les bases d'une critique radicale du discours dominant, en nous appuyant sur des faits et des découvertes scientifiques solides.

La suite au prochain article…

Phil BROQ.

Blog de l'éveillé

La suite ici : Partie 5

Crédit image :  Egalité & Réconciliation





Commentaires

  1. PEUT-ÊTRE SI VOUS LISEZ LE LIVRE : « JÉSUS LE RABBI DE NAZARETH » DE BERNARD CHOURAQUI (ÉDITIONS DE LA DIFFÉRENCE) CES ARTICLES -ESSAIS SUR LA CONSTRUCTION DU MYTHE JUIF ET EN GÉNÉRAL BEAUCOUP D'AUTRES DE VOTRE MAGNIFIQUE BLOG, POURRAIENT ÊTRE ENCORE PLUS PROFONDEURS ET PLUS INNOVANTS.

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