LA CONSTRUCTION DU MYTHE JUIF - Partie 3

Dans l'examen des fondements historiques et spirituels du judaïsme moderne, il devient évident que l'histoire telle qu'elle est présentée dans les récits bibliques ne correspond en rien à une réalité historique vérifiable. En effet, la Torah, le socle de la tradition juive ancestrale, et les récits épiques qu'elle véhicule ont été modelés au fil du temps pour forger une identité collective qui transcende les vérités historiques. Mais à travers cette construction mythologique, un enjeu bien plus vaste se profile, d'une légitimité politique qui, jusqu’à aujourd’hui, sert de justification à des projets territoriaux et nationalistes. Si la Bible se veut le fondement de la judéité, elle est avant tout un instrument de légitimation pour des revendications historico-théologiques qui n’ont pourtant ni fondement archéologique ni véracité historique, ni même une cohérence théologique.

Loin des images pieuses et des interprétations religieuses qu'ils se sont offert par l'intermédiaire de l'écriture de la Torah, la vérité historique des Hébreux reste avant tout une construction complexe, mêlant mythes, traditions orales et fragments de réalité amalgamés de façon plus ou moins réussies, mais au demeurant fictives. Malheureusement, le projet sioniste, qui prétend restaurer une "nation juive" fantasmée sur une terre ancestrale illusoire, s’appuie en grande partie sur ces récits romancés. Mais est-il encore possible de continuer à entretenir cette illusion lorsqu'on constate les desseins qu'elle sert ? 

C’est à cette question que nous tenterons de répondre dans cet article, en explorant non seulement la tentative d’imposer un héritage biblique, le dévoiement intellectuel mais aussi les preuves historiques et archéologiques qui remettent en question cette légitimation divine et politique. Nous nous attarderons particulièrement sur la figure du patriarche Abraham, les récits de l'Exode et de la "Terre promise à un peuple élu", et l'absence totale de fondements tangibles pour ces épisodes censés avoir marqué et fondé le destin du peuple juif.

Il est évident, comme nous l'avons vu précédemment, que l’histoire fondatrice des juifs modernes et de la diaspora, telle qu'elle est racontée dans la Torah, ne correspond en rien à l’identité juive telle qu'elle existe aujourd’hui. La Torah, composée des cinq premiers livres de la Bible hébraïque (la Genèse, l'Exode, le Lévitique, les Nombres et le Deutéronome) constitue le socle légitime, bien que très romancé, de la religion hébraïque aussi ancestrale que respectable, avec des récits et des lois dictées comme venant directement de leur Dieu, à travers l'histoire de Moïse. 

Si elle établit les bases spirituelles et morales du judaïsme antique, l'histoire de Moïse, bien qu'historiquement fausse, incarne un récit fondateur ayant légitimé les croyances hébraïques en unifiant des tribus éparses autour d'une identité commune et d'une vision partagée du monde. Ce mythe a permis de forger une cohésion en inscrivant l'existence collective dans une trame sacrée et signifiante. Toutefois, à l'époque moderne, marquée par une diversité de courants, du judaïsme orthodoxe au judaïsme sioniste, cette figure ne saurait à elle seule fonder une identité juive désormais plurielle, tiraillée entre tradition, sécularisation et réinvention. 

À l’inverse de son récit fondateur, l’identité juive moderne s’est reconstruite autour de deux piliers difficilement défendables sur le plan universel et aux antipodes des aspirations  portées par la Torah elle-même, sinon son opposition caractérisée. Le premier de ces piliers, le Talmud, n’est pas une révélation divine mais un monument d’érudition rabbinique, qui, sous couvert d’adaptation juridique, érige une vision du monde rigoureusement centrée sur la supériorité de la loi juive au détriment de toutes les autres traditions spirituelles et notamment chrétiennes. Car ce texte, sanctuarisé sans l’être officiellement, a servi moins à ouvrir le judaïsme qu’à en renforcer les frontières mentales, en érigeant une logique d’auto-exclusion et de distinction systématique entre le "dedans" et le "dehors", entre les détenteurs de la Loi et les autres. Par une infinité de prescriptions, de règles interprétatives et de casuistiques, le Talmud a façonné une identité fondée sur la séparation, la différenciation constante, et parfois même la méfiance structurelle envers l’altérité religieuse ou culturelle. Cette clôture intellectuelle, bien qu'efficace pour préserver l’unité d’un peuple en diaspora, a aussi cristallisé un repli qui complique toute ouverture véritable à l’universel. 

Le second pilier, le sionisme, qui est un projet politique né dans l’Europe du XIXe siècle, ayant fait de la judéité non plus une foi ou une culture, mais une ultra-nationalité à imposer par la force sur une terre palestinienne habitée par d’autres. Et en transformant un traumatisme diasporique en revendication territoriale, cet ultra-nationalisme a engendré un conflit colonial maquillé en retour historique, mobilisant une mémoire mythique pour justifier une réalité de dépossession désormais militaire et sanguinaire. 

Sachant que même la Bible hébraïque (la Torah) ne saurait, en aucun cas, être considérée comme une preuve historique objective. Derrière son apparente cohérence narrative et sa sacralisation postérieure, elle constitue avant tout une simple construction idéologique, rédigée et redéfinie à différentes époques dans le seul but de fournir une mémoire commune à des groupes tribaux disparates. Comme l’ont montré de nombreux historiens et archéologues, ce texte a été instrumentalisé pour forger une identité collective a posteriori, en inventant une continuité là où il n’y avait que des tribus éparses, souvent en conflit, ballottées par les conquêtes, les dominations étrangères et les effondrements internes. Elle n’est donc en rien un témoignage fiable d’un passé réel, mais bien un récit mythifié destiné à légitimer un peuple en quête de cohésion, de territoire symbolique et de justification morale face à son histoire chaotique et fragmentée. 

Si la Bible regorge de récits, parfois sanglants et écœurants, ainsi que de contes et de légendes orales romancées, ce sont des constructions narratives, réécrites au fil des siècles pour répondre à des besoins politiques, religieux ou identitaires précis. Derrière leur apparente autorité se cache un travail de composition opportuniste, destiné moins à transmettre une vérité historique qu’à imposer une vision du monde, légitimer un peuple, et justifier, parfois violemment, son rapport aux autres et à la terre. Ainsi, très loin de constituer une preuve historique, la Bible relève davantage de l’outil mythologique et politique destiné à nourrir l’espoir et à renforcer l’identité d’un peuple opprimé, plutôt qu’un document historique digne de ce nom.

Il est donc crucial de souligner que la prétendue "histoire" des Hébreux, telle qu’elle est relatée dans la Bible, ne repose sur aucune preuve historique tangible. Aussi admirable soit-elle dans sa fonction de récit fondateur, cette narration n’est étayée ni par des sources contemporaines indépendantes, ni par des découvertes archéologiques concluantes. Elle relève bien davantage du mythe que du fait, d’un récit construit pour répondre à un besoin identitaire que d’un enchaînement d’événements avérés. Et confondre ce récit avec une réalité historique, c’est céder à l’illusion d’une mémoire sacralisée qui, en vérité, tient plus du roman théologique que du témoignage factuel.  

Selon ces récits, les Hébreux seraient originaires de la région de l’Euphrate, où Abraham, présenté comme leur patriarche fondateur, aurait reçu l’ordre divin de quitter Ur pour s’installer en Canaan aux alentours de 1760 avant notre ère. Ce récit, largement mythologique, met en scène un modeste clan de pasteurs nomades, menant une existence tout à fait ordinaire pour l’époque, faite de déplacements, d’élevage et de subsistance. Mais là où la Bible bascule dans l’absurde, c’est dans sa prétention à ériger ces figures anonymes, sans aucune trace historique ou inscription attestée, en piliers d’un destin sacré et universel. La tentative de conférer à Abraham un rôle fondateur à l’échelle de l’humanité tout entière relève moins de la mémoire collective que d’une construction idéologique visant à transformer des bergers tribaux en dépositaires d’une alliance divine éternelle, sans fondement concret, ni preuve matérielle, ni lien vérifiable avec les événements réels de la région, relevant davantage du mythe nationaliste que du récit historique.

Par ailleurs, la supposée "soumission" des Hébreux à leurs conquérants successifs constitue l’un des ressorts les plus instrumentalisés de la tradition biblique pour entretenir un imaginaire collectif de persécution, savamment nourri et perpétué à travers les siècles. L’Exode en est l’exemple le plus emblématique de ce récit fantasmé, dans lequel Moïse aurait arraché son peuple à l’esclavage égyptien vers 1260 avant notre ère. Or, ce récit, qui n’est appuyé par aucun indice archéologique sérieux ni mention historique extérieure, n’a tout simplement jamais eu lieu. Il s’agit d’une fable politique, construite de toutes pièces pour forger une origine glorieuse à un ensemble tribal sans passé unifié. Les descriptions de travaux forcés, de plaies surnaturelles ou de traversées miraculeuses tiennent plus du conte édifiant que du document historique. Cette mise en scène du salut divin, orchestrée autour d’un peuple élu, relève d’un mythe fondateur taillé pour renforcer une cohésion identitaire à travers le pathos, en légitimant par le récit une communauté encore sans socle réel. Une fiction dont la force tient précisément de nos jours à sa capacité à se faire passer pour une vérité éternelle.

C’est précisément pour cela que de nombreux archéologues sérieux rejettent en bloc la prétendue "réalité historique" de la Bible, et plus particulièrement le récit de la sortie d’Égypte, qui ne repose sur rien de concret. L’idée qu’une armée de 600 000 esclaves hébreux — chiffre délibérément grossi à l’excès pour impressionner, car à titre indicatif, il y a aujourd'hui environ 455 000 juifs en France — ait pu échapper au joug de l’Égypte au XIIIe siècle avant notre ère, franchir des zones militarisées, survivre dans un désert impitoyable et déjouer les forces d’un empire parmi les plus puissants de son temps, relève de la pure fantaisie. Plus accablant encore, il n’existe aucune mention de cet exode massif dans les innombrables archives et inscriptions égyptiennes, pourtant méticuleuses lorsqu’il s’agissait d’enregistrer leurs moindres victoires ou projets de construction. Rien ! Pas une trace. Le silence des sources historiques sur un événement d’une telle ampleur est, en soi, une condamnation sans appel.

Par ailleurs, l’esclavage tel que décrit dans le livre de l’Exode, organisé, ethnique, systématique, n’a jamais existé en Égypte antique sous cette forme. Aucun vestige archéologique ne confirme l’existence d’une population hébraïque soumise ou exploitée à grande échelle. Le récit biblique ne repose donc pas seulement sur une absence de preuves, mais  contredit frontalement tout ce que l’on sait du contexte égyptien de l’époque. Quant à l’affrontement entre Moïse et un pharaon anonyme, figure caricaturale de l’oppresseur païen, il n’a strictement aucun fondement dans l’histoire réelle. Certains chercheurs, en poussant l’analyse plus loin, suggèrent même que ce mythe pourrait dériver d’un souvenir lointain, déformé et déplacé, ancré non pas dans la Vallée du Nil, mais dans un petit village appelé Misraïm, situé dans le nord du Yémen, à des centaines de kilomètres du théâtre biblique supposé. 

Autant dire que cette "grande épopée libératrice" tient davantage du roman national rétrospectif que du fait historique. C'est un habillage mythologique au service d’une identité à construire et non à constater. De fait, ce qui était censé être un acte fondateur d'une nation entière se transforme ainsi en une pure invention, façonnée au fil des siècles pour alimenter un mythe, mais qui ne tient pas face aux exigences d’une véritable analyse historique.

Il est donc indiscutable, au regard de ces faits, que l'histoire des Hébreux telle qu'elle est relatée dans leurs écrits bibliques n'a pas pour vocation d’être un témoignage historique, mais plutôt un instrument de légitimation. Et en présentant Abraham comme le récipiendaire de promesses divines, le récit biblique ne fait rien d’autre que poser les bases d’une justification théologique à une entreprise de conquête. Il s’agit là d’un mécanisme classique de légitimation par le mythe, en attribuant à un patriarche nomade une "terre promise" à un "peuple élu" par un Dieu tout-puissant, le texte effaçant méthodiquement la réalité historique des peuples déjà installés en Canaan, réduits au silence ou à la caricature d’idolâtres condamnés. 

Cette mise en scène de droit divin n’est rien d’autre qu’un récit de dépossession maquillé en épopée spirituelle. Sous couvert de spiritualité, c’est une logique de colonisation pré-moderne qui s’exprime où les Hébreux s’arrogent la légitimité d’un territoire non pas par la coexistence, mais par une fiction sacrée fondée sur l’élection et l’exclusion. Et ce récit de conquête, travesti en destinée sacrée, n’est pas un souvenir fidèle d’un passé réel, mais un instrument de propagande identitaire destiné à galvaniser des tribus éparses, à leur offrir un récit fondateur héroïque là où il n’y avait, en réalité, que des clans errants, sans territoire, ni pouvoir, ni mémoire commune véritable.

Et cette vision fantasmée de l’histoire est, bien entendu, remise en question par une large majorité de la communauté scientifique. De nombreux chercheurs, parfaitement conscients des innombrables contradictions et des anachronismes flagrants dans les textes bibliques, considèrent la figure d’Abraham non pas comme un homme historique, mais comme une pure invention mythologique, un personnage qui n’existe que dans l’imaginaire collectif et dont l’existence réelle relève davantage du fantasme que de la réalité. Mais bien sûr, ces conclusions rigoureusement fondées sont systématiquement attaquées par des groupes sectaires et idéologiques, comme les Témoins de Jéhovah, les évangélistes ou les partisans du sionisme, qui, dans un souci de préservation de leur récit sacré, insistent avec une obstination quasi religieuse sur la "précision historique" de la Bible. Pour eux, Abraham n’est pas une construction légendaire mais une figure centrale et authentique, incarnant l’origine d’une histoire sacrée indiscutable. Une vision qui, en réalité, n’est rien d’autre qu’une défense désespérée d’un dogme dépassé et fragile, incapable de s’adapter à la rigueur critique de la recherche moderne. 

Cette vision, évidemment, relève bien plus de la foi aveugle que d’une démarche scientifique sérieuse et rigoureuse. Mais elle illustre aussi la puissance persistante du mythe biblique, un mythe qui, malgré les siècles, continue d’empoisonner la pensée de certaines communautés. Ce mythe, qui se drape d’une prétendue vérité historique, façonne une identité collective figée et déconnectée des réalités documentées, rejetant sans vergogne la critique historique au profit d’une adhésion aveugle à un récit édifiant. Cette obstination à maintenir l’illusion d’un Abraham historique ou d’une conquête divine ne fait que prolonger une fiction, un artefact idéologique qui perdure bien au-delà des faits, s’accrochant désespérément à un imaginaire collectif en décalage complet avec les découvertes archéologiques et les avancées de la recherche.

Pour poursuivre, abordons le récit de "l'exil juif", une construction rétrospective qui n'a rien à voir avec un fait historique, mais qui relève plutôt d'un mythe politique victimaire, forgé dans le but non seulement de légitimer une revendication territoriale fantasmée, mais surtout de cultiver une souffrance imaginaire destinée à susciter une pitié qui sert des intérêts bien plus terre-à-terre. Ce mythe a été soigneusement tissé pour justifier une identité nationale bâtie sur le vide, tout en dissimulant la réalité complexe de l’Histoire. Shlomo Sand, en démontant ce récit, rappelle que l'idée de l'exil juif est une invention pure et simple des premiers chrétiens, conçue pour convertir les derniers Hébreux récalcitrants au christianisme naissant. Selon lui, les chrétiens primitifs ont fabriqué cette fable de l'exil, afin de convaincre les descendants des Hébreux que leurs ancêtres avaient été punis par Dieu et dispersés. En réalité, les preuves archéologiques viennent pulvériser cette fable car bien après la destruction du Second Temple aussi hypothétique que le premier (nous verrons cela  dans un autre article), les Juifs ont continué à vivre en Galilée, loin de l’image romantique de l’exil éternel. Ce récit victimaire, loin d’être un témoignage authentique, est avant tout, lui aussi, une arme idéologique qui, sous couvert de souffrance et de persécution, cherche à cimenter une identité construite sur des bases fictives et à justifier des revendications politiques actuelles.

Il n’existe d’ailleurs aucune preuve factuelle aussi infimes soient-elles, dans aucun manuscrit, inscription ou récit contemporain,  de l’asservissement des Israélites en Égypte, de la vie de Moïse, de l’existence d’une arche d’alliance, et encore moins d’un exode massif. Les archives égyptiennes, qui comptent parmi les plus détaillées et méticuleuses de l’antiquité, ne mentionnent ni la présence d’une multitude d’Israélites réduits en esclavage, ni l’existence d’un artefact sacré d’une quelconque puissance surnaturelle, ni même l’ombre d’une évasion spectaculaire à travers des frontières soigneusement surveillées. En vérité, ces archives ne relatent rien de tout cela. Pas de traces de colonies juives, pas d’artefacts archéologiques corroborant cette version héroïque, pas une inscription de Pharaon évoquant une quelconque rébellion ou un miracle. Rien ! Ce silence total et absolu dans les sources contemporaines égyptiennes, ainsi que l’absence totale de preuves matérielles, viennent accabler d’une manière irréfutable l’historicité de ces récits bibliques. Il ne s’agit donc pas d’un manque de preuves, mais d’une absence pure et simple de toute trace de cet exode mythique. Tout cela ne repose que sur une tradition bien ancrée, certes, mais qui n’a aucun fondement tangible dans la réalité historique.

En revanche, des tribus nomades mineures, dont les déplacements étaient bien moins nombreux et significatifs, ont laissé de nombreuses traces physiques de leur passage dans des régions où elles se sont installées temporairement. À l’inverse, un groupe censé compter des milliers de personnes, selon le récit biblique, n’a laissé absolument aucune empreinte de son passage. Aucune trace archéologique, aucun artefact, rien ! Cela devrait suffire à démontrer l’absurdité de l’idée d’un exode massif à travers un désert, sans laisser la moindre empreinte tangible sur un sol foulé pendant 40 années. En réalité, la véritable raison de la création de ce mythe, en fait, n’a rien à voir avec un quelconque événement historique, mais réside uniquement dans le besoin de justifier la conquête violente d’une terre déjà occupée par d’autres peuples. Car si les Israélites étaient imaginés comme des victimes opprimées par l’Égypte et des vagabonds sans terre, leur "retour" en Canaan pouvait être habillé d’une légitimité divine, une justice céleste accordée aux persécutés pour reprendre possession de la terre promise. Et ce fut précisément cette version réécrite qui servit de fondement au projet politique du sionisme, où la "reconquête" d’une patrie mythique, rendue illusoire et intangible à force de répétitions dogmatiques, s’appuya sur des mensonges historiques à peine voilés.

De plus, l’idée d’un exil juif, d’un peuple arraché de force à sa patrie et destiné à errer jusqu’à ce qu’il puisse la reconquérir, n’est étayée par aucune des preuves historiques modernes. Au contraire, les migrations et l’assimilation étaient courantes dans toute la région, les Hébreux s’intégrant souvent aux cultures dominantes qui les gouvernaient systématiquement. Ainsi, le récit moderne d’un ancien "État-nation juif" en attente de restauration est une construction idéologique rétrospective malsaine, et fut donc largement fabriquée et manipulée pour justifier des revendications politiques modernes plutôt que pour refléter des vérités historiques.

Dans un effort désespéré pour rétablir la vérité historique derrière le mythe moderne des "Juifs", il convient toutefois de rappeler que, bien que la Bible soit l’unique source qui prétende décrire l’histoire des Hébreux, des historiens et archéologues ont effectivement mis au jour des preuves de migrations nomades et de conflits dans la région, mais ces découvertes ne confirment en rien les récits bibliques, et encore moins l'exclusivité de ces événements aux Hébreux. Certains éléments suggèrent que des peuples sémitiques ont bien vécu dans la région du Proche-Orient au IIe millénaire avant notre ère, mais il est impossible de les associer de manière certaine et univoque aux Hébreux. Quant à leur prétendue existence dans le désert du Sinaï pendant 40 ans, aucune preuve archéologique directe n'a jamais été trouvée pour étayer cette histoire, et les témoins archéologiques de cette "grande tribu nomade" sont aussi absents que les traces de l'Exode lui-même. 

Et quand bien même, les récits bibliques prétendent que ces nomades, sans armée ni pouvoir central, auraient fini par conquérir la terre de Canaan sous la conduite de Josué. Une conquête qui défie toute logique car comment des gens sans ressources ni organisation militaire auraient-ils pu vaincre un peuple structuré comme les Cananéens, pourtant loin d’être des négligents ou des passifs ? Mais, bien sûr, l’argument du mythe sacré l’emporte sur toute forme de raisonnement historique. Le tout, encore une fois, servi sur un plateau sous forme d’un récit romanesque destiné à nourrir une identité collective construite de toutes pièces.

Il est surtout impératif de rappeler que de très nombreux spécialistes affirment sans équivoque que la majorité des récits bibliques ont été rédigés bien après les événements qu'ils prétendent décrire, et ne sont finalement rien de plus que des fables sans fondements. Mario Liverani, historien et professeur d’histoire antique du Proche-Orient à l’université de Rome "La Sapienza", l'explique clairement : "la datation tardive de ces textes est la seule manière d’expliquer les innombrables anachronismes et incohérences qui parsèment ces récits, comme les listes de peuples prétendument conquis par Josué, qui n’existaient même pas en Canaan à l’époque où ces événements sont censés avoir eu lieu." 

Ainsi, les textes de la Torah, par exemple, ont vraisemblablement été élaborés sur plusieurs siècles, d’abord transmis oralement, puis mis par écrit, et finalement retravaillés encore et encore au fil des âges. L’archéologie, quant à elle, démontre de manière incontestable que le texte biblique ne peut en aucun cas être pris comme un témoignage historique fiable, tant il regorge d'anachronismes et d'incohérences qui rendent son contenu fictif. Pourtant, c’est bien cette narration tardive qui a permis à ces tribus nomades, sans terres ni racines, souvent conquises et persécutées, de se forger une identité et un espoir à travers un récit de libération et de triomphe totalement inventé. 

On constate donc que derrière son absence totale de fondement historique, ce mythe agit comme un opiacé collectif qui berce certaines communautés dans l’illusion d’une grandeur prédestinée, d’un rôle providentiel arraché à l’Histoire, alors même qu’il ne repose que sur des fantasmes. Il sert surtout à panser les plaies de siècles d’humiliations, en leur offrant une posture flatteuse de survivants héroïques ou de conquérants incompris. Une consolation commode, qui évite de regarder en face la complexité du réel et alimente une mémoire sélective au service de récits identitaires plus séduisants que véridiques.

L’un des piliers idéologiques les plus puissants et les plus mensongers du projet sioniste est celui de la "Terre promise". Car ce que les recherches archéologiques et les études historiques sérieuses révèlent est sans appel, car au Xe siècle avant notre ère, Jérusalem n’était rien de plus qu’un modeste village perché sur une colline, loin de l’image grandiose d’une capitale royale régnant sur un vaste royaume hébreu. La prétendue souveraineté biblique sur la région tient davantage de la mythologie que de la réalité, et relève du même registre légendaire que les fables arthuriennes. Pourtant, ce mythe sert encore aujourd’hui de fondement idéologique à une entreprise coloniale d’une brutalité inouïe. L’expansion territoriale d’Israël, sous la bannière du fantasme du "Grand Israël", s’appuie sur cette fiction religieuse pour justifier l’annexion de terres, les massacres, l’épuration ethnique et la destruction systématique des populations palestiniennes. La promesse divine devient ainsi un alibi pour des crimes bien terrestres, des crimes que l’on ose encore habiller d’un vernis biblique. Aucun archéologue sérieux ne cautionnerait cette supercherie, mais elle trouve un écho puissant dans la bouche des dirigeants israéliens, des colons armés, et de leurs alliés étrangers.

Ces alliés ne sont pas marginaux. Une partie des sionistes extrémistes, appuyés par des membres du gouvernement israélien et financés généreusement par des fondamentalistes évangéliques américains, appellent ouvertement à la destruction de la mosquée Al-Aqsa pour y ériger un "Troisième Temple", dans l’espoir apocalyptique d’accélérer la venue de leur Messie. Ce projet délirant n’est pas seulement théologique, il est politique, militaire et globalement suicidaire. Il pourrait embraser la planète entière. Car aux États-Unis, des dizaines de millions d’évangéliques considèrent l’expansion d’Israël comme une condition préalable au retour du Christ – retour au cours duquel, selon leur dogme, les juifs seront convertis… ou anéantis. Ce soutien fanatique à Israël n’a donc rien d’un amour sincère pour le peuple juif. Il s’agit d’une alliance cynique, au service d’un scénario eschatologique destructeur. Ces croyances, bien loin de rester confinées à des marges, irriguent la politique étrangère américaine via des groupes puissants comme l’AIPAC, détournant des milliards de dollars vers Israël pendant que les infrastructures américaines s’effondrent, hormis celles de la vente d'armes.

Ce délire messianique s’appuie sur une falsification historique méthodique. La plupart des juifs ashkénazes, qui composent aujourd’hui l’essentiel de la population israélienne, ne sont pas originaires du Levant. Leurs racines se trouvent en Europe de l’Est, notamment dans les anciennes régions de Khazarie, de Pologne et de Russie. Leur présence au Moyen-Orient résulte d’une migration moderne, souvent motivée non par un attachement ancestral, mais par le rejet dont ils faisaient l’objet en Europe. Le sionisme, loin d’être le fruit d’un "retour" légitime, fut une solution de relégation, pensée par les élites européennes comme un moyen d’exporter un "problème juif" qu’elles n’avaient ni le courage ni la volonté de résoudre autrement. Théodore Herzl lui-même, dans ses premières propositions, envisageait des terres comme l’Ouganda ou l’Argentine, preuve que la Palestine fut choisie non pour sa vérité historique, mais pour sa portée symbolique et sa facilité à séduire les grandes puissances impériales. Les Britanniques l’ont bien compris car leur soutien, à travers la Déclaration Balfour, ne relevait d’aucune considération morale, mais d’un calcul géopolitique cynique, visant à installer une tête de pont coloniale dans une région stratégique.

Une fois passée au crible, l’histoire biblique et l’identité juive moderne apparaissent pour ce qu’elles sont souvent devenues. Une construction artificielle, sinon carrément falsifiée, où les mythes prennent le pas sur les faits, et où l’invention narrative supplante l’honnêteté historique. Le sionisme, maître dans l’art de la récupération symbolique, s’est emparé de ce bric-à-brac mythologique pour en faire l’ossature d’un projet nationaliste profondément anachronique, fondé sur une prétendue continuité entre les anciens Hébreux et les Juifs d’aujourd’hui. Continuité aussi fictive qu’idéologiquement commode. Ce tour de passe-passe identitaire a certes permis de cimenter une cohésion collective, mais au prix d’un déni presque total des complexités ethniques, culturelles et historiques du Levant, sacrifiées sur l’autel d’un récit épuré, monolithique et aveuglément théologique.

Or, ce processus outrageant a permis à un mythe, pourtant dénué factuellement de toute assise archéologique sérieuse, de se muer en vérité sacralisée dans le discours dominant, au point d’interdire toute remise en question sans être aussitôt taxé de blasphème politique. Cette fiction promue au rang de dogme a servi de caution morale à une entreprise de dépossession brutale, tentant de justifier non seulement l’expulsion systématique et l’écrasement des Palestiniens, mais aussi les violences répétées envers les musulmans et les chrétiens de la région. 

Depuis 1948, et avec une intensité croissante jusqu’au massacre génocidaire actuel, ce récit mythifié a été le paravent commode derrière lequel se sont dissimulés crimes de guerre, apartheid et épuration ethnique, le tout enveloppé dans le langage aseptisé de la légitime défense et du droit à l’existence. Une rhétorique implacable, où l’Histoire réécrite devient arme, et le mythe, un permis de tuer.

Cependant, cette construction fictive de l'identité juive moderne à travers un récit historique aussi figé que mensonger, n’est pas sans conséquence. Et bien que ces mensonges aient été maintes fois répétés et nourris par un discours dominant, leur répétition ne les transforme en aucune manière en vérité. La légitimité revendiquée par les colons juifs venus d'Europe de l'Est, en prétendant s'ancrer dans une histoire fictive et un passé réinventé, ne saurait en aucun cas justifier le génocide en cours contre les Palestiniens. Bien au contraire, cette manipulation de l’Histoire ne fait qu’exposer la barbarie à laquelle se livrent ces colons, qui, en dépit de leurs revendications d’appartenance à une terre qu’ils considèrent comme "promise", sont dépourvus de toutes racines authentiques dans cette région. Ces actions, marquées par l’absence de scrupules, de mémoire collective et de reconnaissance des droits d’autrui, illustrent l’ampleur de la violence et de la cruauté auxquelles ces individus, déconnectés de l’histoire locale, se livrent avec une impunité tragique. 

Le prochain article s’attachera à décortiquer ce "langage aseptisé" qui, sous des dehors consensuels et civilisés, dissimule des manipulations sémantiques aussi habiles que pernicieuses. Parmi elles, l’une des plus révélatrices est sans doute l’invention récente du terme "judéo-christianisme" qui est une tentative grossière d’harmonisation rétroactive entre deux traditions religieuses historiquement en tension, voire en opposition frontale pendant des siècles. 

Cette expression, forgée dans un contexte géopolitique précis, n’a rien d’innocent puisqu'elle participe d’un récit malhonnête, destiné à lisser les antagonismes, effacer les conflits et produire une illusion d’unité civilisationnelle là où il y eut surtout exclusion, domination et différenciation dogmatique. 

En analysant la généalogie et les usages politiques de ce mot-valise, nous verrons comment le langage devient un outil stratégique dans la fabrication d’un imaginaire collectif compatible avec les intérêts du présent. Ce concept fourre-tout, forgé pour répondre à des enjeux contemporains, sert aujourd’hui de ciment idéologique à un récit occidental réécrit, où "l’héritage judéo-chrétien" devient le socle imaginaire d’une identité civilisationnelle prétendument unifiée. 

Dans cette dynamique, certains courants sionistes, désormais bien installés dans les sphères politiques françaises et européennes, vont plus loin car ils tentent d’ériger la France en nouvelle Jérusalem symbolique, ou, plus cyniquement encore en nouveau Gaza, un territoire à contrôler, à façonner selon leurs intérêts et à soumettre à la même logique de surveillance, de répression et de purification idéologique. Ce glissement inquiétant, entre langage stratégique et entreprise de captation symbolique, mérite dorénavant une attention lucide et sans complaisance.

Car aujourd’hui, la France se trouve exposée à une tentative insidieuse de colonisation idéologique, portée par les mêmes mécanismes de manipulation narrative et d’inversion morale qui ont permis le projet sioniste en Palestine. Des lois sont désormais édictées sous l’influence de lobbys puissants, empêchant toute critique ou remise en question de ces procédés, sous peine d’être immédiatement taxé d’antisémitisme,  jusqu’à confondre délibérément antisionisme et haine raciale, pour faire taire toute opposition légitime. Or, il est du devoir de tout peuple libre de défendre sa terre, son histoire et ses racines contre toute forme d’intrusion ou de domination, quelle qu’en soit l’apparence. Il est d’autant plus inquiétant que l’ultra-nationalisme israélien, salué sans retenue par la majorité des médias français, dont l'essentiel sont directement ou indirectement liés à cette communauté d’influence, soit dans le même temps décrié lorsqu’il s’exprime chez d’autres peuples, et particulièrement en France. 

Quand les ménorahs remplacent désormais les crèches dans l’espace public de la "Fille ainée de l'église", jusqu’à orner l’Élysée et que l’enseignement scolaire consacre des semaines à la Shoah, tragédie indéniable de 6 millions de victimes, sans même mentionner que le peuple russe a payé un tribut de 27 millions de morts dans la lutte contre le nazisme, il devient urgent de remettre l’Histoire à l’endroit. 

L’instrumentalisation mémorielle et victimaire, à sens unique, construit un récit biaisé où certains morts comptent plus que d'autres, où les véritables libérateurs sont oubliés et les agresseurs désormais glorifiés. À ce rythme, nous risquons d’être ensevelis sous le poids d’un mensonge historique soigneusement entretenu mais un mensonge qui, au lieu d’éveiller la vigilance, sert à justifier de nouveaux crimes, commis au nom d’un passé trahi par ceux-là mêmes qui prétendent s’en faire les gardiens.

À cela s’ajoute le fait gravissime de l’annonce récente de la création, par Frank Tapiro, d’une milice privée sur le sol français, la Diaspora Defense Forces (DDF) - sous prétexte de "protéger" des intérêts communautaires illégaux en république laïque - qui sonne comme une alerte majeure pour l'intégrité de notre pays. Cette démarche rappelle avec une précision troublante les débuts de la colonisation violente de la Palestine en 1948. 

La France ne peut et ne doit devenir ni une terre promise de substitution, ni un nouveau laboratoire d’occupation sous couvert de mémoire dévoyée et de victimisation.

La suite au prochain article…

Phil BROQ.

Blog de l'éveillé

La suite ici : Partie 4








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