LA CONSTRUCTION DU MYTHE JUIF - Partie 2

Depuis des décennies, le conflit israélo-palestinien est au cœur des débats géopolitiques mondiaux, alimenté par des récits contradictoires, des mythes et des narrations idéologiques qui façonnent la perception de l’histoire dans cette région et des droits des peuples. Le discours dominant, largement porté par les soutiens du projet sioniste et sa coutume d'inversion accusatoire, a présenté Israël comme étant la restauration d’une nation ancienne et légitime, tandis que les Palestiniens ont été dépeints comme des envahisseurs étrangers sur une terre qui pourtant leur revenait par droit historique du sol. Cependant, une étude approfondie de l’histoire et des dynamiques sociopolitiques révèle une toute autre réalité, largement ignorée ou délibérément occultée par les médias occidentaux. Ces vérités cachées et ces mensonges répétés derrière les mythes fondateurs du sionisme et de l’identité juive moderne, déconstruisent toute la propagande qui a façonnée cette guerre coloniale aussi abjecte qu'interminable. Mais en confrontant les mensonges qui alimentent ce conflit, il devient possible de poser les bases d’une compréhension plus juste et plus humaine de la situation véritable, fondée sur des faits historiques, archéologiques, sociologiques et théologiques, ainsi que sur les droits légitimes de tous les peuples agressés à se défendre.

Le lien profond qu’entretient la société israélite avec son passé, sa mémoire et son histoire, souvent qualifié d’hypermnésie (exaltation de la mémoire qui se caractérise par une autobiographie extrêmement détaillée et un temps excessif consacré à se remémorer son passé pour certains, et beaucoup de temps pour construire son futur pour d'autres) confère à ce groupe ethnoreligieux un équilibre identitaire particulièrement précaire, et peut aussi constituer un carcan intellectuel lorsqu’il se transforme en récit figé et incontestable. 

À force de répéter et d’enseigner une version tronquée ou mensongère de l’Histoire, qu’elle repose sur quelques faits réels ou non, cette version finit par s’imposer dans les esprits comme une vérité incontestable. Ce processus, insidieux mais puissant, transforme un récit biaisé, voire falsifié, en norme intellectuelle, acceptée sans remise en question du plus grand nombre. Lorsqu’un mensonge ou une interprétation partielle devient ainsi enraciné dans la mémoire collective, il verrouille toute tentative de relecture critique ou de débat, étouffant la pluralité des points de vue. La mémoire collective cesse alors d’être un outil de compréhension du passé dans sa complexité pour devenir un instrument idéologique, sacralisé et figé, qui déforme le réel plutôt qu’il ne l’éclaire. 

Ce récit univoque impose une vision monolithique de l’Histoire, qui façonne en profondeur non seulement la perception qu’a l’État d’Israël de lui-même, mais aussi celle qu’en ont les acteurs de la scène internationale. En érigeant une version unique et incontestée des faits, cette construction nébuleuse participe à la consolidation d’une identité nationale qui se veut homogène, tout en influençant les regards extérieurs à travers un prisme idéologique rigide. Ainsi, la complexité du réel se voit éclipsée au profit d’une lecture simplifiée, remaniée et largement diffusée, qui tend à légitimer certaines positions politiques inadmissible dans un monde moderne, tout en marginalisant toute voix critique ou alternative.

Il est manifeste que le judaïsme ne constitue pas un bloc homogène, ni sur le plan religieux ni sur le plan culturel, tant la diversité des interprétations de ses textes fondamentaux est vaste et parfois contradictoire. Ce qui est présenté comme une foi unifiée, reposant sur la Torah et plus tard le Talmud, s’avère être en réalité un corpus composite, élaboré au fil des siècles dans des contextes historiques et politiques spécifiques. La Torah elle-même résulte d’une compilation progressive de textes aux intentions variées, tandis que le Talmud, plus raciste, radical et sectaire, loin d’être une simple transmission de sagesse, reflète aussi des positionnements idéologiques suprématistes visant à affirmer une identité distincte et supérieure aux autres peuples. Ces textes, souvent sacralisés à tort, ont largement été soumis à d’innombrables réinterprétations, servant des intérêts sociaux, religieux ou politiques au fil du temps, bien avant l’émergence de courants modernistes comme le judaïsme réformé ou le sionisme. Dès lors, il apparaît difficile de les considérer comme une base historique fiable ou comme un socle identitaire univoque, tant leur contenu est mouvant et tributaire de lectures contextuelles.

D'autant que de nos jours, une part croissante des Juifs considère la Torah et le Talmud non plus comme des révélations divines, mais comme des témoignages historiques dont la portée est essentiellement contextuelle, tributaire de l’époque et des circonstances de leur rédaction. Cette relecture s’accompagne d’un éclatement profond des interprétations, à tel point que l’idée même d’une identité juive cohérente et unifiée devient une fiction intenable. Chaque courant du judaïsme moderne, orthodoxe, réformé, conservateur, laïque, sioniste ou ultraorthodoxe, s’approprie ces textes selon sa propre grille de lecture, les adapte à ses besoins idéologiques ou spirituels, et les instrumentalise pour asseoir sa propre légitimité. 

Ce processus de fragmentation transforme ce qui aurait pu constituer un socle commun en un champ de tensions multiples, où les textes deviennent des leviers de pouvoir, de distinction, voire d’exclusion. Pour certains, ils nourrissent des visions théocratiques, suprémacistes ou ouvertement racistes ; pour d’autres, ils servent de support à des projets politiques ou à des aspirations théologiques divergentes. Mais tous, quel que soit leur positionnement, tendent à y projeter une dimension messianique, révélatrice d’un désir profond d’exceptionnalité et de finalité transcendante, souvent au détriment d’une lecture critique ou d’un rapport apaisé à l’Histoire et à l’altérité.

En définitive, le judaïsme moderne apparaît comme un patchwork hétéroclite de croyances anciennes et souvent vidées de leur sens originel et détournées au profit d’intérêts matériels, identitaires ou politiques. Les discours sur une prétendue unité religieuse et culturelle ne servent alors que de façade, masquant une réalité profondément fragmentée et traversée par des tensions internes irréconciliables. Cette pluralité, loin de chercher une véritable cohérence ou un dialogue constructif, tend parfois à s’ériger en principe de supériorité, nourrissant des ambitions d’influence universelle, voire de domination symbolique et idéologique à l’échelle mondiale. Ce décalage entre le discours d’unité et la réalité d’une diversité instrumentalisée révèle donc une utilisation stratégique de la religion, non comme source de spiritualité partagée, mais comme vecteur de pouvoir, d’exclusion et de légitimation d’objectifs qui dépassent largement le cadre du religieux.

Cependant, l’idée saugrenue d’un "peuple élu", profondément enracinée dans la tradition judaïque, continue de jouer un rôle central dans l’imaginaire collectif et dans le discours politique israélien contemporain. Cette croyance, qui puise ses origines dans certains passages bibliques affirmant une relation particulière entre Dieu et le peuple d’Israël, est régulièrement mobilisée pour justifier des positions identitaires ou géopolitiques, allant à l'encontre de l'apaisement recherché par les peuples du monde entier. 

Pourtant des figures politiques de premier plan, comme Benyamin Netanyahou, l'ont explicitement invoquée, notamment lors d’un discours télévisé en 2023, où il affirmait la singularité historique et spirituelle du "peuple juif", allant jusqu'à stipuler sa supériorité sur les autres peuples du monde. Ce type de rhétorique raciste, s’appuyant sur un statut d’exception supposé, bien qu'absurde, contribue à nourrir un sentiment de légitimité absolue, qui est utilisé pour écarter toute critique ou remettre en cause certains choix politiques rétrogrades. En s’ancrant dans une logique d’élection divine, ce discours renforce une vision particulariste du monde, où la nation israélienne se présente non seulement comme unique, mais aussi comme détentrice d’un droit moral supérieur, indépendamment des dynamiques historiques ou des exigences du droit international.

Cette conception fantasmée, à la fois viciée et fallacieuse, constitue pourtant l’un des fondements idéologiques de la politique identitaire de l’État illégal d’Israël. Elle s’appuie sur une vision totalement mythifiée du passé, qui cherche à établir une continuité directe entre un Israël biblique décrit dans la Torah et l’État moderne colonisateur et expansionniste, malgré l'absence formelle de fondement solide, selon les standards de la recherche historique contemporaine. Car selon des découvertes archéologiques récentes, l'Israël biblique tel que décrit dans les cinq premiers livres de la Bible, ainsi que dans les livres de Josué, des Juges et de Samuel, n'a jamais existé ! Les archéologues suggèrent même que Juda et Israël n'ont jamais formé une entité politique unie et ont entretenu très peu de liens entre eux.

Des historiens comme Shlomo Sand ont par ailleurs vigoureusement contesté cette narration, démontrant que la notion de peuple juif homogène, descendant en ligne directe du royaume de David, ne résiste pas à l’analyse rigoureuse des sources historiques et archéologiques. Ces nouvelles informations remettent en cause l'histoire glorieuse des rois David et Salomon, considérée comme l'âge d'or de la Terre promise. Selon les archéologues, ces deux rois n'ont jamais gouverné le royaume fabuleux décrit dans la Bible, mais étaient plutôt des chefs de clan dont le pouvoir administratif s'étendait uniquement sur la région montagneuse qu'ils contrôlaient.

L’idée d’un peuple juif unifié et éternel relève donc bien plus d’une construction idéologique que d’un fait historique avéré. De plus et de manière emblématique, toujours lors de son discours de 2023, Benyamin Netanyahou a invoqué la prophétie d’Isaïe, mobilisant un imaginaire religieux pour justifier des choix politiques et militaires contemporains. Or, Les découvertes archéologiques montrent également que l'aventure des patriarches Abraham, Isaac et Jacob relève plus de la saga homérique que du récit historique, et que l'Exode, l'épisode qui conte la libération des Hébreux du joug égyptien grâce à Moïse, n'est qu'un produit mythologique. Sans oublier que la conquête de Canaan par Josué, le successeur de Moïse, n'a, elle non plus, jamais eu lieu.

Ce recours aux textes sacrés à des fins de légitimation étatique illustre un usage instrumentalisé du religieux, où des références bibliques sont détournées pour conférer une légitimité morale à des actions critiquées sur le plan du droit international ou des principes humanitaires élémentaires. En sacralisant ainsi la politique par le biais du religieux, les dirigeants israéliens occultent les débats critiques, étouffent les voix dissidentes et renforcent un récit nationaliste excluant, difficilement compatible avec les exigences d’un État démocratique moderne.

Et ce type de discours est de plus en plus perçu, y compris par de nombreux observateurs et intellectuels à travers le monde, comme une tentative abjecte de légitimer des actions hautement controversées en les enveloppant d’un vernis religieux archaïque. Présenter des opérations militaires, aux conséquences dramatiques pour les populations civiles, comme l’accomplissement de prophéties millénaires revient à détourner des croyances anciennes à des fins de justification politique, au mépris des principes éthiques et des réalités contemporaines. Ces références à des prophéties religieuses, souvent illusoires et détachées des connaissances historiques et scientifiques modernes, ne peuvent ni masquer la gravité des faits ni absoudre les responsabilités engagées. En aucun cas, elles ne sauraient constituer une justification morale ou politique aux massacres répétés et systématiques perpétrés contre les civils palestiniens à Gaza. 

Pour beaucoup, ces violences, qui dépassent les cadres du droit international humanitaire, relèvent non seulement de crimes de guerre, mais soulèvent également la question, de plus en plus débattue, de l’intention génocidaire. Face à cela, l’invocation de mythes religieux apparaît non seulement inopérante, mais profondément cynique, dans un contexte où des milliers de vies sont détruites sous prétexte de légitimités divines que plus rien ne peut rationnellement soutenir.

Pour bien saisir l’ampleur de cette mystification, il est essentiel de comprendre que le peuple qui se désigne aujourd’hui comme "juif " a traversé la majeure partie de son histoire sans structure politique propre, ni identité culturelle unifiée. Dispersé à travers le monde, souvent intégré, assimilé ou influencé par des sociétés très diverses, ce peuple s’est constitué au fil du temps davantage par des expériences d’exil, d’adaptation et de résilience que par la continuité d’une entité nationale homogène. Ce parcours diasporique, loin de dessiner une nation au sens classique, a donné lieu à une diversité de cultures, de langues, de pratiques religieuses et de visions du monde, parfois radicalement opposées. 

Pourtant, à travers un lent processus de reconstruction idéologique, cette réalité plurielle a été remodelée pour servir une narration nationale cohérente, unifiée et linéaire. Cette entreprise de réécriture a progressivement forgé l’illusion d’un peuple juif ancien, indivisible et éternel, relié par une essence commune et une histoire ininterrompue, alors même que les preuves archéologiques, historiques et anthropologiques contredisent largement cette vision. Ainsi, c’est sur cette base reconstruite, largement déconnectée de ses racines historiques concrètes, qu’a été élaborée l’idée d’une "nation juive" légitime, prête à être "réactualisée " par le projet sioniste, au mépris des réalités multiples qui composaient jadis ce groupe humain.

Ce récit fallacieux et reconstruit, à force d’être enseigné, relayé dans les discours politiques et diffusé à travers les institutions éducatives et culturelles, a fini par s’imposer comme une vérité historique que beaucoup de juifs considèrent aujourd’hui comme indiscutable. En naturalisant cette version de l’histoire, on occulte les nombreuses divergences, les contradictions internes, les ruptures chronologiques et les contextes socio-politiques variés qui ont pourtant façonnés l’identité juive à travers les siècles. Et ce processus illustre parfaitement comment une construction idéologique postérieure peut, par sa répétition, se figer en dogme collectif, devenant un carcan intellectuel qui verrouille la réflexion critique. Il réduit la richesse des expériences juives à une lecture homogène et linéaire du passé, disqualifiant toute tentative de complexification ou de remise en question. Ce récit simplifié, voire mythifié, ne laisse que peu de place à la pluralité réelle des parcours historiques juifs, et fonde ainsi une identité nationale plus enracinée dans une légende fondatrice que dans une mémoire lucide et assumée, avec ses tensions, ses évolutions et ses discontinuités.

En réalité, les Hébreux historiques du Levant, loin de constituer un peuple à l’existence continue et stable, ont été successivement conquis, dispersés, assimilés ou anéantis par les grandes civilisations qui ont dominé la région comme les Égyptiens, les Babyloniens, les Grecs, les Romains, puis bien plus tard les Ottomans. Leur empreinte matérielle et archéologique dans la région est extrêmement ténue, presque anecdotique au regard de l’ampleur des revendications territoriales actuelles. Il est donc profondément malhonnête de brandir cette présence antique comme justification exclusive et sacrée de la dépossession d’un peuple vivant. D’un point de vue historique, culturel et génétique, les Palestiniens contemporains sont sans doute bien plus proches des populations sémites originelles du Levant que les colons ashkénazes venus d’Europe centrale ou orientale au XXe siècle, mus par un projet nationaliste construit en rupture avec la réalité locale. 

Revendiquer, au nom d’un passé largement mythifié, la terre d’un autre peuple au prix de l’expulsion, de l’occupation militaire et désormais de massacres de masse, revient non seulement à tordre l’Histoire, mais à piétiner les principes élémentaires de justice, de décence et d’humanité. Ce renversement du réel, où les descendants probables des anciens Hébreux sont traités en intrus sur leur propre sol, constitue une des plus cyniques opérations de légitimation du colonialisme moderne, déguisé sous les oripeaux du droit divin et du récit national sacralisé.

D'ailleurs plusieurs, sinon la majorité, des premiers ministres israéliens depuis 1948 sont originaires d'Europe centrale et n'ont rien de sémites. Par exemple, David Ben Gourion (1948-1954, 1955-1963), qui a été le premier Premier ministre d'Israël, est né en Pologne et a été élevé dans une famille sioniste. Moshé Sharett (1954-1955) est né en Russie, il a immigré en Palestine en 1906. Levi Eshkol (1963-1969) est né en Ukraine et a immigré en Palestine en 1914. Golda Meir (1969-1974), première femme premier ministre est née aux États-Unis, elle a immigré en Palestine en 1921. Menahem Begin (1977-1983) est né en Pologne et a immigré en Palestine en 1942. Itzhak Shamir, qui a servi comme Premier ministre de 1983 à 1986 puis de nouveau de 1986 à 1992, a également des origines ukrainiennes. Cependant, il est important de noter que certains d'entre eux ont changé leur nom d'origine européenne pour renforcer leur lien avec la région, ce qui soulève encore des questions sur l'identité et l'appartenance.

Quant à l'actuel premier ministre, Benyamin Netanyahou, s'il est né à Tel Aviv, en Israël, il a passé la majeure partie de son enfance aux États-Unis. Il est né dans une famille militante du sionisme révisionniste. Son père, Bension Netanyahou, était le secrétaire de Zeev Vladimir Jabotinsky, le père spirituel de la droite israélienne, d'où naîtra plus tard le Likoud.

Jabotinsky était un dirigeant majeur du sionisme, qui a développé une idéologie sioniste révisionniste visant à créer un État juif sur les deux rives du Jourdain, avec surtout une approche militarisée. C'est cette idéologie sioniste révisionniste, fondée sur l'idée d'un État juif fort et sécurisé, qui a influencé la pensée politique de Benyamin Netanyahou. Nous y reviendrons dans un prochain article sur le sionisme et sa narration dévoyée, mais imposée par le chantage, la victimisation à outrance et la corruption, aux autres nations.

Mais continuons donc par le commencement de cette histoire totalement fantasmée d'un peuple prétendument "élu" par un dieu hypothétique, dont la seule réalité tangible est celle d'un mythe soigneusement tissé par des écrivains hébreux, bien loin de toute révélation divine. Ce récit n’a en réalité aucun autre fondement que celui d’un roman, conçu et réécrit au fil des siècles, nourri par les contes et légendes orales qui, la nuit venue, animaient les soirées autour du feu de ces nomades, gardiens de troupeaux, désireux de se donner une contenance ethnique et des racines ancestrales pour justifier leur existence précaire dans un monde sans écriture ni pouvoir. 

Ce n’est ni une vérité historique, ni un héritage immuable, mais une construction idéologique, façonnée à mesure que les générations de scribes se succédaient, cherchant à répondre aux enjeux politiques et sociaux de leurs époques respectives. Ce dieu omnipotent, mais jaloux et violent, bien qu'imaginé et projeté à travers des récits mythologiques, n’est au fond qu'un outil de légitimation, un prétexte pour imposer une identité unifiée là où la réalité de l’histoire juive était celle de la dispersion, du métissage et de la multiplicité des influences. Il est donc absurde et dangereux de faire de ce mythe la pierre angulaire d'une prétendue légitimité sur des terres revendiquées par un peuple qui, lui, vit encore aujourd’hui dans la région, enchaîné à la souffrance d’une occupation brutale.

Le monothéisme hébreu, loin d'être l’aboutissement spirituel d’une révélation divine pure et transcendante, apparaît plutôt comme une construction artificielle, patiemment élaborée à travers des siècles de syncrétisme, de purges théologiques et de manipulations scripturaires. Derrière l'image lisse et solennelle d’un Yahvé unique et omnipotent, se dissimule un théâtre d’ombres où s’agitent les spectres d’anciens dieux oubliés, rebaptisés et recyclés. Ce prétendu "monothéisme" n'est en réalité qu’un polythéisme camouflé, un empire divin aux identités fluctuantes, où Elohim, Azazel, Adonai, Metatron, El Shaddai et consorts sont les masques changeants d’un même pouvoir en quête d’hégémonie. Chaque nom effacé, chaque attribut absorbé, trahit une conquête d’un dieu local devenu souverain, non par révélation, mais par effacement systématique de la concurrence. 

Le Deutéronome lui-même trahit cette mascarade, cantonnant Yahvé à un peuple, à une terre, à un territoire parmi d'autres, dans un monde encore peuplé de divinités rivales. Et que dire du Psaume 82, cette anomalie biblique criante, où Dieu siège parmi d’autres dieux, leur adressant des remontrances comme un chef de tribu à ses vassaux ? Le "dieu unique" n’est en réalité qu’une concentration divine précaire, une entreprise d’annihilation des anciens dieux, effacés comme s’il s’agissait d’une simple page d’histoire à réécrire.

Avant cette purge théologique, le judaïsme n'était qu'un hénothéisme, un club élitiste où Yahvé n'était qu'un dieu parmi d'autres. Ce n'était pas un monothéisme, mais une consolidation du pouvoir, un système où les dieux se partageaient le monde comme des financiers négociant des parts de marché. Cette prétention à l’unicité n’est donc qu’une entreprise de domination religieuse, un coup de force métaphysique qui, sous couvert de foi, a réécrit l’histoire sacrée à coups d’exclusions, d’absorption et de silences. Yahvé n’est pas l’Unique, il est seulement l’ultime survivant d’une guerre des dieux dont on a effacé les perdants. À travers les siècles, il n’a cessé d'éradiquer, d'anéantir, et de réécrire les traces des autres cultes, comme si leur simple existence était un affront. Une supercherie millénaire, habillée d’éternité.

Cette logique de réécriture et d’appropriation ne s’est pas limitée aux sphères théologiques puisqu'elle a irrigué l’ensemble de la culture juive à travers les siècles, contaminant jusqu’à l’idée même d’identité. De la même manière que Yahvé a absorbé et effacé les autres figures divines pour imposer son hégémonie, l’identité juive s’est construite par strates successives, mutations profondes et adaptations contextuelles, souvent loin des origines revendiquées. 

Loin d’être la transmission fidèle d’un héritage immuable, elle s’est au contraire forgée dans la discontinuité, dans la tension permanente entre mythe fondateur et réalité historique mouvante. Cette dynamique d’auto-reconstruction trouve un exemple frappant dans l’émergence du dialecte yiddish, révélateur d’un judaïsme façonné par les mondes qu’il a traversés plutôt que par une prétendue fidélité à une essence antique.

Il est donc aussi évident que l’identité juive moderne ne peut en aucun cas prétendre à une continuité directe avec le judaïsme historique, comme en témoigne de manière éclatante l'exemple du yiddish. Ce dialecte, qui n’a strictement rien à voir avec l’hébreu classique, est un produit des communautés juives d’Europe centrale, né au XIIe siècle dans un contexte de rencontre avec les sociétés européennes. Le yiddish, fondamentalement basé sur l’allemand, enrichi par des influences de l’hébreu, de l’araméen et même du français ancien, incarne l’adaptation des Juifs aux réalités socio-culturelles européennes, bien loin de toute continuité avec les langues et pratiques originelles des anciens israélites sémites. Plutôt que de refléter une préservation intacte d’une culture ancienne, le yiddish témoigne d’une identité juive qui a constamment évoluée, façonnée par les interactions et les circonstances géographiques dans lesquelles elle s’est trouvée. Cette langue n’est donc qu’une parmi d’autres manifestations de l’adaptabilité et du métissage qui ont marqué les Juifs au cours de leur histoire. Ce n’est ni un témoin de la continuité d’un peuple se croyant "élu", ni un vestige figé d’un passé glorieux, mais une réinvention constante, une réécriture d’une identité en perpétuelle mutation, bien loin des mythes nationalistes qui cherchent à imposer une vision homogène et figée d’un peuple supposément ancestral.

Un autre exemple flagrant de la rupture entre l'identité juive moderne et le judaïsme historique réside dans la différence abyssale entre la Torah et le Talmud. La Torah, présentée comme la parole divine pure, transmise directement au peuple juif, est censée incarner une révélation universelle, une loi divine immuable et sacrée. Pourtant, le Talmud, qui n’est qu’une compilation de débats, d’interprétations et de discussions humaines, surgit bien plus tard, à une époque où les rabbins se livraient à une réécriture incessante des textes pour s’adapter aux réalités sociales et politiques du moment. Ce texte n’a rien de divin ou d’immuable, mais est le produit d’une classe sacerdotale qui cherchait avant tout à asseoir son pouvoir intellectuel et religieux, en excluant progressivement le monde extérieur de son champ de réflexion. Loin d’être une transmission fidèle de la volonté divine, le Talmud est une tentative calculée d’imposer une version du judaïsme plus fermée, plus autoritaire, repliée sur elle-même, souvent déconnectée des idéaux d’ouverture et de solidarité universelle présents dans les enseignements originels de la Torah.

Ce système de lois, élaboré par une élite religieuse, a permis de renforcer une forme de suprématie rabbinique sur la communauté juive, tout en consolidant un sectarisme qui a nourri une identité juive excluante, profondément tournée vers l’intérieur, au détriment de toute volonté de dialogue ou de compréhension avec l’humanité au sens large. Ce décalage entre le message universel de la Torah et la réalité étriquée du Talmud reflète, elle aussi, la transformation d’une spiritualité ouverte en un système intellectuel et religieux de contrôle et de domination, profondément déconnecté des valeurs originelles qu’il prétend incarner.

Ou encore, la rupture est encore plus flagrante lorsqu'on observe la séparation abyssale entre les pratiques religieuses du judaïsme antique et celles du judaïsme moderne. Prenons l'exemple des sacrifices et des rituels du Temple de Jérusalem, qui constituaient l’essence même du culte juif antique, et qui ont été purement abandonnés après la destruction du Second Temple en 70 de notre ère. Ces rituels, loin d’être une simple formalité, étaient pourtant les fondements du culte et de l’identité juive, mais ils ont été balayés sans plus de cérémonie, comme si leur disparition n’avait aucune incidence. En l'absence du "Temple", les Juifs ont alors "réinventé" leur pratique religieuse, optant pour des synagogues et des prières. Un changement pour le moins radical qui ne relève en aucun cas d'une simple adaptation, mais bien d'une réécriture complète des fondements mêmes de leur culte. Ce virage, loin de s'inscrire dans une continuité historique, révèle donc une profonde déconnexion entre l'identité juive moderne et le judaïsme historique. À la place des sacrifices sanglants et des rituels qui avaient constitué le cœur du judaïsme antique, une nouvelle forme de religion a vu le jour, une religion édulcorée, largement déconnectée de ses racines anciennes, créée sur mesure pour répondre aux réalités politiques et sociales du moment. Et plutôt que de préserver une pratique vivante en harmonie avec son passé, cette réinvention ne fait que confirmer qu’aucune continuité réelle n’existe entre le judaïsme originel et celui qui se prétend aujourd'hui "héritier" de ce passé.

Pour en rajouter, dans le judaïsme ancien, l’identité juive ne laissait place à aucune ambiguïté puisqu'elle se transmettait par les hommes. La lignée, rigoureusement patriarcale, trouvait ses racines chez Mathusalem, figure antédiluvienne de la Genèse, avant de se prolonger à travers Abraham, fondateur du monothéisme, pour culminer avec David et son fils Salomon, rois emblématiques d’Israël. C’est sur cette architecture masculine que reposait l’appartenance au peuple "élu", une appartenance sacrée, presque aristocratique, dictée par le sang paternel. La transmission de l’identité juive était donc un monopole masculin, reflet d’une vision hiérarchique archaïque, tribale et dynastique de leur monde. 

Or, dans un retournement historique aussi radical que révélateur, le judaïsme moderne a jeté aux orties cette tradition patriarcale millénaire. À partir de l’ère post-chrétienne et sous l’influence grandissante du rabbinisme, l’identité juive s’est vue reconfigurée sur une base matriarcale, puisque c'est désormais la mère qui détermine l’appartenance au peuple juif. Un glissement aussi significatif qu’incongru, qui tranche violemment avec la logique ancestrale. Cette rupture avec la transmission paternelle,  pilier pourtant fondamental de leur tradition,  s’inscrit dans une relecture tardive et opportuniste des textes, symptomatique d’une volonté d’adaptation aux bouleversements sociaux, au prix d’un abandon des fondements initiaux.

Ainsi, sous couvert d’inclusivité, cette nouvelle définition a contribué à une dilution, voire une dénaturation, de l'identité juive originelle. Le peuple autrefois défini par la lignée des patriarches est désormais régi par un matriarcat, au sens propre comme au figuré. Une révolution identitaire qui, derrière sa façade d’ouverture, révèle les tiraillements profonds d’une tradition perdue, en quête de légitimité, dans un monde qui n’est plus le sien depuis bien longtemps.

L’émergence du christianisme a marqué une rupture brutale et irréversible avec le judaïsme ancestral. En accomplissant ce que leurs prophètes annonçaient depuis des siècles, le message du Christ a mis un terme à l’ancienne alliance fondée sur la Loi, les rituels et la généalogie tribale. Ce bouleversement radical a vidé de sa substance le pouvoir spirituel et social des élites religieuses juives de l’époque, en particulier les rabbins, qui virent leur influence s’effondrer face à cette nouvelle voie ouverte à tous, sans distinction de sang ou de caste. Refusant de disparaître avec l’ancien monde, ces maîtres religieux, devenus gardiens d’un héritage qu’ils ne comprenaient plus, se sont arc-boutés sur leurs privilèges en tordant leur propre tradition. C’est ainsi que, dans un effort désespéré pour conserver un contrôle exclusif sur l’identité juive, ils ont imposé des réinterprétations arbitraires, comme la transmission matrilinéaire, rompant avec l’ordre patriarcal originel. Une manipulation doctrinale qui ne visait rien d’autre qu’à préserver leur autorité sur un peuple dont le cœur, lui, battait déjà ailleurs.

Or, c’est sur cette base réinterprétée, voire dévoyée de la tradition, que certains courants du judaïsme moderne, notamment dans les sphères religieuses et nationalistes les plus intransigeantes, tentent de justifier des revendications territoriales sur la terre de Palestine. En s’appuyant sur une lecture littérale et idéalisée des textes anciens, souvent détachée des réalités historiques et archéologiques, ces justifications religieuses servent de socle à des projets politiques contemporains. Pourtant, de très nombreux chercheurs, historiens et même des théologiens, juifs eux-mêmes, contestent la validité de ces fondements, soulignant l’absence de continuité historique directe entre les tribus antiques d’Israël et les constructions identitaires modernes. Ce recours à une pseudo légitimité sacrée, instrumentalisée à des fins hégémoniques, témoigne d’un grave glissement intellectuel où le mythe supplante le fait, et où la foi se transforme en outil de pouvoir.

Enfin, l’émergence de l’État d’Israël en 1948 marque une rupture encore plus flagrante avec le judaïsme historique. Loin d’être l’aboutissement naturel d’une continuité religieuse, cette création politique incarne une réinvention radicale de l’identité juive à travers le prisme du nationalisme moderne. L’idée d’un "retour" à la Terre promise, brandie comme justification théologique, n’était jamais centrale dans le judaïsme antique, qui, après la chute du Temple et l’exil, avait évolué vers une spiritualité sans temple, sans terre, et surtout sans ambition étatique. C’est ce détachement du pouvoir temporel qui avait permis au judaïsme de survivre et de se transmettre pendant des siècles à travers la diaspora.

Avec le sionisme, cette tradition est subvertie au profit d’une vision profane, territorialisée et militarisée de l’identité juive. Le judaïsme cesse alors d’être une foi pour devenir un projet politique, une idéologie d’État fondée sur des mythes religieux reconfigurés pour répondre aux besoins d’une souveraineté moderne. Ce glissement transforme la mémoire spirituelle en revendication exclusive, et l’héritage ancestral en instrument de légitimation territoriale. 

Ainsi, au lieu de poursuivre la vocation universaliste et éthique qui a traversé les siècles, l’identité juive contemporaine, refaçonnée par le sionisme, se resserre autour d’une logique de frontières, de conquête et d’exceptionnalisme, en rupture directe avec l’humilité et l’exil qui avaient autrefois constitué l’essence même du judaïsme post-biblique.

De fait, il est essentiel de ne pas confondre antisémitisme et antisionisme, deux notions radicalement différentes, que certains discours cherchent aujourd’hui à amalgamer de manière fallacieuse. L’antisémitisme, sous toutes ses formes, est une haine raciale condamnable, dirigée non seulement contre les Juifs en tant que groupe ethnique ou religieux, mais, dans le contexte actuel, aussi contre les Palestiniens, eux aussi sémites, souvent déshumanisés et marginalisés dans les discours dominants. Il s'agit d'un racisme pur, profondément immoral, fondé sur la stigmatisation identitaire.

À l’inverse, l’antisionisme n’est pas une haine des Juifs, mais une critique politique, parfois virulente, certes, d’un projet étatique suprématiste et idéologique absurde qu'est le sionisme. Ce dernier, dans sa réalisation contemporaine, s’est transformé en un nationalisme exclusif, appuyé sur une lecture ethno-religieuse du droit à la terre, et structuré autour d’une logique de domination et d’apartheid. S’opposer à cette idéologie, à ses méthodes et à ses conséquences, notamment l’expropriation, la colonisation et l’oppression systémique d’un autre peuple, relève non pas de la haine, mais de la conscience morale et du refus du suprématisme, quel qu’il soit.

Délégitimer l’antisionisme en le confondant volontairement avec l’antisémitisme, c’est museler toute critique du pouvoir en place, travestir la réalité historique et empêcher tout débat sur les dérives politiques d’un projet qui, au nom d’un passé tragique, justifie l’injustice présente. Prétendre que l’antisionisme serait une forme déguisée d’antisémitisme relève d’un sophisme grossier et profondément malhonnête. C’est une stratégie de confusion délibérée, utilisée pour disqualifier toute critique du sionisme. 

Ce tour de passe-passe rhétorique, qui vise à écraser la conscience critique sous le poids de la culpabilité historique, n’est rien d’autre qu’un chantage intellectuel et du terrorisme spirituel. Et il est impératif d’y opposer une réponse ferme et sans concessions. Critiquer le sionisme n’est pas haïr les Juifs, c’est refuser l’instrumentalisation d’une foi, d’un peuple et d’une tragédie pour légitimer un projet politique profondément inique menant au génocide des habitants de Gaza et à l'invasion du Moyen-Orient par des gangsters.

Cette confusion sciemment entretenue entre antisionisme et antisémitisme ne relève pas simplement d’une erreur intellectuelle ou d’un glissement sémantique anodin. Mais elle a des conséquences profondes, toxiques et dévastatrices sur le débat public, sur la liberté d’expression et sur la capacité même à penser la justice internationale.

Dans les médias de propagande, cette équation fallacieuse a permis de criminaliser toute critique de l’État illégal d’Israël, même lorsqu’elle émane d’intellectuels juifs, de chercheurs, de défenseurs des droits humains ou d’anciens responsables onusiens. Il suffit d’évoquer la politique d’apartheid, les colonies illégales ou les massacres de civils pour être immédiatement frappé du sceau infamant "d’antisémite", dans un réflexe pavlovien destiné à disqualifier l’argument plutôt qu’à y répondre. Ce climat de terreur morale ne protège pas les Juifs, mais protège un projet politique porté par une poignée d'individus malfaisants, au prix d’un amalgame dangereux qui finit par banaliser le véritable antisémitisme.

Sur le plan politique, cette confusion est utilisée comme un outil de dissuasion, un levier de pression pour faire taire les voix dissidentes, empêcher des sanctions internationales, faire capoter des résolutions onusiennes, et maintenir l’impunité d’un État qui agit en violation permanente du droit international. Elle paralyse les institutions, fait taire les universitaires, et pousse les gouvernements à adopter des législations liberticides sous couvert de "lutte contre la haine".

Sur le plan intellectuel, elle empoisonne le débat, interdit la nuance, et transforme un projet politique suprématiste et sanguinaire, le sionisme, en dogme intouchable. Il ne s'agit plus de discuter d'une idéologie parmi d'autres, mais d’en faire une exception sacrée, soustraite à toute critique, au nom d’une culpabilité historique que l’on manipule sans scrupule. Cette sanctuarisation du sionisme constitue en réalité une trahison de la mémoire juive elle-même, mémoire qui devrait servir à combattre toutes les formes de domination, pas à en justifier de nouvelles.

En réalité, cette confusion n’est pas une maladresse, c’est une stratégie de guerre culturelle, un détournement délibéré du langage au service d’un projet de domination mondiale. Et tant qu’elle ne sera pas démantelée, il sera impossible d’avoir un débat honnête sur la question israélo-palestinienne, ni de défendre les principes universels que l’Histoire, justement, nous impose de ne jamais trahir.

De plus, l’antisémitisme n'est que du racisme, clair, net, et sans la moindre ambiguïté. Ni plus, ni moins. C’est la haine d’un groupe humain sur la base de son origine, de sa culture ou de sa religion. Point final ! Le travestir en phénomène à part, sacralisé ou mystifié, comme s’il relevait d’une catégorie morale supérieure, revient à hiérarchiser les formes de racisme et à suggérer qu’il existerait des victimes plus légitimes que d’autres. C’est non seulement dangereux, mais profondément malhonnête. 

Toutes les formes de racisme doivent être combattues avec la même intransigeance, qu’elles visent les Juifs, les Arabes, les Noirs, les blancs, les Roms ou tout autre groupe. Et réduire toute critique du sionisme à de l’antisémitisme, c’est donc non seulement un contresens intellectuel, mais aussi une insulte à la lutte contre le vrai racisme, celui qui tue, qui exclut, qui discrimine, dans la rue, dans les écoles, dans les institutions. En gonflant artificiellement la définition d’un mot pour en faire un bouclier idéologique, on désarme le combat contre ce qu’il désigne réellement.

Or, paradoxalement, ce sont bien les sionistes - venus d'Europe centrale je le rappelle - en persécutant les Palestiniens et d'autres peuples du Moyen-Orient, qui pratiquent le racisme antisémite le plus abject qui soit. En érigeant une hiérarchie raciale où les non-Juifs sont déshumanisés, dépossédés, et régulièrement victimes de violences d'État, ils appliquent les mêmes logiques de ségrégation et de domination qui ont nourri l'antisémitisme historique. Ce renversement scandaleux, où ceux qui revendiquent l’héritage de victimes se transforment en oppresseurs, est non seulement une trahison des principes universels de justice, mais une insulte à la mémoire des millions de Juifs persécutés, qui ne méritent pas de voir leur souffrance utilisée comme prétexte pour perpétrer des injustices envers d’autres peuples. Et il est grand temps de démystifier cette mascarade intellectuelle car l'antisionisme n'est ni de l'antisémitisme, ni une haine irrationnelle, mais un refus catégorique d’accepter l’instrumentalisation de la souffrance juive pour justifier des actes d’oppression envers un autre peuple. 

Il est également urgent de dénoncer cette hypocrisie grotesque qui consiste à qualifier de "racisme" des actions qui, sous couvert de "légitimité historique", imposent l'apartheid, la violence et un génocide. Quand les sionistes, au nom d'un passé tragique, continuent de persécuter les Palestiniens, ils ne font pas qu’enfreindre les droits humains, ils écrasent le sens même de la justice et de la dignité. Si l’histoire du peuple juif nous enseigne une chose, c’est que personne ne doit être au-dessus de la critique, et surtout pas ceux qui utilisent la souffrance comme levier pour perpétuer l’injustice. La vérité est simple et claire et si l’antisémitisme est une abomination, le sionisme, dans sa forme actuelle, est un crime contre l’humanité déguisé en droit historique.

L’un des outils les plus efficaces du racisme et de l’oppression systémique a toujours été la manipulation du langage. Tout comme l’utilisation du terme "sales juifs" pendant des siècles visait à déshumaniser un peuple, la désignation systématique de "terroristes" pour les Palestiniens et "extrémistes" pour les musulmans suit un schéma identique. On peut y inclure dorénavant aussi les "sales blancs" scandés par les populations immigrées en France. Cette stratégie linguistique a pour but de rendre la discrimination et la persécution socialement acceptables, en associant un peuple entier à la violence et à la dangerosité. Ainsi, l’expression "terroriste palestinien" a été si profondément implantée dans le discours occidental que la résistance palestinienne, même lorsqu’elle prend la forme d’une simple protestation pacifique, est instantanément étiquetée comme de l’extrémisme. 

En revanche, la violence d'État exercée à leur encontre est habilement requalifiée en "autodéfense". Ce traitement linguistique contribue à la déshumanisation des Palestiniens et des musulmans, qui, tout comme les Juifs autrefois accusés de propager des maladies et une corruption morale, sont aujourd’hui perçus comme intrinsèquement violents et irrationnels. Leur foi est désormais présentée comme une menace, plutôt que comme une religion.

Le véritable génie, ou plutôt, le cynisme, de cette stratégie est qu’elle crée des récits auto-réalistes. Lorsqu’un peuple est systématiquement brutalisé et opprimé, certains de ses membres, poussés à bout, se révoltent inévitablement. Ces actes de résistance sont alors utilisés pour renforcer les stéréotypes déjà enracinés, justifiant une répression plus violente. Ce cycle de violence, à la fois physique et linguistique, permet de normaliser l’oppression, de criminaliser la résistance et de perpétuer les injustices. 

Si ces mécanismes de manipulation avaient été mieux compris dans le passé, peut-être aurions-nous évité certains des drames historiques que nous connaissons aujourd'hui. Pourtant, tout comme l’identité juive a été façonnée par des siècles de récits imposés, l’identité palestinienne est aujourd’hui construite à travers des narrations extérieures, souvent écrites par ceux qui cherchent à effacer son histoire.

Cette manipulation de l’histoire n’est pas nouvelle. Pendant des siècles, les récits bibliques ont été traités comme des faits historiques, non pas parce qu'ils étaient prouvés, mais parce qu’ils étaient politiquement utiles. La Bible, la Torah et maintenant le Talmud, ont servi de base pour l’édification d’un récit national juif qui a, au fil du temps, légitimé la création de l’État illégal d’Israël. Cependant, l’archéologie moderne révèle que les événements bibliques majeurs sont souvent soit inexistants, soit grandement exagérés. Comme déjà précisé précédemment, aucune preuve tangible ne soutient l'existence d’un grand royaume israélite sous David et Salomon. Les fouilles n'ont jamais découvert de palais, forteresses ou grandes villes correspondant aux descriptions bibliques. Au contraire, les régions historiquement connues étaient dominées par les Égyptiens, Babyloniens, Perses, Grecs et Romains, des puissances impériales qui ont méticuleusement documenté leurs conquêtes et qui ne mentionnent que marginalement ce "royaume d'Israël". Le soi-disant "royaume unifié" de David et Salomon n’existe que dans les textes religieux, comme une fiction politique façonnée des siècles après les événements.

L’une des tactiques les plus dangereuses de ce projet est la destruction programmée des symboles religieux palestiniens. Des groupes extrémistes israéliens ont ouvertement exprimé leur désir de détruire la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem pour la remplacer par un troisième temple juif, croyant que cet événement précipiterait l’avènement du Messie. Ce projet apocalyptique est soutenu par une partie significative des chrétiens évangéliques aux États-Unis, qui, loin de se soucier du sort des Juifs, croient que cette expansion d’Israël est nécessaire pour accomplir des prophéties bibliques aussi fallacieuses qu'insupportables.  

Dans cette logique de falsification historique, l’idée même d’un "judéo-christianisme" s’inscrit comme un autre mythe construit sur un mensonge sémantique. Car en réalité, judaïsme et christianisme reposent sur des fondements incompatibles, tant sur le plan théologique que culturel. Ce terme, pourtant largement répété, participe à brouiller les repères et à rendre acceptable une opposition pourtant irréconciliable. 

Cette imposture idéologique sera au cœur de notre prochain article, où nous démontrerons comment elle s’insère dans la narration fantasmée utilisée pour légitimer le projet sioniste. Mais ces pseudos chrétiens sans culture, ni savoir (ces crétins donc) soutiennent pourtant financièrement des groupes extrémistes israéliens et font pression sur le gouvernement américain pour qu’il poursuive des politiques interventionnistes au Moyen-Orient, afin de préparer le terrain pour une "bataille finale" d’Armageddon. Cette force idéologique, profondément enracinée dans la politique des États-Unis et dans l’influence d’organisations comme l'AIPAC, est l’un des moteurs qui soutiennent un des pires système colonial de domination et de répression sanglante.

Le sionisme, en dépit de sa façade de mouvement de libération, repose clairement sur une falsification historique profonde et délibérée. Une partie importante des Juifs modernes, notamment les Ashkénazes, ne sont même pas des descendants directs des anciens Hébreux, mais essentiellement des Européens, principalement originaires de régions comme l'ancienne Khazarie, l'Ukraine, la Pologne et la Russie. Leurs ancêtres se sont installés en Europe après des siècles de migrations et de conversions, et non après une dispersion du Moyen-Orient. 

Ainsi démontrée, l’idée de "retour" en Palestine, au début du XXe siècle, n’a pas été fondée sur des liens ancestraux réels, mais sur la volonté de résoudre le "problème juif" en Europe en déplaçant les populations juives vers un nouvel État, plutôt que de les intégrer dans les sociétés européennes.

Le sionisme, à ses débuts, ne visait pas à restaurer une patrie ancestrale, mais à créer une solution politique pour un problème géopolitique européen. En réalité, les puissances impériales européennes, notamment la Grande-Bretagne, ont vu dans le mouvement sioniste un moyen d'installer une colonie de peuplement européenne au Moyen-Orient, un projet conforté par la Déclaration Balfour de 1917. Et non pas après la shoah, comme certains tentent de le faire croire encore de nos jours. Mais ce projet n’a jamais été fondé sur un droit historique des Juifs sur la terre de Palestine, mais sur des objectifs politiques et géopolitiques de domination d'une région pétrolifère et stratégique.

La fabrication de ce récit historique a alimenté des politiques d'occupation et de colonisation qui ont abouti à un nettoyage ethnique écœurant des Palestiniens. Le système d’apartheid qui perdure aujourd’hui en Israël est une conséquence directe de ce projet colonial, visant à effacer l’histoire et les droits des Palestiniens pour asseoir la domination occidentale sur la région. Les véritables héritiers de cette terre sont les Palestiniens, qui, contrairement aux colons ashkénazes, ont maintenu un lien ininterrompu avec la terre palestinienne pendant des siècles.

Mais c'est ce récit falsifié qui alimente aujourd'hui un conflit sans fin. L’idée selon laquelle Israël serait la restitution d'une terre ancestrale aux Juifs continue de justifier des politiques d'agression et d'occupation inhumaines. Et en continuant à soutenir ce projet colonial, les gouvernements occidentaux sont coupables, en armant Israël, d'alimenter une guerre sans fin qui ne profite qu'aux vendeurs d'armes et aux banquiers. 

La vérité historique doit émerger pour que ce cycle de violence et d'injustice, indigne au XXIème siècle, cesse enfin. Le sionisme, loin d’être un mouvement de libération, a été un projet colonial, un récit fabriqué pour justifier la colonisation et l’expulsion des Palestiniens de chez eux et s'accaparer une terre regorgeant d'énergie fossile et occuper illégalement un carrefour commercial hautement stratégique. Si cette réalité n’est pas confrontée, mise en lumière par tous, le conflit continuera de déchirer cette région et d’alimenter des siècles de souffrance.

Ce que nous venons de démontrer, au delà du caractère clairement raciste du sionisme moderne, c’est qu’à travers un assemblage de mythes, de récits déformés et de manipulations historiques, la construction de l'identité juive moderne s'inscrit dans une série de réinventions et de réécritures qui masquent une réalité bien plus complexe. À travers l’idéologie sioniste, cette histoire fantasmée a été utilisée pour justifier un projet politique dont les conséquences, à savoir la persécution des Palestiniens, sont aujourd’hui d’une cruauté inouïe. Pourtant, il ne suffit pas de scruter l’histoire biblique ou les traditions religieuses dévoyées, pour comprendre tout l’enjeu géopolitique actuel. 

Ainsi, pour mieux saisir les origines et les conséquences de cette manipulation, dont le monde entier est désormais victime, il est nécessaire de s'immerger dans une relecture de l'histoire ancestrale des Juifs, non pas à travers les lentilles idéologiques du sionisme, mais en déconstruisant les mythes et les récits fantasmés qui ont été forgés dans la Bible pour légitimer ce projet fou. 

C’est ce que nous entreprendrons dans le prochain article, où nous dévoilerons comment les manipulations intellectuelles et sémantiques, les détournements architecturaux et les inventions romanesques énoncées dans la Bible ont été habilement orchestrés pour façonner une réalité parallèle, servant de base à l’expansion sioniste et à la perpétuation d'une narration qui dissimule les véritables enjeux politiques et humains mis en œuvre dans le monde entier par ces biais.

La suite au prochain article …

Phil BROQ.

Blog de l'éveillé

La suite ici : Partie 3

Le Premier ministre israélien David Ben Gourion, entouré par les membres du Conseil national juif, proclame la création de l'Etat d'Israël, le 14 mai 1948 à Tel-Aviv. (AFP.com)


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