QUAND L’OCCIDENT DANSE AU BORD DU GOUFFRE
Il vient toujours une heure où les empires pourrissent de l’intérieur. Non pas parce qu’on les attaque, mais parce qu’ils se sont construits sur des mensonges si lourds qu’ils finissent par s’y noyer. Nous sommes témoins d’un spectacle morbide où l’Occident, loin de s’interroger sur sa propre décadence, choisit délibérément de plonger le monde dans le chaos.
La guerre, dans cette logique perverse, devient non plus une tragédie à éviter, mais la panacée universelle à laquelle on sacrifie la raison, la diplomatie, et même la vérité. L’Occident, vieux roi fatigué, maquille son agonie d’un vernis martial, joue les matamores sur les planches orientales, et s’acharne à faire résonner les tambours de la guerre contre la Russie ou l’Iran pour couvrir le fracas de sa propre déliquescence.
La guerre est devenue son opium, sa drogue dure, sa diversion ultime. Il ne cherche plus la paix, il la redoute. Car la paix, elle, impose l’introspection. Et cela, l’Occident ne s’y risque plus. Il préfère faire trembler le monde plutôt que d’affronter son propre vide. Ainsi, dans ce tableau sombre, l’Occident s’acharne à dresser des murs, à ériger des barrières intellectuelles et militaires. La Russie, objet de toutes les accusations, est peinte en monstre, tandis que l’Iran est présenté comme une menace existentielle. Cette accusation est par ailleurs dénoncée par Téhéran comme état une pure "menace imaginaire". La récente "guerre des douze jours" entre Israël et l’Iran, marquée par l’intervention directe et illégale des États-Unis, illustre à merveille cette stratégie d’agression unilatérale, sans droit international, sous couvert d’anti-terrorisme, mais en réalité dans le but cynique de maintenir la mainmise occidentale sur une région stratégique.
Mais cette stratégie est en train de se retourner contre ses instigateurs. Le traité de partenariat stratégique global signé entre l’Iran et la Russie, prolongé pour vingt ans, incarne un tournant majeur. Refusant la subordination à l’Occident, ces pays ouvrent la voie à une coopération multipolaire, fondée sur la souveraineté, le respect mutuel et la résistance aux sanctions illégales. Ce modèle de solidarité régionale, soutenu par les puissances émergentes des BRICS, annonce le déclin irréversible de l’unilatéralisme occidental, jadis pilier de sa domination.
Depuis les attaques du 7 octobre 2023, orchestrées par Netanyahou et ses sbires afin de justifier leurs agressions permanentes, le Moyen-Orient est redevenu, comme toujours, le terrain de jeu préféré des pyromanes géopolitiques. Mais cette fois, les allumettes sont trempées dans l’essence du désespoir occidental. Le conflit ne saurait être isolé et s’inscrit désormais dans une spirale plus vaste en vue d’une recomposition brutale de l’échiquier régional. La chute de Bachar el-Assad, événement longtemps fantasmé dans les chancelleries occidentales, n’a absolument pas apporté la stabilité tant espérée. Elle a simplement ouvert un vide, propice à toutes les manipulations, toutes les ingérences, toutes les escalades.
Et voici que l’Occident, sous couvert de lutte contre le terrorisme, contre les régimes "voyous", contre l’axe du "mal", désigne encore et toujours l’Iran, pays pourtant souverain et rebelle a l’hégémonie américaine, comme l’ennemi de substitution parfait. Téhéran, que l’on accuse désormais de tous les maux, est cloué au pilori médiatique de la propagande occidentale comme une bête préhistorique que l’on voudrait voir disparaître pour mieux effacer les fautes de nos propres démocraties chancelantes. Mais l’Occident ne défend plus des valeurs, il vend des armes.
Le récit occidental s’est mué en dogme, intolérant et absolu. Plus aucune place n’est laissée au doute, au questionnement ou à la complexité. La dissidence, jadis le souffle même de la pensée critique, est aujourd’hui criminalisée, réduite à un acte presque subversif. S’opposer, réfléchir autrement, c’est désormais se condamner à l’exil intellectuel ou à la marginalisation sociale. Cette guerre culturelle prélude à la guerre militaire : dans les esprits, les mots "dialogue" et "négociation" ont été effacés, balayés par un langage guerrier et manichéen qui invite à la confrontation aveugle. Le vernis démocratique s’écaille, laissant apparaître la peau nécrosée d’un système qui ne tient plus que par l’ignorance programmée et la violence d’État.
Le peuple occidental, étranglé par un système qui le muselle et le divise, devient spectateur d’un scénario qu’il ne contrôle plus. Les anciennes générations, résignées, voient leurs voix étouffées par une machine politico-médiatique implacable. Quant aux jeunes, sacrifiés sur l’autel de la superficialité numérique, ils naviguent dans un océan de distractions futiles, leur pensée vidée, leur engagement réduit à un clic, un "like" interchangeable. Privés de parole, privés de pensée, ces citoyens du smartphone vivent dans un monde où la frontière entre le vrai et le faux, le profond et le superficiel, est devenue illisible. La société occidentale s’appauvrit, se rétrécit, se déshumanise.
Ce délabrement spirituel, culturel et intellectuel accompagne le déclin matériel d’une civilisation autrefois rayonnante. La course effrénée à la prédation des ressources, l’étalon-or qu’est devenu l’argent, ont creusé les inégalités et détruit le sens. En lieu et place d’une éthique de coopération, l’Occident offre aujourd’hui une éthique guerrière, un impérialisme brutal qui renonce à ses idéaux libéraux pour embrasser la logique du conflit permanent.
Mais l’Iran, tout comme Poutine, n’a jamais manqué de dénoncer cette entreprise de diabolisation. Ses missiles balistiques, nous dit-on, représenteraient une menace existentielle. Le terme sent la rhétorique préfabriquée, le lexique d’estrade, celui que l’on ressort chaque fois qu’il faut justifier l’injustifiable. Le régime iranien, sans nier sa capacité à répondre, affirme pourtant ne pas chercher la guerre. Et c’est exactement ce que fait la Russie. Ce qui est un fait ! Or, ce qui dérange, c’est justement cela et que ces pays puissent tenir tête à la folie qui s’est emparée des néocons, toujours assoiffés de sang et de dette et qu’ils puissent refuser et démontrer au monde entier ce rôle de pantin désigné.
Dans le même temps, l’Occident et particulièrement l’union des mafias européennes se fissure de toutes parts. Son peuple, ce grand corps électoral jadis souverain, est bâillonné sous des lois d’exception, matraqué sous prétexte de sécurité intérieure, infantilisé à coups de discours creux et d’urgences sans cesse fabriquées. La guerre à venir n’est pas seulement extérieure, mais est d’abord intérieure. C’est une guerre contre la lucidité, contre la dissidence, contre la fatigue de citoyens de plus en plus conscients que le vernis démocratique s’effrite à vue d’œil.
L’Occident veut la guerre, non par désir de puissance, mais par peur de sa propre impuissance. Il cherche à exporter le chaos pour ne pas l’affronter chez lui. La Russie, adversaire idéal depuis 2014, incarne le repoussoir historique à tous ces esprits dégénérés qui ne jurent que par la destruction de l’humanité. Ils sont Slaves (blancs), orthodoxes (croyants), nationalistes (fiers), souverainiste (virils), militairement puissants et économiquement autonomes. Elle est l’anti-Occident par excellence. L’Iran, de son côté, coche aussi toutes les cases qui effraient ces gangsters en cols blancs, en tant que république islamique, autonome et détachée des banques centrales, d’une civilisation pluri centenaire fière, d’une puissance régionale non alignée malgré les embargos, et surtout totalement insoumise à l’ordre décadent occidental.
L’objectif n’est plus d’établir un ordre mondial juste, mais de préserver coûte que coûte une hégémonie vacillante. Et puisque les peuples ne suivent plus, il faut les distraire, les diviser, les assommer de récits simplistes. Le dialogue est mort. La diplomatie est enterrée. Ne restent que les slogans stupides comme "axe du mal", "menace existentielle", "sécurité nationale". Tous ces mots vides qui masquent l’indigence d’un empire en phase terminale. Mais face à cette logique guerrière, une réponse s’organise. L’Iran et la Russie, deux nations que l’on aurait voulu isoler, s’unissent pour former un contre-modèle.
C’est la raison pour laquelle l’entrée en vigueur du Traité de partenariat stratégique global entre ces deux pays (Iran-Russie) marque un tournant décisif dans la dynamique internationale contemporaine. Ce traité, qui couvre une période de 20 ans, n’est pas simplement un approfondissement des relations bilatérales entre les deux puissances, mais un véritable modèle de convergence contre l’unilatéralisme occidental et ses instruments de pression. En créant des circuits financiers et technologiques alternatifs, en tissant une coopération multilatérale à l’abri des injonctions de Washington et de Bruxelles, ils dessinent les contours d’un monde post-occidental. Car ce que l’Occident redoute le plus, ce n’est pas la guerre, c’est de ne plus pouvoir dicter la paix.
En effet, loin de se contenter de relations temporaires ou conjoncturelles, l’Iran et la Russie affirment, par cet accord, leur volonté de bâtir une coopération pacifique durable et orientée vers l’avenir, loin des dépendances imposées par les grandes puissances occidentales. Ce partenariat est le fruit d’une histoire partagée, des besoins stratégiques mutuels, et de l’évolution du système mondial, dans lequel les États indépendants se tournent désormais vers des alliances régionales et multilatérales, privilégiant des solutions collaboratives plutôt que l’imposition de modèles unilatéraux.
Face à l’intensification des sanctions économiques et des pressions diplomatiques, notamment de la part des États-Unis et de l’Union européenne, qui continuent d'appliquer des résolutions hostiles contre l’Iran et de saisir des actifs russes, Téhéran et Moscou ont opposé une résistance ferme. Leur volonté de résister aux extorsions occidentales est claire puisqu'en rejetant ces manœuvres coercitives et en cherchant des solutions juridiques et diplomatiques, ils ouvrent la voie à la création de mécanismes alternatifs, tels que des canaux financiers et commerciaux indépendants. Ces initiatives permettront non seulement de neutraliser l’effet des sanctions, mais aussi de renforcer le développement national des deux pays, consolidant ainsi un nouvel axe stratégique, à la fois économique, technologique et politique, qui redéfinit les rapports de force sur la scène mondiale.
Mais dans cette fresque tragique, le Hamas est en voie de marginalisation, le Hezbollah est affaibli, et les alliances régionales de l’Iran se fragmentent sous les coups de butoir des occidentaux. Ce sont là autant de prétextes pour activer le levier militaire et entrainer le monde entier dans le chaos que les mondialistes chérissent tant. Mais ce que l’on refuse de dire, c’est que l’ennemi principal de l’Occident n’est ni le terrorisme, ni Téhéran, ni Moscou, c’est le miroir qu’il leur tendent. Ce miroir qui renvoie l’image d’un modèle épuisé, incapable de se réinventer autrement qu’en ressuscitant les vieux démons de la guerre froide et de la croisade morale. Ce miroir tendu à l’Occident est insupportable car il reflète une vérité trop nue d’un empire qui ne règne plus que par la peur, la dette et la destruction.
Pourtant le pacifisme iranien, tout ambigu soit-il, à l’instar de la patience infini des russes, ne saurait suffire à calmer les ardeurs bellicistes de ceux qui n’ont plus rien à offrir à leur population que la peur et la diversion. On musèle, on stigmatise, on interdit. Et pendant ce temps, les élites atlantistes, elles, brandissent les drapeaux de la guerre comme on agite des chiffons rouges devant un taureau affolé. Ce n’est pas la paix que l’Occident prépare. C’est une fuite en avant, une course désespérée pour retrouver, dans les cendres d’un Orient ravagé, l’illusion perdue de sa grandeur passée. Mais l’Histoire ne se laisse pas duper indéfiniment. Elle juge, elle pèse et finit toujours par faire tomber les masques.
L’Occident, en proie à ses contradictions, persiste pourtant dans cette fuite en avant guerrière. Mais cette fuite n’est qu’un ultime souffle, une tentative désespérée d’imposer un récit militaire à une réalité plurielle, complexe et mouvante. Le déclin n’est pas qu’économique, il est surtout civilisationnel, symbolisé par cette peur panique de l’altérité, cette fermeture sur soi qui étouffe la créativité, le dialogue et l’innovation. Le peuple occidental est anesthésié. Les vieux, résignés, répètent ce qu’on leur dit de penser. Les jeunes, abrutis par un flux continu de vide numérique, confondent dissidence et "like", engagement et stories Instagram. On ne débat plus, on sélectionne son camp comme on coche une case. L’information se réduit à ce qui peut être affiché sur un écran de smartphone. Le savoir devient suspect, la pensée devient subversive.
La véritable guerre commence là, dans la tête. Quand la nuance devient trahison, quand le doute devient hérésie et quand la dissidence devient terrorisme intellectuel. Et tandis que l’on bâillonne, stigmatise, et matraque sous prétexte de sécurité, les élites occidentales, elles, déroulent leur feuille de route belliciste. Les peuples ne votent plus, ils ratifient. Les armées ne défendent plus, elles envahissent et la liberté n’est plus qu’un mot creux qu’on grave sur des bombes.
Il revient donc à ceux qui refusent la fatalité de cette époque de reprendre la parole, de résister à la logique belliqueuse, de s’appuyer sur leur histoire, leur culture et leur identité pour offrir une alternative crédible. La paix, la coopération et l’amitié entre les peuples ne sont pas des utopies mais des nécessités vitales, les seuls antidotes à la guerre fabriquée et aux manipulations médiatiques. Car c’est un suicide maquillé en croisade. Et dans cette marche macabre, il entraîne un monde fatigué, mais de plus en plus lucide. Car partout, des peuples relèvent la tête.
Ce n’est pas seulement un changement d’équilibre que nous vivons, c’est la fin d’un récit mensonger qui provoque le chaos sur Terre. Le temps de l’Occident dominateur touche à sa fin. Et le monde entier, désormais, le sait.
Ainsi, l’Occident vidé de sens, appauvri de son esprit critique et enchaîné à ses illusions guerrières, est un géant aux pieds d’argile. Il ne tient plus que par le mensonge et la peur, et ce n’est qu’en levant le voile de ces artifices qu’un autre avenir, plus juste et plus humain, pourra enfin voir le jour. L’Occident ne tient plus debout que parce qu’il écrase. Il ne survit que par la peur qu’il sème, les guerres qu’il déclenche, les peuples qu’il endort. Mais même les géants s’effondrent, surtout quand ils ont le cœur vide et le sang gorgé de dettes.
Phil BROQ.
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