CE DOUBLE JEU DU TERRORISME DONT L'OCCIDENT EST LE PARRAIN INVISIBLE
Le terrorisme n’a pas de religion, mais il a souvent des sponsors. Et parmi eux, les plus puissants ne prient pas dans des grottes, ils négocient dans des palaces, votent des résolutions, organisent des sommets. On nous a habitués à voir dans le terroriste un homme pauvre, fanatique, désespéré, barbu. Mais ce visage-là n’est qu’un masque commode, agité comme un épouvantail pour occulter un système bien plus vaste, plus structuré, plus hypocrite. Le terrorisme ne se limite pas à la kalachnikov, il possède aussi une carte de crédit, un compte offshore, une ambassade et un siège au Conseil de sécurité de l'ONU. Il ne se cache pas dans des tunnels, il s’affiche à la Une des journaux, se justifie dans les discours présidentiels, et signe des contrats avec des multinationales.
La rhétorique occidentale a depuis des décennies érigé l’Iran en incarnation du mal absolu. Décrit comme "État sponsor du terrorisme", accusé de financer des milices, d’entretenir le chaos régional, de menacer l’ordre mondial, il sert de repoussoir commode. Mais la question est de savoir qui a le droit de décider ce qu’est le terrorisme, et surtout, qui est habilité à le désigner chez les autres sans jamais le reconnaître chez soi ? Lorsqu’un chef d’État ordonne une frappe de drone qui tue un enfant et sa famille, est-ce une opération légitime ou un acte de terreur légalisée ? Quand un embargo prive une population de médicaments, d’électricité, d’eau potable, est-ce une pression diplomatique ou un acte de guerre contre des civils ?
On nous a appris à craindre l’Iran, mais on ne nous demande jamais de regarder d’où viennent les armes, qui les fabrique, qui les vend, et à qui. Lorsqu’un Boeing rempli de bombes made in USA décolle d’un aéroport saoudien pour raser un hôpital au Yémen, cela ne trouble pas l’ordre mondial. Lorsque les civils gazaouis sont asphyxiés sous les décombres de leurs immeubles, c’est toujours au nom de la sécurité d’un autre. Le vrai terrorisme ne porte pas toujours une barbe ni un turban, non. Il porte en réalité un costume trois pièces, rédige des rapports sur la paix, et signe des décrets en évoquant la démocratie. Ce ne sont pas les peuples du Moyen-Orient qui sèment le chaos, ce sont les empires qui y installent leurs bases militaires comme des échardes dans la peau des nations.
Les exemples historiques abondent. En Afghanistan, dans les années 1980, la CIA armait les moudjahidines pour contrer l’influence soviétique. Le résultat fût un terrain miné politiquement, socialement, idéologiquement. De cette matrice naîtra Al-Qaïda. Plus tard, c’est en Irak et en Syrie que l’Occident, sous couvert d’aide à des "rebelles modérés", a laissé passer des armes, du renseignement et des dollars qui finiront dans les mains de Daech. Ce chaos n’est pas accidentel, il est fonctionnel. Il crée des ennemis qui justifient des interventions, des ventes d’armes, des alliances douteuses. L’Occident ne combat pas le terrorisme, il le sélectionne. Il le classe selon ses intérêts. Celui qui résiste à l’occupation devient "terroriste", mais celui qui achète des Rafales, des munitions ou livre du pétrole devient un "allié stratégique".
La guerre contre le terrorisme a fait plus de morts civils que les attentats qu’elle prétendait prévenir. On préfère oublier que les drones américains ont tué plus d'enfants que de chefs djihadistes présumés. Un enfant déchiqueté par une bombe dite "intelligente" reste un enfant mort, sans distinction morale entre les fragments de chair, qu’ils viennent d’un camp ou d'un autre. On accuse certains de semer le désordre, mais qui a détruit l’Irak sur un mensonge ? Qui a brisé la Libye sous prétexte de sauver son peuple ? Qui a soutenu des milices, parfois ultra-radicales, en Syrie pour renverser un régime jugé indésirable ?
Le trafic d’armes alimente cette hypocrisie. Alors que des sanctions sont imposées à des États pour leur prétendu soutien à la violence, d’autres, connus pour financer des groupes extrémistes, reçoivent tapis rouge et contrats juteux. L’Arabie saoudite, par exemple, continue de recevoir armes et soutien diplomatique malgré son rôle central dans le conflit yéménite. Israël, lui, bombarde des hôpitaux, des écoles, des journalistes, tout en criant au terrorisme lorsque quelques roquettes mal guidées sont tirées depuis Gaza. L’État qui parle le plus de paix est souvent celui qui vend le plus d’armes. Et derrière les discours d’humanité se cache un commerce de la mort qui n’a ni morale, ni limite.
On l’oublie trop souvent, mais dans les années 80, Israël a contribué à l’essor du Hamas pour affaiblir l’OLP, alors laïque et nationaliste. Diviser pour mieux régner, dresser les uns contre les autres pour que la colonisation puisse se poursuivre à l’ombre du chaos. Ce n’est pas un hasard si, depuis, chaque tentative de paix durable est torpillée. Ce n’est pas la religion qui crée le terrorisme, c’est la politique cynique de domination. Le terrorisme n’est pas né dans une mosquée, il est né dans les laboratoires de la guerre froide, nourri par la peur, par l’opportunisme et les calculs géostratégiques.
Et que dire des sanctions économiques, ces armes invisibles qui tuent sans bruit ? L’Irak des années 90 a vu mourir des centaines de milliers d’enfants sous l’effet d’un blocus implacable. L’Iran, le Venezuela, la Syrie subissent encore aujourd’hui des mesures qui asphyxient leur économie, interdisent les importations médicales, détruisent leur monnaie. Est-ce moins violent qu’une bombe ? Moins mortel qu’un attentat ? Il ne s’agit pas de défendre les régimes en place, mais de dénoncer une méthode qui consiste à punir les peuples pour faire plier les gouvernements. C’est cela aussi, le terrorisme institutionnel.
Le problème fondamental tient dans notre définition du terrorisme puisqu'elle est fluctuante, idéologique et profondément inéquitable. Elle est conçue pour protéger les intérêts de ceux qui se disent justiciers. Mais le monde ne manque pas de justice, il manque d’équité dans la manière dont on la rend. La violence légitime ne devrait pas être définie par ceux qui détiennent les armes les plus puissantes. Car à ce jeu-là, toute résistance devient un crime, toute rébellion un danger, tout cri d’opprimé un acte de haine. Vous appelez cela "ingérence humanitaire", moi j’appelle cela du "terrorisme en costume-cravate".
La conclusion s’impose d’elle-même puisque tant qu’on fermera les yeux sur le terrorisme occidental, on alimentera le cycle sans fin de la haine et de la vengeance. Le véritable combat n’est pas entre civilisations, religions ou peuples. Il est entre la vérité et l’hypocrisie. Il ne suffit pas de dénoncer les attentats, il faut aussi dénoncer ceux qui les provoquent, les financent, ou les exploitent. Si on dit que l’Iran est coupable de terrorisme, alors que dire des États-Unis, de la France, d’Israël, de l’OTAN ? Que dire de ceux qui imposent la guerre et vendent la paix à crédit ?
Il n’y a pas de guerre contre le terrorisme. Il y a une guerre par le terrorisme. Et tant que les puissants maquilleront leur violence en légitimité, tant que les bombes auront plus de valeur que les mots, il n’y aura ni justice, ni sécurité, ni paix. On peut toujours essayer de maquiller le terrorisme en diplomatie. Mais les cadavres, eux, ne mentent pas...
Toutes ces questions, et bien d’autres encore, bien plus dérangeantes, bien plus documentées, trouvent des réponses approfondies dans mon ouvrage "Autopsie d’un mensonge occidental – Le théâtre du terrorisme iranien".
Ce livre démonte, pièce par pièce, la mécanique idéologique, médiatique et géopolitique qui a transformé l’Iran en bouc émissaire préféré de l’Occident, tout en dissimulant les responsabilités écrasantes de ceux qui, dans l’ombre ou à visage découvert, financent, instrumentalisent et rentabilisent la terreur. Un récit sans fard, nourri de faits, d’archives, de témoignages et d’analyses, pour replacer les masques là où ils doivent être. C'est à dire sur les visages de ceux qui manipulent le monde en brandissant des vérités creuses comme des armes.
Phil BROQ.
Livre très intéressant. N hesitez pas à l 'acheter. Bravo phil.
RépondreSupprimerMerci à vous !
SupprimerUn excellent billet et un livre qui dit tout sans rien cacher. Un travail colossal . Merci à vous Phil !
RépondreSupprimerPour vous servir... !
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