UN MONDE À L’ENVERS OÙ L’AGRESSEUR DEVIENT VICTIME ET LA VICTIME COUPABLE !

La scène internationale est aujourd'hui envahie par une désinformation flagrante qui tente de réécrire l’histoire d'un conflit qui dure depuis plus de sept décennies. Sous couvert de bienveillance et de diplomatie, certains acteurs de la communauté mondiale tentent de présenter l'occupation israélienne des territoires palestiniens comme une situation banale et équitable. Mais en réalité, c'est un mensonge grossier, une manipulation délibérée qui dissimule une vérité tragique. Israël, loin d'être une entité légitime et pacifique, est un État colonisateur, et la Palestine, non un "futur" pays, mais une nation en lutte pour sa survie. Il est grand temps de dénoncer cette inversion des rôles et de mettre fin à l'illusion entretenue par les puissances qui, au lieu de soutenir la justice, choisissent de perpétuer l'injustice. Car dans le grand théâtre de l’injustice mondiale, l’agresseur se voit couronné de lauriers et la victime réduite à un bouc émissaire.

Le mensonge orchestré autour de la reconnaissance d’Israël en tant qu'État souverain est l’un des plus grands travestissements de notre époque. Loin d'être un modèle de démocratie et de paix, Israël est un État colonial qui a volé la terre palestinienne par la force, par la guerre et par la colonisation illégale. Pendant ce temps, la communauté internationale, aveugle ou complice, tente de masquer la réalité en faisant passer ce projet expansionniste pour une simple question de "territoire disputé" ou de "conflit régional". Mais la vérité est limpide car les colonies israéliennes, sans frontières définies, sont des avant-postes de l'occupation, des foyers de violence où se perpétue un système d’apartheid. En prétendant que ces colonies sont un "pays", l'inversion des rôles est totale. L'agresseur devient la victime, et la victime se voit accusée de crimes qu’elle subit en réalité. Une inversion des rôles à la limite de la perversion intellectuelle !

Israël, une colonie illégale et expansionniste

Le mythe d’Israël comme "terre promise" est une mascarade. Tout d'abord, rappelons que l'État d'Israël n'a jamais été fondé sur des bases légales solides. Israël n’est pas un pays légitime, mais un cancer territorial dont la métastase ne cesse de s’étendre, au mépris du droit international. Dès sa création en 1948, Israël a été imposé par la force et par l'autorité des puissances coloniales, qui ont sacrifié les droits légitimes du peuple palestinien sur la terre qu'il habitait depuis des siècles. C'est une erreur historique fondamentale de prétendre que l'État d'Israël existe sur une base de légitimité quelconque. Israël est né d'une colonisation violente et d'une occupation militaire systématique. Le territoire qu'il occupe aujourd'hui est bien plus vaste que ce qu'il avait initialement reçu en vertu du plan de partition de l'ONU de 1947, un plan rejeté par les Palestiniens et qui, de toute manière, n’a jamais été respecté.

Depuis 1948, la conquête israélienne n'a cessé de se poursuivre, s'étendant par des guerres successives et par l'implantation de colonies sur les terres palestiniennes. La politique d'Israël est celle d'une colonisation systématique, d'un vol territorial et d'une épuration ethnique déguisée. En 1967, après la guerre des Six Jours, Israël a occupé la Cisjordanie, Gaza, Jérusalem-Est et le plateau du Golan, territoires qui sont toujours sous occupation illégale aujourd'hui. La communauté internationale, pourtant, semble fermer les yeux et prétendre que cet État colonisateur est une entité légitime, soutenant son expansionnisme et sa politique d'apartheid.

La tentative d'internationaliser et de légitimer les colonies israéliennes, ces avant-postes illégaux et violents qui se sont multipliés sur les terres palestiniennes, est une opération cynique et nauséabonde qui mérite d'être dénoncée avec force. Ces colonies, souvent bâties sur les ruines de villages palestiniens dévastés, sont non seulement des territoires sans frontières clairement définies, mais elles sont également des foyers d'une violence systématique et délibérée, où l'occupant israélien commet des actes de terreur quotidienne contre la population locale. Le processus d'implantation est mené par des groupes extrémistes qui, au nom de la "sécurisation" d'Israël, organisent des agressions, des expulsions et des attaques directes contre des civils palestiniens. Ces colonies ne sont pas des communautés pacifiques, mais des bases avancées militarisées du colonialisme israélien, des points de fixation d’un projet d'extension territoriale qui a pour but de marginaliser, de détruire et de rendre impossible toute solution à deux États. Et tenter de faire passer les colonies israéliennes pour des communautés légales est une insulte à la mémoire des millions de Palestiniens expulsés de chez eux. Ces enclaves sanguinaires sont des foyers de violence, de terreur et de racisme. Accorder à ces colonies le statut d’entité légitime est une honte historique.

Il est d'une perversité absolue de vouloir faire passer ces enclaves sanguinaires et hors-la-loi pour des entités légitimes ou, pire encore, pour un "pays". L'ONU, dans sa sagesse, a dénoncé ces colonies à de multiples reprises, affirmant leur illégalité au regard du droit international, tout en condamnant fermement l'extension de la colonisation sur des terres palestiniennes occupées. Pourtant, certains acteurs, en quête de reconnaissance et de soutien à leur agenda géopolitique, tentent d’effacer cette réalité en les présentant comme une partie intégrante de l'État d'Israël, un "territoire" prétendument souverain. Cette fausse lecture de la situation ne fait que renforcer l'injustice, en inversant les responsabilités et en effaçant le caractère colonial et illégitime de ces implantations.

La Palestine, un peuple, une nation

Face à cette situation, la Palestine, de son côté, n'a jamais cessé de revendiquer son droit à l'autodétermination, une lutte incessante contre l’occupant sioniste, contre le colonialisme, pour son droit à être reconnu en tant qu'État à part entière. La Palestine n’a jamais cessé d’exister. Un peuple, une histoire, une culture millénaire sont effacés pour faire place à un délire colonial. Contrairement à ce que les discours mondialistes et les médias occidentaux veulent faire croire, la Palestine est une nation bien définie, avec son histoire, sa culture, et son peuple, ancrés dans la région depuis des millénaires.

La Palestine, en tant qu’entité géographique et historique, occupe une place centrale au cœur du Moyen-Orient, située sur les rives orientales de la Méditerranée, entre l’Égypte au sud-ouest, la Syrie au nord-est et le désert de Jordanie à l’est. D’un point de vue géographique, la Palestine historique couvre une superficie d’environ 27 000 km², incluant les territoires actuels d’Israël, de la Cisjordanie et de la bande de Gaza. 

Ce territoire, qui est le berceau de l’une des civilisations les plus anciennes de l’humanité, a été habité par des peuples sémitiques depuis plusieurs millénaires, avec une présence continue de populations palestiniennes depuis l'Antiquité. La région a été le théâtre de l'habitat de nombreux peuples, dont les Cananéens, les Hébreux, les Philistins, et a subi la domination d'empire successifs, notamment les Assyriens, Perses, Grecs, Romains, Byzantins, Arabes, Croisés, Ottomans et Britanniques.

L'Histoire de la Palestine ancestrale couvre des millénaires de présence humaine, depuis les premières traces d'Hominidés datant de plus d'un million d'années, comme celles découvertes à Ubeidiya, ou de "l’Homme de Galilée" datant d'environ 140 000 ans. 

La période moderne commence avec l'annexion de la Palestine par l'Empire ottoman au XVIe siècle, qui dure jusqu'à la fin de la Première Guerre mondiale. En 1920, la Société des Nations attribue un mandat britannique sur la région, dans le cadre duquel la Déclaration Balfour de 1917 avait déjà exprimé un soutien à l'établissement d'un foyer national juif en Palestine. Ce mandat britannique sur la Palestine a duré jusqu’en 1948, une période marquée par des tensions croissantes entre les communautés arabes et juives de la région. En 1947, l'ONU a adopté le Plan de partition de la Palestine (résolution 181), qui prévoyait la création de deux États, un juif et un arabe, avec Jérusalem placée sous régime international. Ce plan a bien évidemment été accepté par les Juifs mais entièrement rejeté par les Arabes, ce qui a conduit à la guerre de 1948, ou la Nakba (catastrophe), durant laquelle plus de 700 000 Palestiniens ont été expulsés de leurs terres, et Israël a proclamé son indépendance sur 78% du territoire initialement prévu pour l'État juif. Les Palestiniens ont perdu ainsi la majorité de leur territoire historique, et la situation géopolitique qui s'est ensuivie a consolidé la fracture territoriale.

Aujourd’hui, la Palestine, bien que théoriquement reconnue par plus de 130 pays et membre observateur de l'ONU depuis 2012 (et désormais 156 pays), demeure une région dévastée par l'occupation israélienne, la guerre et les tensions politiques internes. La Cisjordanie, qui représente environ 5 600 km² de la Palestine historique, est toujours sous contrôle israélien avec des colonies illégales s’y multipliant, tandis que Gaza, qui s'étend sur 365 km², est dirigée par le Hamas mais fait face à un blocus israélien imposé depuis 2007. En dépit des résolutions internationales et des appels à la reconnaissance d'un État palestinien, la réalité sur le terrain montre une division totale du territoire, un peuple soumis à l’occupation et des droits spoliés. La question palestinienne reste donc un défi majeur de la justice internationale, ancrée dans une histoire tragique et une géopolitique complexe.

Et il est ahurissant de voir ces mêmes acteurs qui prétendent œuvrer pour la paix et la justice internationale se complaire dans cette inversion totale des rôles où Israël, la puissance coloniale, est présenté comme une victime ; les Palestiniens, eux, sont réduits à une situation de sous-citoyens dans leur propre pays. Les accords d'Oslo, prétendant apporter une solution diplomatique, ne sont qu'une mascarade, un simple stratagème pour donner le faux semblant de progrès tout en maintenant le contrôle israélien sur les terres palestiniennes. L'Autorité palestinienne, dans ce cadre, est réduite à une gestion d'un apartheid imposé, n'ayant qu'un pouvoir limité et dépendant de la bienveillance israélienne.

Les soi-disant "avancées" de la reconnaissance de la Palestine par certains États ne sont que des gestes symboliques vides de sens. Ils ne changent rien à la situation réelle du terrain. La Palestine, dans sa réalité historique et géopolitique, est un État déjà existant, niant tout à la fois les déformations de l'Histoire et la légitimation d'un projet colonial qui se perpétue sous nos yeux.

La manipulation mondialiste de l'inversion des valeurs

Ce mensonge mondialiste, cette inversion totale des valeurs et de la morale, ne doit pas nous échapper. Ce qui était autrefois considéré comme un acte de résistance légitime à l'oppression est aujourd'hui déformé par les puissants de ce monde. Ceux qui affirment vouloir "aider" la Palestine à accéder à son statut d'État se rendent complices d'un système d'oppression qui prive un peuple de ses droits les plus élémentaires, qui l'empêche de mener une existence digne et de se gouverner lui-même.

Le discours mondialiste actuel est fondé sur des mensonges et des ambiguïtés, une tentative d'inverser les vérités historiques afin de servir un agenda global bien particulier. Sous couvert de paix et de justice, ce projet masque la véritable nature de la colonisation israélienne et rend responsable le peuple palestinien de ses malheurs. Ces discours sont non seulement erronés mais moralement répréhensibles.

Aujourd'hui, ceux qui répètent à l'envie que la Palestine doit "démontrer sa capacité à être un État" tombent dans le piège de la manipulation. La Palestine est déjà un État, un État occupé, un État sous siège. C'est Israël qui est le colonisateur, qui est l'agresseur, et c'est lui qui doit rendre des comptes. Mais de manière cynique, ce sont les Palestiniens qui sont montrés du doigt, comme si leur lutte pour la liberté était un acte illégitime. Or, la paix viendra lorsqu’Israël renoncera à sa politique d’apartheid et cessera de voler les terres des Palestiniens. La paix ne viendra pas de l’injustice !

L'illusion de la paix et l'injustice en marche

En définitive, la question de la reconnaissance de la Palestine ne doit pas être abordée sous l’angle d’une future accession à la souveraineté, comme si elle devait encore prouver sa légitimité. Le véritable enjeu est bien plus profond puisqu’il s'agit de réparer une injustice historique flagrante, de reconnaître la Palestine non pas comme une entité potentielle, mais comme un peuple dont les droits ont été systématiquement violés, un territoire occupé depuis des décennies par une puissance coloniale qui se dissimule derrière des apparences de légitimité. L’injustice réside dans le fait qu’un peuple entier a été déplacé, dépossédé, et soumis à une occupation brutale, tandis que son agresseur, l’État israélien, est présenté sur la scène internationale comme un modèle de démocratie, voire comme une victime de l’hostilité d’un peuple palestinien qualifié à tort de "terroriste" (sur ce sujet, lisez mon dernier livre : Autopsie d’un mensonge occidental).

Ce retournement de situation, cette inversion des rôles, est l’un des plus grands pièges intellectuels et moraux du discours mondialiste. En vérité, la violence dans le conflit israélo-palestinien ne provient pas de la résistance palestinienne, mais de l’occupation israélienne elle-même. C’est cette occupation, avec ses murs, ses checkpoints, ses bombardements, ses emprisonnements arbitraires et ses destructions de villages, qui est la source de la violence, non l’aspiration des Palestiniens à retrouver leur liberté et leur dignité.

Ce double discours, cette manipulation grossière de l’opinion publique, permet de distordre la perception des événements, d’inverser les responsabilités et de faire en sorte que l’opinion mondiale détourne le regard face à l'injustice flagrante qui se déroule sous ses yeux. Ceux qui soutiennent cette inversion des rôles choisissent de ne pas voir que le véritable défi, aujourd'hui, n'est pas de déterminer si la Palestine mérite un jour d'être un État, mais de comprendre que la Palestine est déjà un peuple, une nation qui lutte pour sa survie et pour ses droits face à un envahisseur qui a choisi la voie de la domination et de l’apartheid.

L’idée que la Palestine doit démontrer sa capacité à vivre en tant qu’État avant même d’être reconnue en tant que tel est une logique absurde, un raisonnement qui s’appuie sur une fausse équité entre l’occupant et l’occupé, sur un relativisme moral qui n’a que peu de fondement dans la réalité du terrain. La vérité est que la Palestine n’a jamais cessé d’exister en tant qu’entité géopolitique et culturelle, et qu’il n'y a aucun doute sur la légitimité de sa demande d'indépendance. Ce n’est pas à la Palestine de prouver qu’elle mérite son État, mais à la communauté internationale de reconnaître qu’elle a droit à son existence et que cette reconnaissance doit se traduire par la fin de l’occupation israélienne. Nous devons dénoncer cette inversion des rôles et cette culpabilisation perverse du peuple palestinien, qui se voit constamment contraint de justifier son droit à exister, comme si ce droit était une faveur à recevoir et non une condition naturelle et irrévocable de toute nation.

Cela revient à une autre forme de colonialisme, celui de l’opinion publique manipulée et déformée, qui préfère fermer les yeux sur la réalité des souffrances palestiniennes plutôt que d’affronter les implications d'une solidarité sincère et d'une justice véritable. Il est grand temps de dénoncer cette farce, de rejeter la narration imposée par ceux qui profitent du statu quo et d’exiger, sans détour, que la Palestine soit reconnue comme l’État souverain qu’elle est déjà, et que les droits de son peuple soient enfin respectés. Comme de reconnaître qu’Israël n’a pas sa place au Moyen-Orient.

Si la paix devait un jour être instaurée, elle ne viendrait pas de la soumission de la Palestine à un ordre colonial, mais de la reconnaissance pleine et entière de ses droits, de sa souveraineté et de son existence légitime en tant qu'État. L'injustice ne se cache pas dans l'acceptation timide d’une reconnaissance cosmétique, mais dans l'aveuglement délibéré de ceux qui choisissent de ne pas voir la réalité en face. Ceux qui, aujourd'hui encore, veulent masquer cette vérité, ne sont que les complices d'un système qui opprime un peuple tout en feignant de vouloir le libérer.

L’opinion publique mondiale doit cesser d’être manipulée par des discours qui confondent le juste et l’injustifiable et il est grand temps de faire cesser cette farce tragique !

Phil BROQ.

Blog de l'éveillé

La Palestine selon Eusèbe de Césarée et Jérôme de Stridon (IVe siècle)


Commentaires

  1. Magistral plaidoyer mon Cher Phil et que j'approuve dans sa totalité. Il aurait été extraordinaire que votre billet soit lu à la tribune de l'ONU hier.

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    1. Merci à vous pour votre fidélité et ce commentaire. En effet, il eut été extraordinaire que cela puisse même effleurer l'esprit de ceux qui sièges dans ce cirque diplomatique... Bien à vous!

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  2. "Une terre sans peuple pour un peuple sans terre", léonine escroquerie validée frauduleusement par un occident dont l'hégémonie anglo-saxonne ne peut plus masquer autrement que par une pernicieuse rhétorique au tonitruant, et non moins grossier, narratif le fait matériel d'une Histoire caractérisée ex post par sa chute même.
    Si le nazisme nominal, déclamatoire et furieusement déclamé, n'a du d'être supposément stoppé, fixé et daté que par sa défaite militaire à l'Est, ses prolongements telluriques n'ont que très peu été analysés, sauf par l'excellent Jean Louis Vullierme dans son opus à la philosophie d'ambition cognitive "Le nazisme dans la civilisation, miroir de l'occident"
    Opus des plus fouillés, aux termes duquel il met en perspective ce qu'il nomme "les malheurs de la cognition"...
    Passionnant essai ou il apparaît que ce qu'on appelle "les réalités matérielles" transitent par les réalités sociales telles que l'on se les représente, lesquelles sont dès lors formées d'insistantes intentionnalités.
    Point névralgique de bascule de la cognition, laquelle doit toujours se défier de tout consensus douteux, surtout s'il est d'extraction hégémonique éminemment entachée de biais idéologiques aux relents de prétention à l'univoque domination.
    Ainsi, si toute science dure se révèle et assume d'être construite, l'Histoire, d'insigne utilité politique, édifie par maints subreptices détours, tant obscurs qu'opaques ou clandestins, notre réalité telle qu'elle est travaillée, façonnée, pour être "donnée " à percevoir.
    Soit une guerre plus ou moins silencieuse, et pour autant névralgique, des archives, au terme de laquelle on aura toujours à découvrir ce que nous réserve le passé.
    Bien à vous




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    1. Je vous lis avec un vif intérêt, et je ne puis que saluer la pertinence incisive de vos propos, aussi brillamment formulés qu’intellectuellement stimulants. Il y a, dans cette dénonciation de l’imposture léonine que fut le slogan fallacieux d’« une terre sans peuple pour un peuple sans terre », quelque chose d’éminemment salutaire avec le refus catégorique de céder à l’anesthésie cognitive imposée par l’hégémonie anglo-saxonne, passée maître dans l’art de la légitimation par le récit, et ce, dans les plis les plus retors du langage. Votre référence à Jean-Louis Vullierme, penseur trop peu lu et pourtant d’une lucidité rare, est des plus à-propos. Son travail met effectivement en lumière ce que tant d’historiens évitent encore de nommer, comme l’enracinement du nazisme non pas comme accident, mais comme excroissance logique, certes monstrueuse, d’une certaine modernité occidentale portée par le culte de la puissance, du contrôle, et de la représentation univoque. Ce que vous nommez, fort justement, les "malheurs de la cognition" trouvent ici toute leur acuité. Car il est devenu impératif de penser non seulement ce que l’on nous donne à savoir, mais les chemins obscurs par lesquels ce savoir est préfabriqué, prescrit, et souvent prémâché à des fins d’adhésion tacite. L’histoire, loin d’être une science neutre, est bien cette scène de guerre symbolique où se joue le droit de dire, de taire, et d’imposer la forme du monde. Le consensus, lorsqu’il devient outil d’hégémonie, se pare alors des oripeaux du rationnel pour mieux dissimuler la violence originelle de l’idéologie qui le porte. Et c’est dans ce silence assourdissant des vaincus, dans ces archives mutilées ou enterrées, que réside encore l’enjeu d’un futur pensable. Et l’on pourrait presque dire, pour paraphraser Walter Benjamin, que l’histoire n’est jamais écrite qu’au prix du sang des anonymes, et que chaque acte de mémoire véritable est, en soi, un acte de résistance.
      Merci à vous, donc, pour cette parole exigeante, qui éclaire parfaitement, sans céder à la facilité, les failles d’un récit global trop longtemps resté univoque. Oui, décidément, c’est au passé que l’on doit encore beaucoup de vérités non révélées, et c’est à l’horizon des silences forcés que doit se lever toute pensée libre. Bien à vous !

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