LUNDI DE PÂQUES
Il y a des jours que le tumulte du monde tente d’effacer, des jours que l’homme moderne relègue au folklore ou à l’oubli, absorbé par le rythme effréné d’un monde globalisé qui ne reconnaît plus d’autre dieu que le profit, d’autre célébration que la consommation. Pourtant, dans le silence lumineux de ce matin de Pâques, l’humanité tout entière semble suspendue, comme si le temps lui-même se faisait pause, absorbé par le mystère de la résurrection.
Ce jour sacré, au-delà des traditions et des rites, incarne une révolution cosmique, une rupture radicale avec un monde qui, depuis des millénaires, était ancré dans la logique du sacrifice et du sang. Mais voilà qu’un événement inédit se produit : un homme, mort sur une croix, se relève. La mort, jusque-là omnipotente, est vaincue. Ce n’est plus par la violence des sacrifices anciens que l’Homme trouve la rédemption, mais par un amour infini, un amour qui se donne, se sacrifie, puis se relève pour offrir au monde une vie nouvelle.
Ce Lundi de Pâques s’inscrit ainsi comme un prolongement discret mais puissant de cette révolution intérieure, un appel silencieux à vivre dans la lumière éclatante de la résurrection. Ce jour ne se contente pas de célébrer un événement historique ; il est un moment de communion profonde, un réveil spirituel, une invitation à rejoindre la transcendance qui, désormais, éclaire tout l’univers. À travers ce Lundi sacré, l’humanité est invitée à se détourner des ombres du passé pour marcher dans la clarté d’un monde régénéré par le Christ ressuscité. Il est l’un des plus puissants rappels
de notre dignité humaine, enracinée dans une espérance que ni les empires, ni
les marchés, ni les hommes de mauvaise volonté ne peuvent éteindre.
Le Lundi de Pâques marque surtout un tournant décisif dans l’histoire spirituelle de l’humanité, une rupture profonde avec les anciennes coutumes du monde hébreu, où la vie était régie par le sacrifice et le sang. Dans la tradition juive, la rédemption passait par des rites sacrificiels, où le sang des animaux symbolisait la purification et le pardon des péchés. Cependant, la Résurrection du Christ inaugure un nouveau temps, un passage de la mort à la vie, où le sacrifice ultime ne se mesure plus en sacrifices sanglants, mais en l’amour total d’un Dieu qui se donne pour le salut du monde. Le Christ, en ressuscitant, implore l’humanité de vivre non plus dans l'ombre des sacrifices passés, mais dans la lumière éclatante de Sa Résurrection. Il invite à une nouvelle communion, non plus fondée sur des rites extérieurs, mais sur une transformation intérieure, une réconciliation avec Dieu et les hommes, rendue possible par le triomphe sur la mort. Ce Lundi de Pâques rappelle ainsi aux chrétiens que la rédemption ne réside plus dans la violence des sacrifices humains, mais dans l'amour rédempteur du Christ vivant, qui nous ouvre les portes d'une vie nouvelle, illuminée par Sa lumière et Sa paix.
Sachez aussi que l'œuf, symbole universel de la vie et de la renaissance, trouve en Pâques une résonance particulière, empreinte de mystère et de profondeur. Dans de nombreuses traditions ésotériques et spirituelles, l'œuf est considéré comme l'image même de l'origine, du commencement de l'univers. Il renferme en lui une dualité fascinante à la fois fragile et porteur d'une puissance créatrice incommensurable. Dans ce contexte chrétien, l'œuf de Pâques devient un puissant symbole de résurrection, représentant le passage du chaos à l'ordre, de la mort à la vie. Tout comme la coque de l'œuf, qui protège la vie nouvelle en gestation, l’âme humaine est parfois confinée dans les apparences et la matérialité du monde sensible. Cependant, elle porte en elle un potentiel transcendant, une force divine prête à éclore, à se libérer des limitations terrestres. La résurrection de Jésus, célébrée par Pâques, est ainsi l’incarnation de cette ouverture, de cette libération, où l'esprit s’élève au-delà de la mortalité. L'œuf, dans sa simplicité et son mystère, nous rappelle que chaque moment de souffrance, chaque période de ténèbres, porte en elle la semence de la lumière à venir. Par son éclatement, l'œuf annonce le renouveau, un cycle perpétuel de destruction et de création, où la vie se réinvente constamment. Il est le symbole de l’éveil spirituel, de la possibilité de renaître, de transcender nos limitations humaines pour atteindre la dimension infinie de l'âme.
Notez aussi que le pluriel de "Pâques" n'est pas le fruit d'une pluralité de dates, mais résulte d’une distinction linguistique et théologique importante. En français, on différencie la Pâque juive (ou Pessa'h), qui commémore la sortie d'Égypte et la libération des enfants d'Israël, et la fête chrétienne de Pâques, qui célèbre plusieurs événements allant de la dernière Cène instituant l'Eucharistie à la Passion du Christ, ainsi que sa Résurrection. De plus, cette fête chrétienne se réfère également au passage du peuple hébreu à travers la mer Rouge, un élément fondamental de l'Ancien Testament qui est lu lors de la Veillée pascale. C’est seulement à partir du XVe siècle que la langue a marqué cette distinction sémantique par la graphie de Pasque (ou Pâque) pour la fête juive et Pasques (ou Pâques) pour la célébration chrétienne. Cette distinction justifie donc l'usage du pluriel Pâques, qui ne renvoie pas à une pluralité de dates mais à la richesse théologique et symbolique de la fête chrétienne face aux célébrations archaïques que le Christ est venu abolir par son sacrifice.
Ainsi, le Lundi de Pâques n’est pas simplement un jour férié, mais un acte de résistance spirituelle, un défi lancé à l’oubli du Divin et à l’oubli de l’Homme. Dans un monde moderne ivre de vitesse et de bruit, où l’on cherche sans cesse à aller de l’avant sans prendre le temps de s’arrêter, ce jour se dresse comme un rappel incontournable que la Résurrection n’est pas un simple événement symbolique ni une métaphore d’optimisme passager. Pour les chrétiens, la Résurrection est un fait historique, spirituel et cosmique, un bouleversement qui dépasse tout entendement humain. Ce qui s’est produit dans le tombeau du Christ n’est pas seulement le relèvement d’un homme, mais la régénération de la chair du monde entier. La Résurrection est un appel à l’humanité tout entière, une invitation à se souvenir de sa transcendance, à se reconnecter à sa véritable vocation, celle d’être un être créé pour la lumière, pour la vie éternelle, et non pour l’éphémère. Ce jour marque donc un retour à l’essentiel, une redécouverte de l’humanité dans toute sa profondeur spirituelle.
Ce jour est le prolongement
silencieux mais brûlant de la Résurrection. Il est le souffle après le cri, la
paix après la déchirure, la lumière qui s’attarde après que la pierre a roulé.
Là où le dimanche de Pâques proclame le miracle de la victoire sur la mort, le
lundi vient l’incarner dans le temps, dans le quotidien, dans la lente reprise
de souffle de l’humanité rachetée. Il nous réveille d’un profond sommeil et
nous rappelle que l'homme n'est pas fait pour une existence de
"rentabilité". Il est fait pour l’infini, pour la communion avec
Dieu, pour l’amour et la vérité. Et ce jour nous rappelle que nous ne sommes pas faits pour la consommation mais pour la communion. Nous ne sommes pas faits pour disparaître dans la foule anonyme du monde, mais pour être appelés chacun par notre nom, comme le Christ a appelé Marie près du tombeau. Le Lundi de Pâques est un sanctuaire dans le temps, une halte sacrée pour se rappeler que notre vocation n’est pas de survivre, mais d’aimer, de ressusciter, de régner avec Lui.
C’est un acte de foi, mais aussi de combat. La Résurrection du Christ est bien plus qu’une simple victoire sur la mort ; elle est la révolution d’un ordre nouveau qui transfigure l’existence humaine elle-même. Ce n’est pas la révolution des armes, des idéologies ou des hommes qui cherchent à renverser l’ancien pour imposer un nouveau pouvoir. Non. C’est une révolution intérieure qui bouleverse le cœur de l’Homme et l’invite à réinventer sa relation au monde et à Dieu. Une révolution silencieuse, pacifique mais ô combien puissante. Car cette révolution Christique ne détruit pas pour reconstruire selon des principes d’un autre âge ou d’un autre pouvoir humain ; elle "relève", elle redonne sens, elle restaure l’humanité dans son sens profond. Elle réconcilie le Créateur et la création. Par le Christ ressuscité, le monde ne se voit pas effacé ou nivelé. Il est révélé dans sa beauté originelle, un monde transformé par l’amour, capable de porter en lui la lumière éternelle, de marcher dans la vérité.
La Résurrection est donc un combat spirituel qui s'oppose, non pas à des forces extérieures visibles, mais aux puissances invisibles qui gouvernent actuellement les cœurs humains comme le péché, l'orgueil, l'égoïsme. Elle s’attaque à l’essence même du mal qui structure la société moderne, où l’Homme se voit réduit à un simple instrument de production et de consommation, un pion dans la grande machination du marché et des pouvoirs financiers. Ce jour n'est donc pas seulement un souvenir, il est une invitation à remettre l'Homme à sa place. Non pas comme une pièce détachée d’une mécanique froide, mais comme un être sacré, destiné à participer à un projet Divin d'amour et de rédemption. En Jésus-Christ ressuscité, c’est l’homme qui est relevé, la femme qui est réhabilitée, la création tout entière qui est réorientée vers sa fin véritable entrant dans la communion avec Dieu. Le Christ est entré dans la mort pour en briser les verrous de l’intérieur, et Il en est ressorti non pas seul, mais en entraînant derrière Lui toute la procession du vivant. Grâce à lui Dieu est sorti du temple et s’est installé parmi les hommes. Ce jour est donc l’écho du cri de Marie-Madeleine : « Il est vivant ! », et le début d’une nouvelle genèse. Le tombeau vide est le nouveau jardin d’Éden, sanctifié par les larmes, habité par la promesse.
Face au mondialisme meurtrier, cette idéologie qui nie les peuples, les traditions, les âmes, et qui réduit l’Homme à une variable économique, le Lundi de Pâques se dresse comme un symbole chrétien de joie vivante. Il vient rappeler que le salut de l’humanité ne se trouve pas dans les promesses du mondialisme. Il ne viendra ni des technocrates, qui cherchent à rationaliser et dominer tous les aspects de la vie humaine, ni des banquiers, qui mesurent la valeur de l’Homme en termes d’objectifs financiers, ni des algorithmes, qui prétendent tout prédire et tout calculer. Le salut vient d’un Dieu crucifié, ressuscité, vivant, un Dieu qui ne cherche pas à contrôler mais à libérer, un Dieu qui, en mourant, a pris sur Lui tout ce qui condamne l’humanité pour la rétablir dans sa dignité véritable. Le mondialisme tue tout ce qu’il approche. Il tue les corps par la guerre, l’exploitation et la faim. Il tue les âmes par la distraction, le relativisme, la corruption et l’oubli de Dieu. Mais le tombeau vide du matin de Pâques, prolongé dans le silence du lundi, vient briser les chaînes visibles et invisibles de ce monde artificiel, créé par des hommes malsains. Il proclame que la mort elle-même est vaincue, et que le pouvoir illusoire de ce monde, aussi écrasant semble-t-il, est déjà condamné. Là où le monde prêche l’éphémère, Pâques proclame l’éternité. Là où le système veut fabriquer des esclaves dociles et déracinés, la Résurrection rend à l’Homme sa royauté spirituelle, son identité divine, son appel à la liberté véritable. Et le monde moderne dirigé par des démons, avec ses promesses de progrès et de prospérité, veut nous faire croire que tout se résume à la gestion des ressources, à l’optimisation des performances, à la maximisation du profit. Mais face à ce monde qui oublie l’humain, qui oublie l’essentiel, ce Lundi de Pâques est un acte de résistance spirituelle. Ce jour nous rappelle qu’aucune technologie, aucun progrès humain, aucune logique marchande ne pourra jamais combler le vide de l'âme, le désir d’éternité qui est inscrit au fond de chaque être humain. Ce vide ne peut être rempli que par la Résurrection, par la vérité de la Vie qui jaillit du tombeau et qui éclaire le monde.
Voilà pourquoi ce jour est si dérangeant pour le monde des ténèbres, de l’argent, du matérialisme insufflé par la synagogue rebelle ne vivant que du chaos. Il refuse la logique de la production, il brise le rythme de l’économie déifiée, il parle de résurrection là où l’on prêche l’oubli, de salut là où l’on vend le désespoir. Il nous arrache à la logique de la mort programmée pour nous réinscrire dans l’Histoire éternelle. C’est pour cela qu’il est urgent, aujourd’hui plus que jamais, de redonner au Lundi de Pâques sa véritable signification puisqu’il est le commencement discret mais inébranlable d’un monde nouveau, celui du Christ Roi, Lui qui a vaincu le monde non par la force, mais par l’amour jusqu’à la croix. Ainsi, célébrer le Lundi de Pâques, c’est refuser de plier le genou devant Mammon, c’est redire que l’Homme n’est pas un rouage dans une machine, mais un mystère aimé de Dieu. C’est, dans le vacarme du monde, qu'il faut écouter encore la voix douce et puissante de Celui qui a dit : « Que la paix soit avec vous ! », et qui l’a prouvé en triomphant du néant.
C’est un acte de foi, mais aussi de combat. Car dans la Résurrection, il y a une force révolutionnaire qui défie les principes mêmes du monde tel qu’il est aujourd’hui. Cette force n’est pas celle des révolutions humaines, qui cherchent à renverser par la violence ou l’anarchie, mais celle qui transforme, qui relève et qui révèle. Elle ne nivelle pas les âmes, mais les élève. La Résurrection n’écrase pas la création pour la reconstruire à l’image de l'Homme, elle l’éveille et lui redonne sa vérité originelle. Elle n’abolit pas les différences, mais réconcilie les opposés dans une unité plus grande, plus profonde. Et ce que nous célébrons en ce Lundi de Pâques, c’est un bouleversement total. Car ce jour nous invite surtout à un combat
plus profond que celui de vivre dans un monde dominé par les mécanismes de la
consommation et de la manipulation, selon un ordre qui dépasse les systèmes
humains. La Résurrection redonne au chrétien une mission révolutionnaire de
réécrire l’Histoire, de redonner sens à ce qui semble désormais une fuite en
avant sans fin, de rappeler l’humanité à son appel à la sainteté et à la
liberté véritable. Il n’y a pas de plus grande révolution que celle qui
consiste à marcher dans la lumière du Christ ressuscité, à vivre non pour
soi-même mais pour Celui qui nous a créé et qui nous appelle à la vie
éternelle.
Ainsi, le vrai combat est celui de la Croix, qui abolit le pouvoir de la violence, du désespoir et de la consommation, et qui ouvre les portes du royaume de Dieu. Ce Lundi de Pâques est un appel à redécouvrir que l’Homme n’est pas une simple machine, un numéro dans un système économique ou technologique. L’Homme est un fils de Dieu, appelé à la liberté, à l’amour, à la vie éternelle. La Résurrection du Christ nous rappelle que le monde ne sera pas sauvé par des forces humaines, par des stratégies économiques, ou par des technologies prétendant offrir le bonheur. Le salut ne vient pas de l’édification d’une tour de Babel moderne, mais du Christ crucifié, ressuscité, vivant. C’est un appel puissant à revenir à l’essentiel et à chercher la rencontre vivante avec Celui qui est le Chemin, la Vérité et la Vie.
Ce jour est un donc acte de résistance, une défiance contre l’éphémère et un retour vers l’éternité, un souffle de paix dans un monde étouffé par le bruit et l’agitation. En célébrant ce Lundi de Pâques, nous redécouvrons que la victoire du Christ ne se résume pas à un événement lointain, mais qu’elle est vivante, ici et maintenant, en chacun de nous. C’est dans cette lumière que nous sommes invités à marcher, non comme des êtres perdus, mais comme des enfants de la Lumière, appelés à réécrire l’Histoire du monde avec l’encre de la Résurrection.
Phil BROQ.
Billet tres bien ecrit comme d ordinaire ,qui mérite de nous rappeler que nous sommes enfants de la lumière et que nous méritons d'exister .Merci cher Phil pour ce rappel rempli de finesse.
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